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Kant, « Idée d’une histoire universelle... »

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Par   •  11 Décembre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 725 Mots (7 Pages)  •  1 725 Vues

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Explication de texte

Kant, « Idée d’une histoire universelle... »

Emmanuel Kant, philosophe allemand, publie en 1784 son essai philosophique Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolite. A travers neuf propositions, Kant s’interroge sur l’histoire humaine, et si elle présente un sens, une ligne conductrice. Dans la sixième proposition, il se demande: Comment pouvons-nous instituer un ordre politique juste, administrant le droit de façon universelle? Selon lui, l’homme a besoin d’un maître, mais ne peut espérer en trouver un parfait, car ce maître sera lui-même un homme et aura à son tour, besoin d’un maître. On pourrait alors se demander pourquoi la vie en société exige une autorité et si celle-ci permettrait de fonder une société juste. Pour répondre à cela, nous évoquerons tout d’abord la nécessité d’un maître pour élever l’homme, animal égoïste, à l’universalité, puis ensuite la difficulté d’établir une justice publique car le maître à lui-même besoin d’un maître.

Tout d’abord, un homme a besoin d’être soumis à un maître car il est sinon dominé par son égoïsme. En premier lieu, Kant nous affirme que « l’homme est un animal » l.1. Un animal est un être vivant organisé, doté de mobilité et de sensibilité, tandis qu’un homme est un être appartenant à l’espèce animale la plus développée, qui se distingue des autres grâce à la raison. Ainsi, la plupart des facultés de l’homme sont communes avec l’espèce animale, la seule chose qui le différencie des animaux est sa capacité à apprendre et comprendre des choses plus complexes. L’homme est donc, au même titre qu’un animal, un être vivant ayant des besoins organiques, appartenant au règne de la nature et recherchant avant tout son intérêt propre. Et c’est pourquoi l’homme, « lorsqu’il vit parmi d’autres membres de son espèce, a besoin d’un maître » l. 1-2. Un maître est une personne exerçant une domination non-arbitraire sur des êtres ou des choses. Kant nous explique ici que pour vivre en société, l’homme doit être soumis à un maître, un acte de subordination doit intervenir car l’homme, même si il est doué de raison, ne peut pas se réprimander seul. En effet, l’homme « abuse à coup sûr de sa liberté à l’égard de ses semblables » l. 2-3, ce qui signifie que l’homme, vivant avec les autres, est animé par des penchants égoïstes. La liberté est la faculté d’agir sans contrainte, ici, elle désigne l’autonomie, c’est à dire la capacité de se donner à soi-même sa propre loi. Sans maître, l’homme cherchera toujours à abuser de cette liberté, de part sa nature égoïste, au détriment de celle des autres. Cependant, en tant que « créature raisonnable » l.3, participant à la raison, faculté de juger qui nous fait accéder à l’universel, l’homme appelle une « loi » l.4, qui est une règle impérative universelle, civile ou politique, le mettant en mesure d’échapper à ses tendances égoïstes. En effet, l’homme est douée d'une raison, ce qui l’amène à comprendre la nécessité de l'instauration d'une loi qui pose des limites à sa liberté, de normes valables pour tous et donc abolit les privilèges et les abus. Néanmoins, l’« inclination animale égoïste » de l’homme, sa disposition à rechercher surtout son plaisir et son intérêt individuels de part sa ressemblance avec l’animal, le pousse à ne pas suivre cette loi et « à faire exception pour lui-même » l.5. Ainsi, c’est l’égoïsme de l’homme, qui, comme pour un animal, enraciné dans ses besoins vitaux, rend difficile pour lui de contenir sa liberté dans les limites requises par la loi. Nous arrivons donc à une conclusion, l’homme ne peut pas se contrôler seul, « il lui faut donc un maître pour briser sa volonté particulière » l.6. La volonté particulière est la faculté d’agir d’après des règles n’appartenant qu’à un seul ou à quelques individus. Le maître pourra donc forcer l’homme à abandonner sa volonté qui est propre, et le forcer à « obéir à une volonté universellement valable » l.7, qui est la faculté d’agir d’après des règles valables pour tout être raisonnable. Le maître a donc pour fonction de soumettre la particularité des besoins à l’universel de la loi, de faire gouverner les intérêts universels. Il « force » l’homme à obéir, et cette contrainte qui fait que « chacun peut être libre » l. 7-8, c’est à dire d’accéder à une existence rationnelle et soumise à l’universel. Ici, « être libre » signifie se soumettre à la loi valable pour tous et s’oppose en tous points à la « liberté » dont il était question quelques lignes plus haut, qui elle se référait au naturel, au plaisir. Ici, la liberté est éthique et donne l’accès à une existence raisonnable. C’est une volonté universellement valable qui semble pouvoir gérer le fonctionnement de la société. Nous sommes donc passés de la nature à la culture, à la réalisation d’une société administrant le droit de façon universelle.

