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Analyse de la BD Le petit prince

Commentaire d'oeuvre : Analyse de la BD Le petit prince. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Mars 2017  •  Commentaire d'oeuvre  •  6 661 Mots (27 Pages)  •  1 669 Vues

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Il y existe un lien étroit entre bande dessinée et littérature. En effet, la bande dessinée se construit selon un récit, une narration, ce qui l’assimile indubitablement à la littérature. Afin de traiter et d’analyser les liens entre bande dessinée et littérature, nous allons donc étudier l’adaptation de la littérature classique en Bande dessinée. Adapter, c’est transposer une œuvre d’un genre à un autre. Cette transposition peut se faire tant sur le fond, c’est à dire le contenu, l’esprit, que sur la forme, les techniques utilisées, la représentation de l’univers psychique de l’auteur du roman en dessin.

L’adaptation d’un roman en bande dessinée a de nombreuses visées. Cela peut être un mode d’approche pédagogique pour introduire les enfants à la littérature, ou plus généralement permettre à un plus grand nombre de personnes de découvrir l’univers d’auteurs qu’ils n’auraient pas approché sans l’aide de la bande dessinée (c’est le cas de la collection “Romans de toujours” de Vents d’Ouest). Ce type d’adaptation cherche à rester la plus fidèle au roman, tandis que d’autres auteurs choisissent de s’éloigner plus du texte. L’adaptation est présente depuis le XXème siècle, avec par exemple l’adaptation du roman d’Alfred de Vigny, Cinq-Mars, faite en 1954 par René Giffey. Les adaptations à cette époque ont un objectif surtout didactique, elles sont fidèles au texte et représentatives de l’œuvre originale. C’est en 1980 que Philipe Druillet va changer la conception de l’adaptation littéraire en bande dessinée avec Salammbô, d’après le roman éponyme de Flaubert, œuvre qui délaisse un peu plus l’œuvre originale pour créer une nouvelle œuvre à part entière, pour émanciper l’adaptation grâce à un changement de contexte, de narration et des choix esthétiques nouveaux.

Nous avons choisi pour développer cette analyse l’œuvre de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, publiée en 1943. Adaptée dans de nombreux domaines (autant au théâtre, cinéma, qu’en opéra ou en dessins animés), cette œuvre est une œuvre marquante du XXe siècle et a gardé jusqu’à aujourd’hui sa magie et sa popularité. En apparence destiné aux enfants par son langage simple, le roman s’adresse en fait à tous les publics, en tant que conte poétique ou philosophique, dont le message serait pour les adultes de ne jamais oublier leur âme d’enfant, de ne pas se prendre au sérieux. Il est intéressant de comparer cette œuvre à ses adaptations en bande dessinée en vue de son public très large et de sa narration très particulière qui rend ce roman si original, en plus du fait que le roman contient déjà des illustrations tracées par la main de l’auteur. Pour les adaptations, nous avons choisi le premier tome, de la collection Petit Prince, publié chez Glénat, avec un scénario de Guillaume Dorison et des dessins de Didier Poli, ainsi que le Petit Prince de Joann Sfar, publié chez Gallimard, collection Fetiche.

Pour effectuer notre analyse des trois œuvres en parallèle, nous devrons aborder la question de fond, qui concerne le message porteur des œuvres, ou comment l’auteur de la bande dessinée s’est emparé de l’essence des mots de l’écrivain qu’il adapte, autant que la question de forme, c’est-à-dire les dessins des vignettes, la mise en page, ou comment l’adaptation a su capter, utiliser l’univers qui se dégageait du roman pour le mettre en images. L’adaptation s’articule autour de la cohérence, du déroulement du récit, c’est-à-dire du système narratif. L’intérêt est donc de voir comment un auteur de bande dessinée va exploiter l’histoire de l’auteur originel du roman, comment il va transcrire l’univers qui découle des mots vers un univers directement visuel. Ainsi s’intéresser à la transposition du fond et de la forme, c’est se demander comment les images psychiques, qui se créent grâce au roman, se transforment en les images matérielles qui sont élaborées par l’auteur de bande dessinée.

Notre analyse se développera premièrement autour des similarités et différences qui concernant la monstration et la narration. Ensuite, nous approfondirons l’analyse en étudiant le message de chacun des auteurs, quel sens portent chacune des œuvres, puis nous verrons la question de l’intérêt des adaptions, ce qu’elles peuvent apporter ou ce qui ne fonctionne pas.

Pour débuter notre analyse, nous pensons important de voir ce qui différencie ou rapproche chacune des adaptations de l’œuvre première. Notre comparaison s’effectuera tout d’abord concernant la narration.

Le narrateur du Petit Prince de Saint-Exupéry est l’aviateur (qui est l’auteur qui se met en scène). C’est lui qui va raconter son histoire et développer parallèlement l’histoire du Petit Prince, à la première personne, point de vue interne.

Dans l’œuvre de Saint-Exupéry, la narration se développe surtout autour des dialogues, c’est le mode qui domine dans l’œuvre. Les dialogues s’effectuent entre l’aviateur, qui est le narrateur, et le Petit Prince. Il y a ensuite des dialogues entre le Petit Prince et sa fleur, le Petit Prince et les habitants des astéroïdes, ainsi que les habitants de la Terre. Le fait que les dialogues dominent rend le récit plus spontané et naturel, facile à lire.

La description des astéroïdes est de fait assez succincte, car chaque astéroïde représente en fait l’esprit des personnages, qui se dévoile par le dialogue. Ce qui est intéressant, c’est que Saint-Exupéry, plutôt que de décrire des lieux, les a dessinés directement.

Le texte de Saint-Exupéry semble très intéressant à adapter en bande dessinée, car les images psychiques que se forment les lecteurs à partir de la lecture se font surtout à partir des dialogues, et des dessins présents (dessins qui peuvent néanmoins être un frein à l’adaptation, car les images psychiques peuvent être trop précises et limiter le choix du dessinateur).

Ainsi l’adaptation de Joann Sfar, pour un style classique et très respectueux de l’œuvre de Saint-Exupéry. En effet, Joann Sfar ne touche quasiment pas au texte, aux dialogues du livre. De fait le schéma narratif et actanciel, le narrateur (l’aviateur, c’est à dire l’écrivain), la proportion de dialogues sont les mêmes. Seuls quelques passages diffèrent, comme au début de la bande dessinée (pages 1,2, 3, fig.1), où l’aviateur converse avec la fumée de sa cigarette qui s’avère être un boa, jusqu’au moment où ce dernier dit qu’ ”on ne devrait pas fumer dans un ouvrage destiné à la jeunesse”. L’auteur prend quelques initiatives afin de donner plus de poids, de modernité et de sens à ses dessins (page 41, fig.2) en ajoutant des pensées au Petit Prince tandis qu’il accomplit quelques actions (“je t’enlève les pousses de baobabs”, “je te mets à l’abri”, “je ne reviendrai jamais”). Ainsi le lecteur, plutôt que de lire certaines péripéties comme si elles étaient racontées par le Petit Prince à l’aviateur, qui lui même les raconte au lecteur, semble les vivre plus directement, c’est à dire comme spectateur direct de l’action (même si ces actions restent des souvenirs du Petit Prince, elles en ont moins l’étoffe). Cela décomplexifie la narration et enlève une dimension très nostalgique au Petit Prince, au profit de plus de candeur et plus de puérilité dans le langage dans la manière dont sont racontées les péripéties.

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