Switzerland 1798-1848

Ce texte est un extrait du Livre VI de l'ouvrage de Polybe Histoires, rédigé au IIe siècle avant J-C. lors de la captivité de l'auteur à Rome entre 167 et 149 av. J. C. Dans les fragments conservés du Livre VI, Polybe décrit les institutions militaires et politiques de la République telles que, selon lui, elles étaient en 216 av. J. C. On ne donne ici que les chapitres qui concernent les institutions politiques

Polybe (vers 208 – vers 120 av. J. C.), originaire de Mégalopilis en Arcadie, issu d'une famille célèbre, fit partie des mille otages que Rome, forte de sa victoire à Pydna (168 av. J. C.), exigea en gage de la fidélité des cités de la ligue Achéenne aux Romains. Pendant son séjour forcé à Rome qui dura 17 ans, Polybe devint familier de plusieurs familles de la nobilitas romaine (notamment des Cornelii Scipiones) et il put apprendre à connaître le fonctionnement de la république impériale. Impressionné par la constitution romaine, qu'il observe avec un regard étranger, Polybe livre une analyse en langue grecque de celle-ci à partir de ses catégories politiques pour tenter de comprendre les raisons de la domination romaine à cette époque

En effet, après avoir conquis l'Italie en 272 avec la prise de la colonie grecque de Tarente, Rome se lance dans la conquête de territoires en dehors de l'Italie avec un succès étonnant pour les observateurs de l'époque, qui voient émerger une nouvelle puissance hégémonique en Méditerrané, jusqu'alors relativement négligeable. Durant les trois guerres puniques qui opposent Rome et Carthage, la cité conquiert la Sicile en 241 av. J. C., la Corse et la Sardaigne en 230, l'Espagne en 197, l'Afrique du nord en 146, territoires qui deviennent alors des provinces romaines. En parallèle, Rome déclare la guerre aux Grecs et réduit sous sa domination la Macédoine en 148 av. J. C. Ainsi, au milieu du IIe siècle av J. C., Rome domine l'ensemble du pourtour méditerranéen . Or comme le constate Polybe, les succès militaires romains trouvent leur cause dans la constitution romaine, c'est-à-dire dans le partage des pouvoirs politiques

Polybe mobilise les catégories politiques grecques de son temps, développées notamment par Aristote, pour analyser les institutions romaines. Il constate en effet que Rome n'est ni proprement une monarchie, c'est-à-dire un régime où le pouvoir politique est concentré dans les mains d'un seul, ni proprement une aristocratie, c'est-à-dire un régime où le pouvoir politique est entre les mains d'une minorité, ni proprement une démocratie, c'est-à-dire un régime politique où le pouvoir appartient au peuple. La république romaine est un mélange équilibré de ces trois formes de gouvernement, conduisant à ce qu'il désigne sous le nom de « gouvernement mixte ». L'imperium consulaire, l'autoritas sénatoriale et les institutions populaires se balancent mutuellement, pour former un équilibre constitutionnelle dans lequel chacun des pouvoirs collaborent. Consulat, Sénat et Comices sont en synergie, permettant à la république romaine d'être harmonieuse selon Polybe

Dans quelle mesure la constitution de la République romaine, que Polybe qualifie de « gouvernement mixte », forme-t-elle un parfait équilibre des pouvoirs selon l'auteur?5

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