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Pelerinage Sur L'ile De Cythere

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Par   •  4 Mars 2013  •  7 102 Mots (29 Pages)  •  982 Vues

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Introduction

Présentation du peintre :

Jean Antoine Watteau est né à Valenciennes en 1684 ; on sait très peu de choses de sa biographie : il semble avoir eu une enfance malheureuse sous l’autorité de son père, couvreur-charpentier ivrogne et brutal ; à 18 ans il est apprenti chez un peintre qui travaille pour des décors de théâtre et qui est appelé à Paris en 1702 pour travailler à l’Opéra ; Watteau le suit et le quitte quelque temps après pour entrer dans l’atelier de Claude Gillot, peintre spécialisé dans les sujets de la Comédie-Italienne et du théâtre de foire.

Après une brouille avec son maître, il devient l’élève du décorateur Audran, conservateur du Musée du Luxembourg, où Watteau peut contempler des toiles de peintres qui l’influenceront considérablement : Rubens, Le Titien, Véronèse.

En 1717, il est élu membre de l’Académie de peinture comme " peintre de fêtes galantes " et connaît alors une certaine notoriété. Il voyage un peu, notamment en Angleterre, mais meurt précocement en 1721.

Présentation de l’œuvre :

Watteau travaille beaucoup, et se spécialise dans deux thèmes : le théâtre et les fêtes galantes. D’après le dictionnaire de Furetière en 1690, la fête galante est une " réjouissance d’honnêtes gens " : Watteau, qui en a peint de nombreuses, représente des couples dans des parcs, occupés à faire la belle conversation, assis ou en se promenant, à danser, à jouer ou écouter de la musique. Il mêle parfois ses deux thèmes de prédilection, la fête galante et le théâtre, comme c’est le cas dans " L’amour au théâtre italien " (Berlin), " La partie carrée " (San Francisco), " La Finette " (Louvre).

Les frères Goncourt (romanciers naturalistes amis de Zola), qui redécouvrirent Watteau à la fin du 19°, alors que la peinture du 18° était délaissée par la majorité, parlent ainsi de Watteau : " …le maître des sérénités douces et des paradis tendres, dont l’œuvre ressemble aux Champs Elysées de la passion. Watteau, le mélancolique enchanteur qui met un si grand soupir de nature dans ses bois d’automne pleins de regret autour de sa volupté songeuse ! ". " Sérénités douces ", " paradis tendre " " volupté ", " enchanteur " d’une part ; " mélancolique ", " soupir ", regret ", " songeur " d’autre part : l’ambivalence de l’œuvre de Watteau est joliment soulignée ; Verlaine l’a vu ainsi, et l’exprime très nettement dans " Clair de Lune ", dont les personnages semblent osciller entre joie et mélancolie ; le poète joue également sur d’autres ambivalences qui font la richesse de son " paysage choisi " inspiré de Watteau.

Présentation du tableau :

Ce tableau fut celui que Watteau présenta pour postuler à l’Académie royale de peinture et de sculpture, en août 1717 (ce qu’on appelait son " morceau de réception ").

On peut donc considérer qu’il s’agit du chef d’œuvre du peintre (au sens propre du chef d’œuvre de l’apprenti du tour de France qui fait montre de sa maîtrise).

L’illustre institution lui avait demandé un tableau depuis 1712 (on ignore les raisons du long retard de Watteau pour livrer le tableau, dont on sait qu’il a été peint en huit mois), le laissant libre de choisir le sujet, ce qui était très rare ; on ne sait s’il faut comprendre que l’Académie faisait ainsi honneur au talent du peintre ou si, déroutée par les sujets le plus souvent pratiqués par Watteau, théâtre et fêtes galantes, elle ne savait pas trop dans quelle catégorie les faire entrer ; en tout cas, le tableau est enregistré par l’Académie comme une " feste galante ".

Le tableau s’appelle aujourd’hui, " Pèlerinage à l’Isle de Cythère " : dans l’acte d’enregistrement du tableau par l’Académie, ce titre est indiqué (c’est donc le titre que lui donna Watteau), mais barré et remplacé par " une fête galante " ; l’Académie refusa donc le premier titre : l’explication proposée aujourd’hui est que la mention de Cythère, île mythologique, semblait reconnaître un sujet mythologique à l’œuvre, et risquait de faire entrer le peintre dans la catégorie de peintre d’histoire, la plus prestigieuse : les membres de l’Académie pensaient sans doute que cela ne correspondait pas aux légers sujets galants qu’il traitait. A la fin du 18° le tableau fut rebaptisé et garda jusqu’en 1961 le titre : " Embarquement pour Cythère " ; depuis, il a repris son titre d’origine.

Cette œuvre passa directement des collections de l’Académie à celles du Museum central des arts, créé par la Convention, puis à celles du Louvre.

Son succès fut immédiat ; Watteau en fit plus tard une réplique qui est aujourd’hui à Berlin, toujours appelé " L’Embarquement pour Cythère ", et qui diffère sensiblement du tableau du Louvre.

Pour les frères Goncourt ce tableau est " le chef d’œuvre des chefs d’œuvre français " ; pour le grand peintre impressionniste Monet, c’est le plus beau tableau du Louvre avec ceux de Véronèse (peintre vénitien du 16°). Quant à Verlaine, nul doute qu’il pensa à ce tableau parmi d’autres de Watteau lorsqu’il écrivit ses Fêtes galantes.

Problématique

C’est sur les ambivalences mises en valeur par Verlaine et caractéristiques de beaucoup de tableaux de Watteau, dont celui-ci, que nous nous pencherons : le genre de la fête galante, qui est aussi un thème, est par nature dévoué à l’amour et à la douceur de vivre : il peint la douceur de vivre, ou du moins la vision qu’en avait l’époque où il fut peint ; nous verrons comment le tableau dit à la fois " l’amour vainqueur et la vie opportune " et toute la nostalgie de personnages qui " n’ont pas l’air de croire à leur bonheur " ; et aussi comment d’autres ambiguïtés se rencontrent mystérieusement dans un tableau qui fascine justement parce qu’on ne peut lui imposer une interprétation univoque- de même que " l’âme " chantée par Verlaine fascine parce qu’elle est aussi complexe, mouvante et plurielle que le " paysage choisi " auquel elle est identifiée.

Méthode

Examen méthodique thématique du tableau, comme pour un texte.

I. Le tableau renvoie aux idéaux de " L’esprit

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