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Dissertation de philosophie - Désobéir

Dissertation : Dissertation de philosophie - Désobéir. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Août 2020  •  Dissertation  •  1 593 Mots (7 Pages)  •  666 Vues

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A Hong Kong, la désobéissance civile s’installe dans la durée. L’ex-colonie britannique connaît depuis trois mois sa plus grave crise politique depuis la rétrocession de 1997, avec des actions quotidiennes pour dénoncer l’ingérence de la Chine dans les affaires intérieures de sa région semi-autonome. La désobéissance est un excès de comportement vis-à-vis des règles. Ce mot suppose l’existence d’une autorité, la légalité d’un pouvoir supérieur. Le préfixe « dé » montre que le sens de l’action « obéir » veut tout simplement dire le contraire. Désobéir signifie ne pas se soumettre, faire l’inverse de l’ordre indiqué. La désobéissance comme l’obéissance n’ont de sens que par rapport à la loi. Qu’elle soit morale ou politique, la loi semble toujours s’imposer à nous de façon radicale. En effet, elle se présente comme un ensemble de règles qui nous impose une ligne de conduite à respecter. De ce point de vue, la loi est normative, elle est contraignante puisqu’elle nous oblige à agir en fonction de ce qu’elle détermine car si je ne respecte pas la loi morale, je prends le risque d’éprouver de la culpabilité et si je ne respecte pas la loi politique je prends le risque de subir des sanctions qui me seront imposées de l’extérieur par la société. Puisque la loi est coercitive, elle semble fortement réduire notre capacité à agir librement. Donc dans de telles circonstances, il semblerait logique d’affirmer qu’être libre c’est désobéir à la loi. Toutefois, la loi n’a-t-elle pourtant pas été instituée pour préserver la liberté ? En effet, la liberté n’existe que parce qu’il existe des limites, dans ce sens il paraît évident qu’il ne faut pas désobéir. Pour répondre à ce paradoxe à cela, il est tout d’abord nécessaire de montrer pourquoi il est nécessaire ne pas désobéir à la loi. Puis il convient de montrer, logiquement, qu’il n’est par ailleurs pas raisonnable de désobéir. Toutefois, il faut s’interroger sur une certaine légitimé à désobéir.

L’origine de la société repose sur la multiplicité des besoins et l’incapacité de chaque homme à être autosuffisant. Selon Platon, dans La République, « ce qui donne naissance à une cité c’est l’impuissance où se trouve chaque individu à se suffire à lui-même ». La société serait alors une espèce de regroupement à bénéfices mutuels. Affirmer que l’homme est naturellement fait pour vivre en société n’induit pas pour autant l’harmonie, la paix et l’ordre au sein de la communauté. Selon Kant, dans Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, l’humanité serait animée par une « insociable sociabilité ».  Ce que cherche à nous faire comprendre Kant ici, c’est que l’homme est à la fois motivé par le fait de vivre avec ses semblables mais aussi qu’il éprouve le besoin de s’isoler pour répondre à la satisfaction de ses ambitions privées. Si l’on peut voir dans les besoins l’origine de la vie en communauté, il faut aussi reconnaitre que les désirs sont à l’origine d’une forme d’insociabilité entre les hommes. Dans Contrat social, Rousseau affirme que « nos besoins nous rapprochent à mesure que nous passions nous divisent ». En effet, l’ambition, le goût pour le pouvoir, la richesse, sont sources de discorde voire de conflits qui peuvent mettre en danger l’unité de la société. A partir de là, il semble donc nécessaire d’instaurer des lois qui aurait pour fonction de modérer les passions de chacun auxquelles il ne faudrait pas désobéir. En effet, la loi permet d’empêcher certaines personnes de tomber dans l’excès en leur fixant une limite raisonnable. La liberté de chacun n’est préservée qu’à condition que tous respectent, obéissent à un ensemble de règles communes. La justice, constituée d’un ensemble de règles appelées lois, est une norme, une obligation universelle, impersonnelle. C’est une exigence morale vers laquelle nous devons tendre pour être considérés comme bons. Toutefois, obéir ne se réduit pas à une qualité morale, elle contient aussi une dimension sociale. Selon Aristote, dans Ethnique à Nicomaque, la justice est une « vertu achevée parce que celui qui la possède est capable de la pratiquer envers autrui et pas seulement envers lui-même ». La justice serait donc une vertu destinée à régler nos rapports avec les autres. Elle vise l’ordre et l’harmonie, pas seulement en chacun de nous mais aussi entre nous. Ainsi on remarque la finalité de l’obéissance est toujours le bien commun, l’intérêt général. Désobéir serait agir contre ce bien commun.

Il est nécessaire d’obéir pour garantir un minimum de liberté à chacun. En effet, désobéir apparait alors comme un acte irraisonnable.

Une réglementation semble obligatoire car en effet, elle permet de réguler la liberté sauvage des hommes. En effet, s’il n’y avait pas de réglementation, la liberté des uns s’arrêterais là où commence la liberté des autres. Nous vivons en société et donc il faut respecter les uns les autres, en gardant notre part de liberté. Les personnes qui ne tiennent pas compte des libertés des autres sont des égoïstes, des importuns. En effet, la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui, et non pas tout ce que l’on veut faire. Car en effet, lorsque je désobéis à une loi qui me paraît injuste, l’ait-elle aux yeux de tous ? Si tout le monde désobéissait aux lois qu’ils trouvent injustes, l’autorité n’existerait plus. En l’absence de réglementation, ce serait alors « la loi du plus fort » qui serait mise en place, on se retrouverait dans une société inégale. Or la société idéale doit prétendre à un maximum de justice entre les membres qui composent la société. De ce point de vue, la démocratie peut donc être pensée comme le régime le moins mauvais, sans perdre de vue qu’elle s’apparente malgré tout à une espèce de « tyrannie de la majorité » selon Tocqueville dans De la démocratie en Amérique. La démocratie est le régime démocratique le plus juste car c’est celui qui prend le mieux en compte les valeurs de liberté et d’égalité. Les anarchistes comme Bakounine, Kropotkine et Proudhon au XIXème siècle, voient dans l’obéissance aux lois le mal radical. Selon eux, la société doit être un libre groupement d’individus. « Ni dieu, ni maitre » telle est leur devise. Il faut détruire ces réglementations pour que l’individualité de chacun puisse s’exprimer. L’anarchisme repose sur un naïf optimisme en accordant toute sa foi en la bonté naturelle de l’homme. Selon cette doctrine, l’homme serait naturellement animé par la volonté d’entretenir des liens pacifiques avec ses semblables. Malatesta écrivait dans Umanita Nova « Nous ne croyons pas à l’infaillibilité des masses et encore moins à leur bonté constante : bien au contraire ». Or, ceci prouve que la bonté de la nature humaine est une utopie. La contrainte d’une réglementation est donc bien une nécessité car l’application de l’anarchisme ne serait possible que parmi des hommes parfaits. En effet, l’état ne peut maintenir l’ordre sans la justice. Dans Contrat Social, Rousseau dit « le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ». L’ordre ne peut se maintenir longtemps s’il n’est pas fondé sur la domination.

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