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La politique des auteurs depuis Giraudoux et Expressionnisme allemand

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Par   •  4 Juin 2018  •  Dissertation  •  1 861 Mots (8 Pages)  •  664 Vues

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ESTHETIQUE DU CINEMA

 Question 1 (2500 signes)

Dans un article paru dans le numéro 44 des Cahiers du cinéma (juin 1955), Ali Baba et la politique des auteurs, François Truffaut soutient ce qui constitue le théorème de la politique des auteurs : « il n’y a pas d’oeuvre, il n’y a que des auteurs. »

Contrairement à ce que prétend Truffaut, cette formule n’est ni fidèle à la lettre du texte de Jean Giraudoux ni à son esprit. Après avoir rappelé les références du texte de Giraudoux, vous direz ce qui oppose ces deux conceptions de l’auteur et de l’oeuvre.

        François Truffaut s’impose dans la théorie du cinéma en prenant la place de pionnier et fondateur de la politique des auteurs au travers d’un manifeste du nom de Ali Baba et la politique des auteur qu’il rédige à l’occasion de la sortie du film de Jacques Becker Ali Baba et les quarante voleurs. Cet article issu des Cahiers du Cinéma demeure le texte sur lequel repose toute la structure de ce mouvement théorique et toute sa conception. Il reprend ainsi une formule de Jean Giraudoux, « il n’y a pas d’œuvre, il n’y a que des auteurs ».

        Giraudoux, écrivain et diplomate, se prononce dans son roman de 1922 Siegfried et le Limousin en disant que l’Allemagne abritait beaucoup de «  pèlerinages autour d’écrivains sans productions et de peintres sans tableau ». Il poursuit sa réflexion sur ces mots que Truffaut détourne, « Il n’y a plus d’œuvres, ou à peu près dans ce pays ; il n’y a plus que des auteurs ». Par ces termes, Giraudoux soulève la valorisation des auteurs au détriment de leurs œuvres. En effet, d’après l’essayiste l’Allemagne a pris la fâcheuse tendance de louer les artistes sans pour autant prendre compte de leurs œuvres. Il serait possible de devenir un auteur sans pour autant écrire. L’homme prévaut sur toutes ses créations et prend de l’importance par sa représentation et son paraître en public et non plus par ses écrits. Giraudoux déplore ce terrible constat dès le début des années 1920 et le manifeste dans son roman.

Ainsi, Truffaut préserve cette formulation tout en détournant son sens originel. D’après lui, la notion manichéenne du « bon » ou du mauvais » ne signifie rien et ne doit pas interférer dans l’analyse critique de cinéma. Il ne se rattache pour son jugement qu’à un seul critère : c’est un film d’auteur ou un film sans auteur. Son choix pour Ali Baba et les quarante voleurs s’expliquent par : c’est un film de Jacques Becker. Ainsi, ce film s’octroie le droit de faire partie des films d’auteurs, Truffaut ayant la plus grande considération pour le réalisateur connu notamment pour des films comme Casque d’Or avec Simone Signoret. Becker devient aux yeux de Truffaut un auteur.

Truffaut par cette mouvance accorde du crédit à la pensée que le cinéma ne mérite son titre d’art que par la volonté du cinéaste. En effet, ce n’est plus l’œuvre qui dirige la notion d’art mais l’artiste qui la façonne pour qu’elle devienne objet d’art. Il est impératif que ces cinéastes veillent à l’imprégnation de leur point de vue et leur manière de penser dans ces œuvres. Ces dernières se doivent de renvoyer leur propre point de vue affirmant ainsi une certaine responsabilité morale. Ainsi, d’après cette politique des auteurs, le critique de cinéma se veut comme analyste qui décortiquerait les fondations et les liens qui rattachent l’ensemble des films d’un cinéaste. L’ensemble d’une carrière est alors démantelé et distillé afin de mieux comprendre les opérations des réalisateurs et leurs conceptions.

        Truffaut ainsi se détache du propos de Giraudoux. Pour l’écrivain, une œuvre désignait la production et l’artisanat d’un auteur, or, il découvre que cette notion disparait au profit de l’édification de mythes autour des auteurs qui deviennent des personnages emblématiques de la société. De plus, il déplore le caractère éphémère de cette manière de faire car les artistes contrairement à leurs œuvres ne sont pas éternelles. Le rédacteur des Cahiers du Cinéma appuie son argumentation sur la littérature, rival proéminent du cinéma tout en remaniant les sens.

Question 2 (5000 signes)

Dans un article publié le 30 juillet 1922 dans le Berliner Börsen-Courier, Expressionismus im Film, Robert Wiene considérait que : « Asking what role expressionism has to play in film is tantamount to asking what film has to do with art ».

Comment expliquez-vous la position esthétique de Robert Wiene ?

        Alors que Giraudoux publiait son roman Siegried et le Limousin en 1922, Robert Wiene s’exprimait dans un article du Berliner Börsen-Courier sur la mouvance expressionniste au sein de la cinématographie. A cette époque, l’expressionnisme connait plusieurs querelles et débats quant à son association à la notion d’une nouvelle esthétique cinématographique. De plus, son film Le Cabinet du docteur Caligari, sorti en 192O, qu’il revendiquait comme expressionniste se plonge dans les mêmes polémiques. Bien qu’actuellement, officialisé comme un film pionnier et édificateur du genre, cette œuvre de Wiene n’était pas adulé à sa sortie en salles, bien au contraire.

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