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Mégara Hyblaea

Étude de cas : Mégara Hyblaea. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Novembre 2023  •  Étude de cas  •  4 434 Mots (18 Pages)  •  70 Vues

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LESPAGNOL                                                                                                                                   L1 TD1 Clément

Mégara Hyblaea

« Ils y vécurent pendant deux cent quarante-cinq ans, jusqu’au moment où, expulsés, par Gélon, tyran de Syracuse, ils durent abandonner leur ville et quitter la région ». Cette phrase nous est tirée du livre VI, tome 4, de La guerre du Péloponnèse composée par l’athénien Thucydide (né vers 460 av. J-C et mort entre 400 et 395 avant notre ère), principale œuvre littéraire de ce dernier. La citation employée illustre la brève période de prospérité attribuée à Mégara Hyblaea. Bien qu’il ait connu la toute fin de l’époque archaïque, cet auteur est toutefois souvent amené à déformer l’enchainement des évènements.

Cette époque archaïque succédant aux âges obscurs, est une période historique qui débute au VIIIème siècle av. J-C pour terminer aux environs de 480 av. J-C (Vème siècle), date à laquelle les guerres médiques (révolte des cités grecques asiatiques contre la domination perse) prennent fin. De profonds changements voire de « révolutions » sont constatés durant cette période archaïque, inscrivant la naissance de la civilisation grecque. Elle voit apparaitre le phénomène de la polis (cité-Etat grecque) notamment dans le processus de colonisation grecque en Méditerranée, mais également dans la vie culturelle et intellectuelle où une évolution est observée en particulier l’alphabet grec qui progressivement sera universel à l’ensemble du monde grec. Une augmentation démographique est perçue entrainant une croissance économique, les lieux de culte comme les sanctuaires de Delphes, d’Olympie, connaissent un essor important. Au-delà du périmètre égéen et de la Grèce centrale, les grecs se projettent de plus en plus vers la mer Ionienne afin d’y assembler des colonies sur motifs commerciaux ainsi qu’entretenir un éventuel territoire emparé à un rival pour assurer une liaison entre la cité victorieuse et sa colonie.

C’est pleinement dans ce contexte d’extension du territoire grec, de diversification culturelle, politique dans la société grecque, et plus globalement de bouleversements majeurs qu’intervient l’établissement de la colonie de Mégara Hyblaea. Les propulsant dans une nouvelle ère historique, les grecs cherchent à exercer un contrôle quasi-total du pourtour de la Méditerranée et à affirmer leur développement face aux autres civilisations.

Or, tant du côté oriental (vers Pont-Euxin) qu’occidental (dans la région de la péninsule ibérique), de manière générale autour de l’arc méditerranéen, les colonies fondées par les grecs se sont vues au fil des siècles faiblir, et leur importance décliner en raison de différents facteurs. Malgré la multiplication des projets de colonisation entreprises par les institutions grecques, une part conséquente des colonies ont connu leur paroxysme en terme de prospérité, de renommée régionale, avant de progressivement basculer dans l’oubli.

C’est pourquoi ces quelques réflexions nous mène jusqu’une question qui englobe en réalité toute la surface du territoire grecque, en quoi le cas de la colonie de Mégara Hyblaea est un témoignage de la volonté grecque d’exporter son modèle à l’ensemble du monde méditerranéen ? Comment la Grèce emploie son hégémonie aux autres territoires, à travers l’implantation de colonies pouvant symboliser de nouvelles frontières du monde grec.

Ainsi des réponses seront apportées dont le type de plan opté est plutôt d’ordre thématique. Notre attention sera portée en premier lieu sur le processus de colonisation de la colonie grecque en Sicile. Dans un second temps l’accent sera porté sur les pratiques funéraires de la colonie de Mégara Hyblaea relatées par une auteure tandis que dans un troisièmement nous insisterons sur les œuvres d’art remontées par l’archéologie.

  1. Le processus de colonisation de Mégara Hyblaea

  1. Les origines de la cité

La seconde moitié du VIIIème, marquant la fin de la « période géométrique » en Grèce, inaugure le début d’un essaimage de Grecs venus de la Grèce continentale, de Cyclades ou de la Grèce d’Asie. Située à 22km au nord de Syracuse sur la côte est de la Sicile près de l’actuelle ville d’Augusta, Mégara Hyblaea est une des plus anciennes colonies grecques de Sicile et d’Italie méridionale. Deux grandes phases d’occupation ont rythmé son territoire, à l’époque archaïque (VIIIème-Vème siècle av. J-C) ainsi qu’à l’époque hellénistique (IVème siècle-IIIème siècle av. J-C). La cité aurait été, selon la tradition, fondée dans la seconde moitié du VIIIème siècle en 728 av. J-C probablement par des colons provenant de Mégare, en Attique (Grèce) menés par l’oeciste Lamis. Plusieurs auteurs dont Thucydide qui retrace dans son œuvre La Guerre du Péloponnèse, extrait du livre VI, tome 4, la complexe arrivée de ces colons en Sicile. Il mentionne de manière évasive une guerre entre les colons et Sikèles (ancien peuple de la Sicile). Le témoignage de Polyen permet cependant d’ajouter un peu de complexité et de chronologie au récit de fondation. En effet selon lui, les colons et Sikèles étaient originellement liés par un serment d’amitié et cohabitaient ensemble à Léontinoi (ville sicilienne du sud-est, sur les premières pentes des monts Hybléens). Ce terrain d’entente est toutefois perturbé par l’arrivée de colons mégariens sur le territoire de Léontinoi. Le rapport de force n’étant plus le même, ces derniers furent stipendiés par Thouclès (oeciste, fondateur de Léontinoi) et chassèrent les indigènes à sa demande. Quelques mois plus tard, les Mégariens, qui avaient pris la place des Sikèles, furent à leur tour expulsés de la cité. L’errance des colons mégariens se poursuivit jusqu’à la mort de Lamis. Ainsi, ayant fondé primitivement une cité à Trôtilon selon Thucydide, ou participé à la fondation de Naxos selon Strabon, passèrent par Léontinoi d’où ils furent finalement expulsés, et transité par Thapsos qu’il leur fallut cependant quitter à la mort de Lamis. Ce n’est qu’après toutes ces tentatives qu’ils finissent par fonder Mégara Hyblaea à l’appel du roi Sikèle Hyblon qui leur offrit un territoire où construire leur cité. Toutefois, le site constituant Mégara Hyblaea est marqué par l’ancien village néolithique, dont le fossé et le rempart devaient encore être bien visibles mais il l’est surtout par les cheminements côtiers. De plus, Mégara Hyblaea est la seule cité du monde colonial grec qui associe dans son nom l’origine des colons (Mégara Niseae) et un toponyme local, hyblaia, la Mégare du mythique roi Hyblon ou plutôt, la Mégare des Hyblaioi, que l’on fasse de ce mot un nom de peuple ou un terme géographique (les monts Hybléens).

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