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Epicure, lettre à Ménécée, les désirs

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Par   •  3 Novembre 2016  •  Commentaire de texte  •  3 831 Mots (16 Pages)  •  4 049 Vues

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     Épicure est un philosophe de l'Antiquité (341-270 av JC). Il fonde sa propre école « Le Jardin », ouverte à tous, après avoir assisté à des cours de philosophie à l'Académie. Sa doctrine, l'épicurisme est une sorte d'hédonisme : il soutient en effet que le désir maîtrisé et modéré peut amener à l’ataraxie, c'est à dire l'absence de troubles de l'âme. Aussi certaines douleurs, parce qu'elles sont un bien, ne sont pas à éviter, de même que certains plaisirs ne doivent pas être poursuivis car ils sont la source des « plus grands maux ». La vie avec plaisir suppose donc une maîtrise des désirs. C'est ce qu'explique en effet Épicure dans Lettre à Ménécée. (Ménécée était un disciple d’Épicure.) Épicure y expose sa conception du rôle des désirs pour atteindre le bonheur. Reste un problème : il faut pouvoir déterminer à l’avance quel plaisir et quelle souffrance nous procurera la réalisation de nos désirs ou leur insatisfaction. Et il faut le faire non seulement pour aujourd’hui, mais « dans le passé et dans l’avenir ». Sachant, que toute action humaine désirable procure du plaisir et de la souffrance dans l’immédiat ou dans la durée. Nous verrons dans un premier temps comment selon Épicure, une hiérarchisation des désirs peut amener l'ataraxie et l'aponie. Ensuite, nous étudierons les points critiques à la pensée du philosophe.

       Selon Épicure, pour atteindre l'ataraxie, il semble préférable de maîtriser ses désirs et ainsi de les classifier selon leur provenance et leur fin. Épicure fait reposer le calcul des plaisirs et des peines sur une double dichotomie entre désirs vains et désirs naturels. Ces deux types de désirs sont d'après Épicure totalement opposés puisque leur fin est différente. D'une part, les désirs « vains », qui sont en opposition aux désirs naturels, semblent apporter le contraire de l’ataraxie. Dans ce type de désirs, on peut y distinguer trois autres sortes : les désirs artificiels (comme par exemple la richesse ou la gloire). Ceux-là ne doivent jamais être réalisés. Cela signifie que les désirs sont déréglés par les passions et l’angoisse, à tel point que nous ne savons plus ce qui peut rendre l’homme heureux. Cela ne semble pas signifier que pour Epicure, on est heureux en étant pauvre, méprisé, faible. Celui qui serait trop faible ne peut souvent pas satisfaire ses désirs nécessaires (et naturels comme boire ou manger). Donc il y a un minimum : il faut travailler pour toucher un salaire convenable qui me procure des conditions de vie décente (un toit, de quoi manger, me soigner, me protéger) . Et si je nais riche, sans avoir à faire d’effort pour conserver cette richesse, tant mieux pour moi, à condition que sa perte ne me plonge pas dans le désespoir absolu. Et les désirs irréalisables (l'immortalité par exemple). Ces désirs sont rarement réalisables et semblent s'opposer à une certaine morale. Et enfin les désirs réalisables mais vains, qui apporte généralement plus de souffrance que de bonheur dans la finalité. En ce sens, on les dit vains parce que l’effort à accomplir pour les satisfaire est supérieur au bénéfice obtenu : je peux obtenir le même plaisir en les remplaçant par autre chose plus facile à obtenir. Ces trois types de désirs « vides » définissent donc des désirs inutiles, au sens où il n’est pas utile de les satisfaire pour être heureux car la souffrance qu’occasionne leur satisfaction est plus grande que le plaisir retiré.

