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Le moi n'est-il qu'une fiction

Dissertation : Le moi n'est-il qu'une fiction. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Novembre 2019  •  Dissertation  •  2 087 Mots (9 Pages)  •  760 Vues

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l semble que le sujet ait une identité et que cette dernière ne se réduise pas à une fiction. En effet, malgré les changements que je subis dans le temps, et les différents visages que je peux montrer aux autres, j'ai bien le sentiment d'être une seule et même personne, comme si quelque chose restait le même sous les changements. Cependant, depuis ma naissance, toutes les cellules de mon corps ont été renouvelées plusieurs fois, et il n'y a donc rien qui demeure d'un point de vue strictement corporel. De plus, mes perceptions, mes états mentaux, changent de moments en moments. Dès lors, par delà le sentiment de mon identité qui peut être trompeur, y a t-il vraiment quelque chose en moi qui ne change pas pour que je reste moi ?

Enjeux : s'il n'y a plus de moi, comment penser la responsabilité du sujet ? Le moi n'est-il pas dès lors une illusion nécessaire pour penser la morale et la justice au sein d'une société ?

I L'évidence du Moi

1) Le moi comme identité substantielle

Une chose semble bien rester elle-même c’est-à-dire la même chose et non pas une autre chose et ce malgré le changement qu’elle subit à travers le temps. Ainsi l’arbuste que j’ai planté et que j’ai vu grandir au fil des années pour devenir aujourd’hui un chêne semble bien être le même arbre, malgré leurs différences d'aspect. Affirmer l'inverse semble contrevenir au principe d'identité formulé par Aristote, selon lequel A ne peut pas être non A. Et il paraît en aller de même pour les hommes. Comme le dit Leibniz, je suis bien le même que l'enfant que j'étais dans le berceau, quand bien même je ne m'en souviendrais pas. Or, si nous pensons que nous restons les mêmes à travers le temps, c’est qu’il y a bien quelque chose qui reste inchangé, stable et permanent sous le changement de mes pensées, de mes actions

ou de mes sentiments. Il faut bien alors un support du changement, un socle qui ferait le fondement de mon identité personnelle.

Ce support, c'est ce que Descartes appelle la SUBSTANCE. Etymologiquement, le terme "substance" (et c’est en ce sens que l’utilise Descartes) signifie ce qui se tient "sous" et qui demeure permanent à travers le temps. La substance garantirait ainsi l’identité d’une personne à travers le les changements. Ainsi pour Descartes, ce qui fait la personne, c'est sa conscience, son esprit, et cet esprit est une substance pensante (liée elle-même et de manière assez mystérieuse à une substance corporelle). Ainsi c'est bien moi qui ait changé tout au long de ma vie, c'est à moi, à ma conscience, que tout cela est arrivé.

2) L'unité derrière la multiplicité : je ne suis pas ce que je parais être

Cependant, nous sommes très différents selon les contextes, les situations et surtout les êtres qui nous entourent. Nos comportements, et même nos pensées, nos goûts, nos désirs changent. Est-ce à dire que nous ne sommes pas un, mais plusieurs ?

Si nous sommes la totalité des masques que nous offrons au monde, alors nous rompons avec l'idée d'une identité personnelle véritable et une. Cependant, on peut penser avec Rousseau et ses Confessions, que malgré la diversité des visages que nous montrons aux autres, nous sommes toujours le même : en effet, nous n'aurions qu'une identité de façade, un moi superficiel, multiple et fictif face aux autres, fantasmé et trompé par l'amour propre. Au contraire, le moi véritable, atteint par introspection (= regarder à l'intérieur de soi pour se connaître) resterait, lui, toujours le même, et il serait de notre devoir de le connaître pour ne pas nous mentir à nous-mêmes et tenter de ne plus mentir aux autres. Ainsi ce qu'on paraît peut être multiple, mais ce qu'on est véritablement est un.

Transition : ainsi il semble bien que je ne sois qu'une seule et même personne, en ce que je ne me réduirais pas aux différents masques que je présente aux autres et aux changements qui m'affectent dans le temps. Cependant, fait-on vraiment l'expérience d'une telle continuité de notre identité ? Et n'y a t-il pas des comportements et des pensées dans lesquels on peine à se connaître, laissant penser que notre esprit n'a pas l'unité que l'on pouvait espérer ? Penser un moi permanent et un n'est-il pas une fiction ?

II Y a t il vraiment quelque chose comme un moi ?

1) Le moi introuvable (DESIR)

Chacun croit que le moi renvoie à une réalité permanente et stable, à la manière d’un noyau substantiel et indestructible. Mais quel est alors ce noyau ? Peut-on le déterminer, le saisir ? Autrement dit « qu'est-ce que le moi ? » comme le demande Pascal dans les Pensées. Ce dernier mène alors une investigation pour découvrir ce qui reste dans le moi par delà les changements et qui fonderait l'idée du moi. Or quoi de mieux que l'amour pour le déterminer ? En effet, dit Pascal, quand on m'aime, on est supposé m'aimer moi, pour ce que je suis véritablement. Mais alors qu'est-ce que ce moi ? Pascal procède alors par élimination :

ce ne peut être l'apparence physique puisqu'elle change sans que change le moi. Ainsi la petite vérole peut ravager un visage sans détruire la personne. L'identité personnelle n'est donc pas essentiellement du côté du corps.

Ce ne peut-être non plus les qualités spirituelles tels la mémoire, l'humour ou la bonté « puisqu’elles peuvent disparaître sans tuer la personne ».

Pascal demande alors : « Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps ni dans l’âme ? » Les caractéristiques physiques comme psychologiques sont périssables, elles ne peuvent donc constituer la substance du moi. Il semble donc que le moi n'existe pas, par là même qu'aimer une personne pour ses qualités physiques ou morales, ce n’est jamais l’aimer pour elle-même, mais seulement pour des qualités transitoires.

(Remarque : pour Pascal, l'amour propre ne me conduit pas seulement à mentir aux autres, comme le croit Rousseau. Il me conduit également à me mentir à moi-même : entrevoyant la vérité sur moi, contraire à mes désirs, je fuis cette vérité en construisant une image fantasmée de moi-même : « L'homme n'est donc que déguisement,

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