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L'écologie

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Par   •  7 Mars 2022  •  Cours  •  11 424 Mots (46 Pages)  •  237 Vues

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L´écologie

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I. Des symboles, des chiffres et des paradoxes

Le 26 avril 1986, le réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose. Des centaines de tonnes de particules radioactives, notamment du césium 137, contaminent le sol et l´atmosphère. Le bilan des victimes humaines est toujours incertain, au gré de débats contradictoires entre les États, les organisations internationales, les institutions défendant l´énergie nucléaire et les organisations écologistes : entre 40 000 et 560 000 morts. Cette catastrophe a pris la dimension d´un symbole : celui des risques écologiques considérables que fait peser sur notre planète en général et sur la vie humaine en particulier le mode d´existence moderne des sociétés industrielles.

Moins spectaculaires, mais tout aussi graves, de multiples accidents, du naufrage d´un pétrolier à une explosion dans une industrie chimique, rappellent régulièrement, parfois de façon dramatique, l´ampleur des risques qui sont attachés à l´essor technologique et aux difficultés que nous rencontrons pour tenter de réguler celui-ci. Mais les accidents ne sont que la partie émergée de l´iceberg. L´accélération de la transformation de notre planète au cours du dernier siècle se mesure à de très nombreux facteurs, qui se révèlent également très complexes dans le détail de l´analyse. L´Organisation des Nations unies pour l´alimentation et l´agriculture (FAO) estime par exemple que les forêts, qui couvrent 3,8 milliards d'hectares, soit un tiers des surfaces émergées, ont diminué de 2,4 % depuis 1990. Selon plusieurs organisations environnementales, 40 % des forêts anciennes et primaires auront disparu dans moins d'une génération. Or la perte et la fragmentation des habitats que sont les forêts, les zones humides et les marais de palétuviers (mangroves) ont encore accru les pressions qui s'exercent sur la faune et la flore sauvages mondiales. Près d'un quart des espèces de mammifères, soit 1 130, et 12 % des espèces d'oiseaux, soit 1 183, sont actuellement considérées comme menacées d'extinction dans le monde. Toute diminution du nombre des espèces vivantes sur terre est une atteinte à ce que l´on appelle la biodiversité. L´exploitation des ressources naturelles et la pollution sont des facteurs de risque cruciaux pour la biodiversité. Le changement climatique, dont il est plus difficile d´affirmer dans quelle mesure exacte il relève de la responsabilité des activités humaines sur terre, est aussi un facteur clé.

Même des actions parfois apparemment bénignes peuvent avoir des conséquences catastrophiques : l´introduction par exemple, fût-elle parfois accidentelle, d´espèces allogènes d´une région du monde dans une autre est devenue une menace réelle, puisque ces espèces peuvent l´emporter sur les espèces locales et bouleverser complètement l´écosystème. L´un des exemples les plus connus est celui de l'invasion de plusieurs régions de la Méditerranée par l'algue tropicale Taxifolia. On estime qu'en 1939, 497 espèces allogènes habitant les eaux douces ou les mers avaient été introduites dans des environnements aquatiques de par le monde. Durant la période 1980-1998, ce chiffre, selon les estimations, avait grimpé à 2 214.

De l´« effet de serre », attribué aux émissions de gaz carbonique et de méthane des pays industrialisés depuis 1870, dont on pense qu´il accentue les événements climatiques, voire qu´il est susceptible de modifier le climat de la Terre, aux organismes génétiquement modifiées (OGM) et aux animaux génétiquement modifiés (AGM), de la « désertification » de certaines régions de la planète à la pollution de l´eau, du statut de l´animal en général aux conséquences de l´agriculture intensive, la liste des questions écologiques qui font régulièrement l´actualité est considérable.

L´opinion publique, qui semble de plus en plus sensible à ces questions, pressent bien les paradoxes de notre époque. On ne saurait sérieusement accuser en bloc l´évolution technologique : peut-on souhaiter comme le fait une minorité extrémiste un impossible retour en arrière dans l´histoire des techniques ? Qui souhaite réellement se passer des avancées technologiques en matière médicale, au prix d´accepter d´aller chez un dentiste qui pratiquerait avec les méthodes du xviie siècle et de refuser de sauver des vies grâce aux médications contemporaines ? Mais il semble en revanche chaque jour plus urgent de savoir comment réguler le progrès technologique.

L´écologie est parfois en débat, comme nous le verrons, autour de la question de savoir s´il faut défendre la Terre pour elle-même ou notre environnement pour nous les êtres humains. Mais l´incidence des variations de conditions physiques extérieures sur l´existence de l´espèce humaine a déjà de quoi nous faire réfléchir. Quelles sont en effet nos conditions de vie, au sens fondamental du terme ?

Nous habitons une planète, la Terre, qui a environ 4 600 000 000 ans d´existence selon la datation isotopique. Sa modeste circonférence est de 40 076 kilomètres. Elle est située en moyenne à 149,6 millions de kilomètres de son soleil. Par elle-même, elle n´est rien d´autre qu´une boule de matière en fusion dans l´espace. L´espace étant au zéro absolu, soit – 273 °C, la surface superficielle de notre planète est refroidie, offrant ainsi un environnement d´une température moyenne de 15°C aux quelque 6,2 milliards environ d´êtres humains qui y vivent actuellement. Entre l´extrême chaleur de la fusion interne de notre planète et le froid glacial de l´espace, tous deux inadéquats à nos organismes, il y a pour nous une mince atmosphère qui suffit à notre bonheur biologique de surface. Dans le fond, ce sont des conditions qui semblent précaires au regard de l´environnement très spécialisé nécessaire à notre survie. La planète Terre est la seule que nous connaissions à ce jour qui réunisse les conditions nécessaires pour notre forme de vie : la température, l´irradiation et la pression adaptées à nos corps, ainsi bien sûr qu´une atmosphère respirable, l´accès à de l´eau potable et à de la nourriture.

Les plus optimistes ou les plus cyniques diront qu´il n´est pas évident de parvenir à bousculer suffisamment cet équilibre naturel de nos conditions physiques de survie, aussi « précaires » que puissent paraître ces dernières à l´échelle de l´univers, pour mettre en péril la Terre et l´espèce humaine. Ce serait alors oublier que l´humanité s´est dotée au cours du xxe siècle d´une capacité proprement inouïe : celle de pouvoir s´autodétruire, voire de faire disparaître la planète Terre elle-même, ou, à défaut, de la modifier considérablement au point de remettre en question l´existence de la vie sur celle-ci. Cette capacité exceptionnelle demeure certes une hypothèse limite : il faudrait fermement nous décider à mettre en œuvre toutes nos ressources techniques et scientifiques pour construire suffisamment de bombes nucléaires afin de parvenir à ce résultat. Mais elle demeure symbolique : l´être humain est le seul être vivant qui pourrait être capable de détruire sa propre espèce et son environnement. L´hypothèse limite de l´autodestruction est évidemment infiniment plus abstraite que les pics de pollution dans les grandes villes ou les boulettes de pétrole sur les plages. Elle pointe cependant le fond du paradoxe : l´être humain invente le progrès technique, créant dans son cortège des bienfaits considérables comme des destructions dramatiques, il donne naissance tout à la fois à l´altération de la nature et à l´écologie elle-même.

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