D'autre part, Épicure reconnaît des désirs naturels, et dans cette même catégorie, il en distingue d'autres : les désirs naturels et nécessaires, et les désirs simplement naturels. Les désirs simplement naturels sont des désirs que tout homme ressent naturellement. Ils sont utiles, importants et parfois même contingents. La non-satisfaction ne semble pas entraîner nécessairement de souffrance,  procure de la joie, du plaisir, c’est-à-dire permet d’exprimer le bonheur que l’on ressent. Il semble également facile de les remplacer par d’autres désirs équivalents sans en souffrir.  On peut alors penser à deux types de désir : le désir sexuel et le désir esthétique. Le désir sexuel n’est pas nécessaire, car il n’exprime aucun manque. Sa non satisfaction ne cause pas de douleur .  De même, le plaisir esthétique (écouter de la musique que je considère belle, voir de belles peintures…) repose sur le désir d’exprimer, d’extérioriser ou de partager des émotions. De même on pourrait ici ajouter tout désir ludique (faire du sport, jouer au monopoly, faire une soirée entre amis  …). Ces désirs ont pour objectif d’établir un rapport harmonieux entre mes sens, mes émotions et le monde (une sorte d'ataraxie). En ce sens, ils m’aident à rétablir la paix dans mon esprit. Ces désirs ne sont pas une condition du bonheur, selon Épicure. Ils m’aident à profiter de ce dernier, à en prendre conscience. Ces désirs uniquement naturels semblent donc apporter le bonheur, ou en tout cas, un bonheur plus grand que la souffrance éprouvée pour y parvenir. Deuxièmement, nous avons les désirs naturels et nécessaires. Sont naturels et nécessaires trois types de désirs : Ceux qui sont nécessaires pour la vie (faim, soif …) sont nécessaires pour deux raisons. Comme nous ne sommes pas des dieux et serions composés d’atomes (selon Épicure qui était un adepte de l'atomisme et qui croyait que le clinem régissait le monde, une sorte de matérialisme), notre corps est sans cesse en mouvement (il respire, bouge …) et se heurte souvent à d’autres corps. Cela nous ferait perdre des atomes et nous déséquilibre. Donc nous aurions besoin de compenser ces manques si nous ne voulions pas mourir. Ils sont donc nécessaires au sens propre au fonctionnement de mon corps. D’autre part, c’est une condition nécessaire à l’absence de souffrance et au bonheur : Ces désirs , tant qu’ils ne sont pas satisfaits, causent une souffrance réelle et sensible. Bien sûr, nous pouvons tenter d'y faire abstraction. Mais cette souffrance nous empêcherait d’être heureux. Si nous avons faim et que nous ne nous nourrissions pas, nous n'aurions pas forcément mal au ventre. Mais nous nous fatiguons. Donc leur non satisfaction causera toujours plus de souffrance que l’effort à fournir pour les satisfaire, d’autant que je peux, du moment que cela n’est pas nocif à mon espèce, les satisfaire avec des outils assez accessibles (pour continuer l'exemple : manger avec fourchettes et couteaux).

D’autres sont nécessaires pour le bien-être du corps, c’est-à-dire pour son repos, pour qu’il ne soit pas troublé (aponie : bien-être du corps, ataraxie physique). Sont ici nécessaires le repos et la protection contre les agressions extérieures (danger ou climat). En quoi est-ce nécessaire à l’aponie ? Le froid, comme la blessure cause une douleur. Cette douleur est le fait d’un bouleversement de la structure atomique des organes touchés. Elle exprime ainsi le fait que notre équilibre corporel est bouleversé. Cela met le corps en mouvement et lui fait perdre des atomes. Ici, la douleur exprime l’effort que doit faire le corps pour rétablir l’équilibre naturel, ce qui nuit au plaisir et donc au bonheur. Donc à chaque fois que cette équilibre est rompu, je souffre et ne suis pas heureux. Je dois donc me donner les moyens, par mon hygiène de vie, d’éviter autant que possible la maladie. Enfin, certains désirs sont naturels et nécessaires pour le bonheur  (avoir des amis et exercer sa réflexion ou son esprit). Ceux–là sont indispensables pour atteindre l’ataraxie, ou l’absence d’inquiétude, de « trouble de l’âme ». Par exemple : la réflexion, ou philosophie est nécessaire à l’homme car elle nourrit l’âme et nous aide à lutter contre l’imagination. Tous ces désirs nécessaires visent à m’éviter la souffrance, c’est-à-dire à maintenir un équilibre atomique fragile que la vie terrestre et d'autrui déstabilise toujours. Or, il apparaît de plus en plus nettement que lorsque cet équilibre est rompu je ne peux pas être heureux.

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