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Contre la notation sociale

Dissertation : Contre la notation sociale. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Mars 2022  •  Dissertation  •  1 543 Mots (7 Pages)  •  258 Vues

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« On vous filme, on vous analyse, on vous note »

        Peut-être avez-vous déjà visionné la série Black Mirror, et en particulier l’épisode Nosedive? Peut-être avez-vous été choqués du fait que la vie, le statut social, l’identité d’un individu soient seulement régis par les notes que vous attribuent les autres? Or, ce que vous pensiez être de la fiction est en fait une réalité : dans certains pays comme la Chine, on vous filme, on vous analyse, on vous note. Nous, lycéens du pays des droits de l’homme, ne pouvons rester indifférents à cela. Il va ainsi de soi de défendre notre droit d’être déconnecté, de défendre nos libertés individuelles face à tous les problèmes liés à la notation sociale que nous vous présentons ci-dessous.

        Tout d’abord, ce système ne règle pas totalement la question la déviance, (c’est à dire les comportement non conformes aux normes sociales, aux règles admises par une société), mais au contraire même l’accentue dans certains cas. En effet, par ce système où des caméras ne cessent de vous filmer, de vous identifier et d’analyser ce que vous faites, un individu ne peut échapper à cette nouvelle forme de contrôle social alors qu’il pouvait auparavant échapper à celui par exemple effectué par ses pairs. Ainsi, la plupart des actes déviants sont repérés, et il est par conséquent difficile d’échapper à la notation sociale qui étiquette un individu immédiatement comme déviant à travers une mauvaise note, ce que Erving Gauffman appellerait plutôt« stigmate ». Dès lors, dans beaucoup de cas, cet individu va être obligé de s’enfermer dans cette identité déviante puisque de par la notation sociale il ne sera vu qu’à travers son stigmate (sa note) dans le regard des autres et rejoindra ainsi des groupes de déviants, refuge identitaire où il se sentira moins étranger mais où il entrera dans un cercle vicieux puisque la déviance y est banalisée. C’est ainsi ce problème de l’accentuation des carrières déviantes que pose le système de crédit social en Chine. En effet, dans ce pays où, comme le rapporte le reportage 7 milliards de suspects, il y a « 600 millions de caméra, soit une pour deux habitants », difficile d’échapper à ce contrôle social, qui, dès lors qu’il identifie un acte déviant (ou délinquant s’il trangresse une norme juridique), peut baisser la note que le crédit social vous attribue allant de AAA (modèle) à D (pire classement). Or, si vous cumulez les transgressions et que vous progresser vers les notations basses, vous entrez dans un processus où il est presque impossible de s’en sortir, où votre sonnerie vous étiquette comme mauvais à l’instar de cette femme dans le reportage, où en outre, « si [vous] est pas vertueux, personne ne [veut] vous fréquenter » comme le souligne un habitant de Rongcheng, ce qui évidemment pousse tout individu déviant à entrer dans une carrière déviante et donc à amplifier son comportement.

        Par ailleurs, bien que cela pourrait vous paraître quelque peu étonnant, l’absence totale de déviance comme le souhaite le crédit social chinois est problématique dans le sens qu’elle peut empêcher des avancées notamment en matière de droits. En effet, la désobéissance civile, c’est à dire la transgression volontaire et publique d’une loi pour en dénoncer l’injustice a permis à maintes reprises auparavant à fragiliser des normes injustes et les faire disparaître, à mettre fin à des dénis d’égalités des droits et toutes autres sortes de situations qui entravaient la liberté, l’égalité et la fraternité. Ainsi, c’est le cas de Rosa Parks, femme noire qui a refusé en 1955 de céder sa place à un passager blanc, transgressant par conséquent une norme juridique alors en vigueur et commettant donc un acte délinquant (forme de déviance). Son acte et son arrestation ont en effet engendré de grandes vagues de protestations qui ont abouti à l’abolition des lois ségrégationnistes en 1964 aux Etats-Unis. Comme quoi, un acte déviant n’est pas nécessairement mauvais… Or, dans un pays comme la Chine, dirigée par un régime totalitaire souvent critiqué pour atteintes aux droits humains, comment pourrions nous approuver le crédit social qui renforcerait encore plus la main mise du gouvernement sur ses habitants et l’exclusion sociale des protestataires? Il est ainsi de notre devoir de soutenir les lanceurs d’alertes comme Liu Hu, ce chinois engagé contre le crédit social qu’on nous présente dans le reportage et qui frise la désobéissance civile en fixant durant de longues heures des caméras, ne leur permettant pas d’analyser les passants tout en envoyant un message fort aux autorités. Car c’est ce genre de comportement qui permettront demain, à l’instar du cas de Rosa Parks, d’abroger des lois, des normes qui vont à l’encontre de nos droits individuels.

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