Ainsi, Kant nous montre la nécessité pour l’homme d’avoir un maître. Il nous dit que la vraie liberté semble être rationnelle, c’est accès à l’existence raisonnable. L’individu peut ainsi passer de la nature à la culture grâce à son maître. Mais la suite du texte de Kant va nous monter qu’il existe un problème.

En outre, il est difficile d’établir une justice publique car les maîtres ont aussi besoin de maîtres. En effet, si l’homme a besoin d’un maître pour trouver sa véritable liberté, pour accéder à une vie raisonnable, ce maître fera lui-même parti de l’espèce humaine, et aura, par conséquent, lui aussi besoin d’un maître, comme le dit Kant: « Mais où prendra-t-il ce maître? Nulle part ailleurs que dans l'espèce humaine. Or ce sera lui aussi un animal qui a besoin d'un maître. » l. 8-9. L’homme trouvera-t-il alors un maître au sein de sa propre espèce, c’est-à-dire un ensemble d’individus semblables ayant des intérêts égoïstes enracinés dans la nature ? L’exercice de la « justice publique » l.11, qui est un état juridique où les hommes, au sein de l’Etat, jouissent de leurs droits, d’après l’idée d’une volonté législatrice universelle, semble alors compliqué à réaliser. En effet, pour l’exercer correctement, il faudrait « un chef qui soit lui-même juste » l.11, or ce chef permettant l’accès à l’universel, est lui-même un animal, un vivant organisé devant satisfaire des besoins égoïstes et ne vivant pas sous le règne de ce qui est valable pour tous. Kant rajoute ensuite qu’établir la justice publique est complexe, que ce soit « une personne unique » l.12 ou « un groupe composé d’un certain nombre de personnes choisies à cet effet » l.12-13 qui l’exercent. Il met donc de côté l’idée que confier le pouvoir à une assemblée réduirait le pouvoir personnel et donc l’égoïsme de ses membres, parce que « chacune d'entre elles abusera toujours de sa liberté si elle n'a personne, au-dessus d'elle, qui exerce un pouvoir d'après des lois » l.14-15. Kant nous explique ainsi qu’importe s’il s’agit d’un chef unique ou d’une élite de personnes, ils n’abandonneront pas leur liberté naturelle et empièteront sur les droits d’autrui si aucune puissance supérieure ne les conduit, par contrainte, vers l’universel de la loi. La question du choix du « chef suprême » l.15 s’avère alors être une tâche très complexe, Kant la définit même comme « la plus difficile de toutes » l.16-17, car elle nécessite d’accorder deux conditions incompatibles entre elles. En effet, comment le gouvernant pourrait-il garantir le respect des lois et faire accéder les gouvernés à l’universel, alors que le respect de la loi et des droits d’autrui lui fait justement défaut de par ses penchants égoïstes typiques de l’être humain? Kant répond à cette question, pour lui la « solution parfaite est impossible » l.17 car il faudrait alors que ce chef ait lui aussi un maître pour s’assurer qu’il respecte les règles, et ce maître serait malheureusement encore un être humain animés par les mêmes penchants négatifs que ses congénères. Enfin, Kant conclut: «  Dans un bois aussi courbe que celui dont est fait l’homme, on ne peut rien tailler de tout-à-fait droit ». On remarque donc que sa conception de l’homme est assez pessimiste. Il nous dit que l’imperfection, les défauts de l’homme tiennent de sa nature, qui est incompatible avec les ambitions de la raison. L’idée de tailler fait référence à la justice et à sa fonction éducative, de redressement, qui est difficile à appliquer car l’homme de par sa nature, a du mal à s’y conformer. Comme dans la métaphore, il est difficile de rendre droit ce qui est naturellement tordu. Ainsi, il faut prendre comme il est, avec ses défauts et en tenant compte, tout en gardant en tête l’application universelle du droit comme modèle à suivre.

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