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L’inconscient, la conscience, le Sujet

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Par   •  17 Février 2022  •  Cours  •  6 208 Mots (25 Pages)  •  262 Vues

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L’inconscient, la conscience, le Sujet

Etude de la psychanalyse* et de ses principaux enjeux

NB : mettons les choses dans le bon ordre : ce n’est pas la psychanalyse comme telle qui nous intéresse et qui est au programme. Ce n’est même pas non plus la notion d’inconscient (qui, elle par contre, est au programme), celle-ci n’a de sens que par rapport à la notion plus élémentaire et seule vraiment importante de conscience. C’est bien cette dernière (la conscience) qui est intrinsèquement et positivement importante. Cependant, comme souvent, le plus court chemin n’est pas la ligne droite et paradoxalement, ce n’est pas en s’interrogeant directement sur la conscience et en en cherchant une définition frontale qu’on risque d’être éclairant. Paradoxalement donc, c’est en examinant d’abord un des plus célèbres discours qui remet en cause l’idée d’une pleine conscience de soi qu’on va mieux comprendre ce qui est nié ou nuancé, à savoir la conscience…

Qu’est-ce que la psychanalyse* ? C’est une branche de la psychologie, inaugurée principalement par Sigmund Freud (fin XIXe, début XXe) qui fait une hypothèse révolutionnaire, celle selon laquelle l’homme abriterait en lui une vie mentale inconsciente à lui-même. La psychanalyse, c’est donc la psychologie de l’inconscient, mais cela suppose justement de faire et d’admettre cette hypothèse de l’inconscient qui ne va pas de soi, cette hypothèse inaugurale pour la psychanalyse. Il faut comprendre pourquoi cette hypothèse est révolutionnaire, nécessairement inacceptable dans une perspective psychologique antérieure (I), et ensuite pourquoi la psychanalyse a tout de même cru cette hypothèse nécessaire (II). Enfin, on pourra se pencher vers d’éventuelles critiques ou objections (III).

I – Inconcevabilité d’un inconscient proprement psychique avant Freud et au regard du bon sens. (= Explicitation des raisons critiques antérieures à la proposition de la psychanalyse)

Comme beaucoup d’autres phénomènes intellectuels qui ont été révolutionnaires à leur début mais qui ont gagné le grand public, la psychanalyse et les concepts qui lui sont associés (inconscient, refoulement, Surmoi…) ont gagné le grand public pour le meilleur et pour le pire. Il y a à craindre qu’en les banalisant de la sorte et en y souscrivant si naturellement de nos jours, ce soit au prix d’avoir perdu de vue ce qu’ils contiennent pourtant d’impensable, de renversant. Freud plus que quiconque était parfaitement conscient de ce qu’il faisait en théorisant ces notions paradoxales, il savait bien le problème qu’elles posaient. C’est donc les comprendre dans leur juste sens que de les comprendre comme problème. Et même : ne pas les comprendre comme problème (mais comme banales évidences), c’est ne pas vraiment les comprendre.

Par exemple, de nos jours, nous sommes habitués (notamment par la publicité qui a beaucoup propagé les concepts de la psychanalyse en les utilisant) à entendre des choses comme ceci : « inconsciemment, j’ai dû vouloir faire ceci… » ou encore : « c’est mon subconscient qui m’a poussé à faire ceci… ». De telles formules ne nous étonnent plus. Pourtant elles posent de gros problèmes et la moindre des choses est de s’en rendre compte, sinon pour les réfuter du moins pour les nettoyer et prendre la mesure des enjeux de ce qui est dit là.

