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L'Amérique: Puissance du Nord, affirmation du Sud

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Par   •  13 Mars 2017  •  Cours  •  8 244 Mots (33 Pages)  •  732 Vues

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L’AMÉRIQUE : PUISSANCE DU NORD, AFFIRMATION DU SUD

  1. Le bassin caraïbe : interface américaine, interface mondiale

Situé en Amérique centrale, le bassin caraïbe est d’abord une mer qui entoure l’archipel des Grandes Antilles et des Petites Antilles et qui borde les littoraux latino-américains et nord-américains, du Venezuela jusqu’à la Floride. Interface entre Amérique du Nord et Amérique latine, mais aussi entre océan Atlantique et océan Pacifique, le bassin caraïbe est traversé par des flux intenses et variés qui renforcent l’intégration régionale et mondiale de cet espace dominé par les États-Unis mais marqué par les inégalités Nord-Sud.

En quoi la situation de carrefour du bassin caraïbe détermine-t-elle une interface à la fois américaine et mondiale marquée par une fracture Nord-Sud ?

  1. Le bassin caraïbe, entre unité et diversité

Un espace de fragmentation politique et de différences culturelles

  • Le bassin caraïbe est formé d’une multitude d’États de toutes tailles. Il comprend 38 États. Les entités étatiques sont très diversifiées, entre espaces insulaires, petits États isthmiques et grands États continentaux. L’île d’Anguilla, à l’est de Porto Rico, ne compte que 12000 habitants, alors que Cuba (11 millions d’habitants) est 100 fois plus vaste que la Martinique (400000 habitants). Le Mexique (112 millions d’habitants) est 60 fois plus étendu que le Salvador (7 millions d’habitants).
  • Des statuts politiques très variés intègrent inégalement les territoires à l’espace caraïbe. Certains États non-souverains des Antilles sont associés aux États-Unis (Porto Rico), d’autres sont dépendants d’une logique européenne telles les RUP (régions-ultra-périphérique) françaises et peu intégrées dans leur espace économique régional. Les Antilles britanniques et néerlandaises le sont davantage grâce à leurs paradis fiscaux. Parmi les nombreux États indépendants, trois font figures de géants régionaux : le Mexique, le Venezuela et la Colombie.
  • Le bassin caraïbe est aussi une mosaïque culturelle héritée de la période coloniale. Les populations autochtones amérindiennes exterminées ont laissé place à des populations d’origines diverses. Les anciennes zones d’influences coloniales espagnole, anglaise, française, néerlandaise, dessinent encore des aires culturelles nettes. On y retrouve la langue, la religion (catholicisme et protestantisme) et d’autres pratiques culturelles, sportives ou culinaires européennes. La pratique majoritaire de l’anglais puis de l’espagnol relève à la fois des héritages coloniaux et de la domination américaine.

La mer et l’histoire : deux facteurs d’intégration du bassin caraïbe

  • La mer donne son unité au bassin caraïbe. La mer, cadre naturel, joue un rôle fondamental dans les échanges et représente le facteur principal d’intégration du bassin caraïbe. La maritimisation des échanges est rendue indispensable au regard de l’insularité des Antilles. A l’échelle du continent, les archipels et l’isthme méso-américain ont pu apparaître comme deux ponts reliant les deux masses continentales américaines. Le bassin s’analyse ainsi comme un carrefour.
  • Une situation de carrefour forgée par les Européens. Arrivés à partir de 1492, ils ont donné aux Caraïbes leur première identité. Elle repose sur les intenses relations à l’échelle régionale tissées à l’époque coloniale par les explorateurs, les géographes, les militaires, les négociants, les planteurs et les esclaves. Les Européens ont créé un espace presque neuf après avoir éradiqué les Amérindiens surtout dans les îles, moins sur le continent.
  • Mais aussi une périphérie lointaine. L’abolition de la traite des Noirs et la fin des colonies au XIX° siècle marginalisent les Caraïbes aux yeux des Européens. Déjà considérées par ces derniers comme un « bout du monde », un centre de ravitaillement en épices et en sucre au temps des colonies, elles ne sont plus qu’une périphérie lointaine. L’ouverture en 1914, par les États-Unis, du canal de Panama replace le bassin dans une position de carrefour mondial mais elle montre surtout la domination des États-Unis qui se substitue à celle des Européens.

Pas de limites clairement définies mais un gradient de « caraïbéanité »

  • L’identité caraïbe est née aux Antilles. C’est là que s’exprime le mieux la « caraïbéanité ». Celle-ci se définit par opposition à l’ailleurs, par rejet des anciennes puissances coloniales et de la puissance des États-Unis.
  • Les archipels des Grandes et Petites Antilles, orientés Nord-Sud, sont emboîtées dans deux bassins plus vastes. Le premier est limité au nord par la presqu’île du Yucatan et la Floride, et au sud par les côtes du Venezuela et du Panama. Le second englobe le golfe du Mexique et les côtes du Texas.

