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Article : La Raison au risque de la Pensée Magique/ Nayla farouki

Cours : Article : La Raison au risque de la Pensée Magique/ Nayla farouki. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Janvier 2022  •  Cours  •  3 635 Mots (15 Pages)  •  399 Vues

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Félix Penna 104

DM Philo 2 :

Explication de texte :

L’article traité dans cette explication est un article de Nayla Farouki (datant de 2013) nommé ‘La Raison au risque de la Pensée Magique’. Dans cet article, Farouki examine plusieurs aspects aussi bien de la pensée magique que de la raison : elle adopte tantôt un point de vue historique, tantôt anthropologique, tantôt (et le plus souvent) philosophique. Elle traite également de l’évolution de ces deux notions : leur développement, leurs conflits et leur crise. Farouki commence par discuter de la pensée magique et plus particulièrement de ses origines.  

Etant donné que l’homme est un animal social et politique, soulignant donc l’importance de la vie en communauté, il y a chez lui un besoin d’intégration sociale qui peut passer par une adhésion à la pensée et une uniformisation de celle-ci. Or, la pensée dominante chez l’Homme (ou du moins la plus naturelle et spontanée) est la pensée magique, pensée qui correspond selon Weber à un « enchantement du monde », c’est-à-dire que le sacré (qui se manifeste principalement par des émotions fortes ressenties face à ce qui nous dépasse) domine une grande partie du monde - plus spécifiquement toute action ou croyance. La pensée magique est déjà présente presque partout, mais cette omniprésence est renforcée par sa dimension sociale, ou du moins par la nature sociale du moyen par lequel la pensée magique se véhicule – ici, l’être humain. Cette dimension sociale de la pensée magique entraînerait donc une certaine forme de soumission, d’une part puisque l’Homme veut – ou doit – s’intégrer socialement, notamment par l’adhésion de la pensée à celle du groupe (la pensée magique, de par sa dimension sociale, asservit donc l’être humain à la force du collectif); d’autre part car la pensée magique est une sorte de mécanisme « psychique » face à tout ce qui dépasse l’être humain et qui engendre alors des réactions émotionnelles fortes, notamment la peur et l’admiration, empêchant toute réflexion et analyse véridiques, et donc engendrant un état de soumission face à ce qui est plus grand que soi – un état qui, comme le dit Farouki, s’accompagne d’une certaine servitude (car cela nous dépasse) et soumission (car on a intérêt à y obéir). Cette soumission n’existe cependant pas seulement envers certains concepts qui nous dépassent comme la Nature ou le Temps, mais aussi envers ceux qui se disent être l’incarnation du sacré : Farouki donne comme exemple les rois, les prêtres, les sorciers, les devins les astrologues, etc.

L’effet de la pensée magique sur l’individu ne s’arrête pourtant pas là – les émotions fortes dont elle est à l’origine non seulement soumettent l’être humain à ce qu’il ne comprend pas, mais elles contribuent aussi à ce qu’on pourrait aujourd’hui appeler le collectivisme (le repli sur soi de la tribu) en créant un besoin de se défendre contre des ennemis, qu’ils soient réels ou hypothétiques. Cependant, cette idée de collectivisme est aussi une des causes qui explique le pouvoir et l’omniprésence de la pensée magique – c’est une sorte de cercle vicieux puisque les effets de la pensée magique servent à perpétuer cette-dernière.

Une autre conséquence de la pensée magique sur l’être humain et son rapport au monde environnant est qu’en renforçant l’idée d’intégration au collectif (née des émotions qu’elle suscite), elle crée un mécanisme dual intégré/exclu qui se manifeste notamment par la désignation de boucs émissaires, souvent des parias, des rejetés. La pensée magique a donc une grande influence sur l'Homme et le monde qui l'entoure, soit par exemple en le soumettant à ce qui le dépasse et créant un état de soumission dans lequel l’emprise des émotions et du pouvoir du collectif empêche toute remise en question, soit en créant une division entre l’intégré et l’exclu qui ne fait que perpétuer la puissance et l’omniprésence de la pensée magique.

Cette emprise des émotions sur la pensée magique, notamment la peur, engendre une volonté de comprendre maintenant, une sorte de désespoir de la pensée qui hâte les choses et se satisfait d’une explication immédiate mais erronée plus qu’une explication approfondie mais plus vraie : « Le doute, la réflexivité et le positionnement de limites sont inconnus dans la pensée magique où tout est immédiatement existant, immédiatement vrai ». Cette préférence du satisfaisant aux dépends du vrai dans la pensée magique se manifeste également par l’absence de raison et d’analyse, mais surtout par le dualisme bien/mal inhérent à la pensée magique, qui, en tentant d’expliquer le monde d’une telle manière binaire, empêche de réellement comprendre sa complexité, ses nombreux « constituants » et les relations entre eux, car elle ne fait que le simplifier et l’approximer – comme le dit Farouki : « sans rationalité, pas de pensée analytique et par suite, pas de catégorisation. » Or c’est justement la catégorisation (modérée, bien sûr, sans sa connotation péjorative) qui permet de comprendre le monde en profondeur. La pensée magique présente donc une explication globale, global sous-entendant ici non pas une explication qui couvre une totalité et comprend les liens sous-jacents entre ses différents éléments, mais plutôt une explication approximative et simpliste qui réduit la complexité à un simple système bien/mal. Il est toutefois important de clarifier que même la raison peut conduire à un tel jugement, mais cela est bien moins fréquent.

Cependant, la pensée magique n’est aujourd’hui plus aussi présente qu’elle l’était – Farouki se demande alors quelles sont les raisons de la décadence de la pensée magique et, réciproquement, du surgissement de la raison.

Faut-il encore définir ce qu’est la raison – pour Farouki, elle est la libératrice de l’emprise de la pensée magique, et cela à plusieurs niveaux (« à la fois sur le plan social et sur le plan intellectuel »). La raison est d’un certain point de vue l’antithèse de la pensée magique dans la mesure où elle est bien plus indépendante du poids des émotions, « désenchantant » ainsi le monde auparavant enchanté. La raison possède toutefois une certaine méthode, des valeurs et des idéaux qui l’entourent et la dirigent. Un exemple de cette indépendance de la raison vis-à-vis des émotions fortes et du surnaturel est La Guerre du Péloponnèse, livre dont l’histoire est totalement indépendante de toutes forces surnaturelles qui entraineraient une emprise des émotions et donc de la pensée magique. La raison donne donc plus de place à l’Humain et se libère de toute considération divine voire métaphysique qui le retiendrait dans un cadre défini par ces éléments divins/métaphysiques (destin, force surnaturelle, divinité, etc.) – même si c’est un anachronisme, la raison est plus humaniste que la pensée magique. Cependant, même si la raison permet de se libérer de la pensée magique, elle ne garantit pas pour autant la vérité.

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