Il est de toute nécessité qu’à première vue les choses proprement psychiques (ou mentales) soient regardées de nous comme étant de nature consciente, forcément consciente (consciente pour leur porteur). Qu’est-ce qui rentre en effet dans le domaine du « psychique » ? Des choses comme des désirs, des pensées, des sentiments, des sensations, des souvenirs… Or, vérifions l’absurdité qu’il y a à parler de psychique inconscient à deux ou 3 niveaux de ces réalités : parler de « sensation inconsciente », cela voudrait dire avoir une sensation qu’on n’éprouve pas (sinon, si on l’éprouve, c’est qu’elle est consciente). Mais une sensation non éprouvée, c’est une sensation qu’on n’a pas, c’est une sensation absente et n’en parlons même pas ! De même dire qu’un tel éprouve un désir inconscient est a priori un pur non-sens. Si le désir est éprouvé par l’intéressé, c’est qu’il est éprouvé sous forme d’attirance consciente, dont la personne peut attester l’existence (même si ce désir est parfois difficilement avouable). Si le désir est vraiment inaccessible à la conscience de son porteur, autant dire que ce n’est pas un de ses désirs, là non plus. De même avec une pensée : faire l’hypothèse d’une pensée inconsciente, cela voudrait dire avoir une pensée qu’on ne juge pas vraie (car là encore, si on la juge vraie, c’est que cette pensée est de plein droit consciente). Mais que peut vouloir dire « avoir une pensée qu’on ne pense pas » ? Il faut savoir !

A ce stade, nous devons nous refuser à utiliser tout le jargon de la psychanalyse, ne surtout pas y souscrire prématurément. Le drame est justement que tant de gens souscrivent à ces formules sans avoir le moins du monde pris la mesure des problèmes élémentaires qu’elles posent. Ce n’est pas une simple opinion personnelle que nous exprimons-là, dans cette réticence élémentaire. C’est plutôt justement une réticence impersonnellement nécessaire, qui tient aux élémentaires des notions rapprochées. En effet, ce n’est pas un hasard si, comme en convient Freud lui-même, classiquement et à première vue, il est nécessaire qu’on donne justement au psychique la propriété essentielle d’être conscient. Les réalités psychiques (telles qu’on en a vu des exemples) semblent d’étoffe consciente : tout l’être d’un désir, d’un sentiment ou d’une pensée sont d’être éprouvés ou vécus (par leur porteur), consciemment donc. C’est la moindre des choses de s’en rendre compte, et à trop vite souscrire à des termes comme celui de subconscient, on risque en fait de ne montrer qu’une seule chose : notre incompréhension des élémentaires de la notion de psychisme, notre absence de tout sens psychologique de base…

Pourtant (sans encore donner les arguments mais justement pour forcer le contraste et réveiller l’étonnement) c’est exactement cela que Freud conteste : l’identification du psychique au conscient. Pour lui, il y a une vie proprement psychique qui pourtant est inconsciente à son porteur. 2 précisions s’imposent pour bien comprendre cette hypothèse inaugurale de la psychanalyse et pouvoir ensuite s’acheminer vers ses raisons :

En disant qu’il y a pour Freud une vie proprement psychique qui est pourtant inconsciente, insistons d’abord sur cette partie « proprement psychique ». En effet, on peut croire qu’on arrive à souscrire facilement à l’hypothèse de l’inconscient en faisant remarquer qu’il y a tout plein de processus qui se déroulent en nous bien que nous n’en ayons pas conscience, par exemple la respiration, la digestion, etc. Mais ces processus sont d’ordre physiologique, et le fait qu’il y ait du physiologique inconscient n’a rien de révolutionnaire en soi. Ce n’est pas cela dont Freud fait l’hypothèse révolutionnaire, tout simplement parce que cela est à admettre de n’importe qui et depuis toujours comme une évidence. Cela tient au fait que le corps (soit : l’autre de l’âme ou de l’esprit) est justement non pleinement transparent à l’âme (ou à l’esprit). « Nous sommes automates autant qu’esprit », disait déjà Pascal, et c’est d’ailleurs une bonne chose (songeons à la catastrophe que ce serait s’il fallait en permanence contrôler consciemment notre respiration pour qu’elle s’effectue convenablement). Ce qui va nettement moins de soi, c’est d’affirmer que l’âme ou l’esprit, disons le psychique lui-même, ne soit pas transparente à elle-même. C’est donc bien cela (et nous ne le redirons plus par la suite) qui est affirmé et qui en même temps pose problème : l’affirmation d’un élément proprement psychique (et non pas simplement physiologique) qui soit inconscient à son porteur…

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