  1. Le bassin caraïbe, une interface Nord-Sud

L’interface américaine peut se comprendre en partie par les discontinuités de développement Nord-Sud

  • Le bassin caraïbe présente une fracture de développement Nord-Sud. Le PIB par habitant varie de 1 à 100 entre Haïti et les îles Caïman, et les IDH de 0,454 (Haïti) à 0,910 (États-Unis). Les États non-souverains sont généralement plus développés que les États indépendants qui appartiennent au Sud. Le bassin caraïbe est en réalité un « entre-deux ». Presque tous les pays sont à développement moyen (santé et l’éducation prioritaires). Mais on a des situations contrastées.
  • Certaines entités dépendantes des États-Unis ou de l’Union européenne appartiennent au Nord avec des IDH supérieurs à 0,800. Le plus développé et le plus riche est Porto Rico, associé aux États-Unis, destination touristique et d’investissements américains dans les hautes technologies. Les îles Vierges américaines et les Bahamas sont de riches paradis fiscaux. Les RUP françaises sont des îlots de prospérité mais très dépendantes financièrement de l’Europe. Ce sont des économies peu performantes qui connaissent un fort taux de chômage.
  • Au Sud, à un niveau intermédiaire, avec des IDH compris entre 0,600 et 0,800, les États indépendants d’Amérique Centrale connaissent un mal développement expliqué par de fortes inégalités sociales et une économie vulnérable, dépendante des cours des produits agricoles (banane, café). Ces sociétés sont sujettes à de vives tensions et à l’exode vers les métropoles ou les États-Unis. Les entités indépendantes des Antilles (République dominicaine, Jamaïque) misent leur développement sur les exportations et le tourisme mais souffrent d’inégalités sociales. Deux États occupent une situation particulière :
  • Cuba bénéficie d’un IDH plutôt bon faisant jeu égal avec les États-Unis pour l’espérance de vie et le taux de mortalité infantile. Mais l’île souffre de profonds déséquilibres de développement malgré son ouverture à la mondialisation.
  • Le cas d’Haïti est de très loin le plus préoccupant. C’est le seul PMA du continent et le pays s’en remet aux aides internationales.
  • A l’échelle nationale, on trouve des populations pauvres dans les villes et les campagnes. Les Bahamas, la Martinique, pourtant développées, ont leur bidonville. Kingston et Caracas sont fracturées entre quartiers résidentiels pour les populations aisées et « barrios » sur les hauteurs. Ces habitats précaires sont soumis aux aléas naturels (climatiques, sismiques). Dans les campagnes, les inégalités opposent grandes propriétés parfois gérées par des multinationales américaines et petits paysans réduits à la pauvreté. En 2001, le Nicaragua subit une famine suite à la chute des cours du café.

Une interface américaine Nord-Sud

  • En excluant les États-Unis du bassin caraïbe, les échanges intra-régionaux ne représentent qu’une part faible du commerce extérieur total des États caribéens. La taille trop petite de leur territoire, et la faible diversification de leur production, essentiellement agricole, ne permettent pas une intégration économique importante malgré les accords de libre-échange tel que le G3 (Mexique, Colombie, Venezuela) ou les associations régionales telles la CARICOM née en 1973 ou l’AEC en 1994. Malgré une volonté de créer un marché commun unique, l’intégration régionale est plus déclarée politiquement qu’efficace économiquement.
  • Les flux Sud-Nord s’orientent alors majoritairement des États latino-américains vers les États-Unis.
  • Les inégalités de développement produisent des flux migratoires à l’échelle régionale : flux de travailleurs souvent clandestins, flux de réfugiés vers la Martinique, la Guadeloupe par exemple mais surtout vers les États-Unis. Trois zones émettrices méritent d’être soulignées : le Mexique et les pays d’Amérique Centrale, réfugiés Cubains vers les États-Unis, Haïtiens fuyant la misère.
  • Les flux commerciaux Sud-Nord concernent essentiellement des produits bruts de faible valeur ajoutée. Les productions de l’agriculture tropicale (sucre, café, cacao, banane) sont exportées vers le pôle nord-américain (sans oublier le pôle européen à l’échelle mondiale). Le bauxite de Jamaïque et de Guyane et le pétrole du Mexique, du Venezuela ou de Trinidad et Tobago alimentent l’économie américaine.
  • A l’échelle régionale, les États-Unis sont à l’origine des flux Nord-Sud vers les Caraïbes. Depuis les ports du Golfe du Mexique, les États-Unis exportent du blé, du soja, du maïs et des produits manufacturés (automobiles, armes). Les investissements se font sous forme d’aides au développement via le FMI et sous forme d’IDE (investissements directs à l’étranger) réalisés par les multinationales étatsuniennes dans le domaine agricole. Par exemple, des firmes telles que Chiquita ou United Brand contrôlent le secteur de la banane. Les États-Unis sont enfin les premiers pourvoyeurs de touristes vers les archipels des Antilles. Le secteur s’organise autour de quelques métropoles ou ports de croisière tels que Miami ou San Juan.
  • Des flux mal contrôlés : flux illicites, flux financiers vers les paradis fiscaux. La cocaïne de Colombie transite par l’isthme d’Amérique Centrale ou par le Venezuela et les Antilles (servant de relais) avant de rejoindre l’Amérique du Nord, le plus grand centre de consommateur de drogue au monde. Les paradis fiscaux (Bahamas, Iles Caïmans, Iles Vierges…) blanchissent l’argent sale et effectuent de gigantesques transferts financiers émis par les multinationales.

Une interface mondiale qui intègre le bassin caraïbe dans la mondialisation

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