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Art et Cinéma

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Par   •  16 Mai 2021  •  Cours  •  3 982 Mots (16 Pages)  •  363 Vues

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L'Inconscient/La Conscience/La liberté

  • Leçon : Quels problèmes philosophiques la notion d’ « inconscient freudien » pose-t-elle ?

Introduction :

Lorsque le médecin-psychiatre autrichien Sigmund Freud propose son hypothèse de l’inconscient psychique, à la charnière des XIXème et XXème siècles, c’est d’abord pour répondre à un problème pratique : comment expliquer les troubles hystériques atteignant principalement les femmes ? Ces troubles ne s’accompagnent pas de lésions organiques, et leur cause demeure donc inexpliquée. En effet, l’incapacité d’agir, les mouvements répétitifs, les paralysies touchant les membres (par exemple), caractéristiques de l’hystérie, ne proviennent assurément pas, chez les patientes traitées, d’une infirmité corporelle incurable : c’est ce qui pousse Freud à supposer que des mécanismes inconscients, purement psychiques, pourraient être en jeu, mettant en œuvre des symptômes somatiques.

Problème 1 : La nouveauté d’une telle hypothèse met l’accent sur ce qui est caché en nous et que nous ne pouvons pas connaître directement : postuler qu’il existe un inconscient psychique, potentiellement fauteur de troubles organiques, dont les effets sur nos comportements sont tout sauf neutres, fait voler en éclats la belle assurance cartésienne d’une possible connaissance de notre Moi, de notre intériorité. Celle-ci se dérobe désormais à toute appréhension, résultat d’une volonté bien ordonnée et dirigée. Le concept de liberté même, résiste-t-il à la reconnaissance de l’inconscient, si l’existence de celui-ci nous détermine à agir comme nous le faisons, mais sans le savoir ?

Problème 2 : La psychanalyse, inventée par Freud comme un moyen infaillible pour parvenir à la connaissance de notre inconscient, ainsi que comme un moyen thérapeutique efficace pour se libérer de son emprise, prétend à la scientificité rigoureuse de ses méthodes. Faut-il souscrire à cet avis de Freud ? Quelles réserves, quelles contestations, mêmes, pouvons-nous lui opposer ?

 

I-L'hypothèse freudienne de l'inconscient psychique

A-La psychanalyse

1)Les cas d’hystérie : une maladie inexpliquée

A la fin du XIXème siècle, dans une société européenne globalement puritaine et « corsetée », où les femmes voient peser sur elles beaucoup d’interdits moraux et comportementaux, une des lignes de démarcation fabriquant les réputations sociales est celle qui sépare la « femme honnête » (mariée, mère et fidèle) de la « cocotte » ou de la « demi-mondaine », prostituée, entretenue, ou fille-mère. L’opprobre sociale touche de manière incontournable la femme célibataire, qui ne l’est pas par choix d’une vie « supérieure », religieuse ou intellectuelle, comme la nonne ou l’institutrice dévouée à sa tâche. Alors que la société hypocrite encourage les hommes (étudiants, et même hommes mariés, pères de famille) à « jeter leur gourme » et à se « déniaiser » en ayant recours aux amours ancillaires ou tarifées (dans les maisons closes par exemple), partant du principe qu’il existe une asymétrie sexuelle entre hommes et femmes, la sexualité des premiers réclamant et méritant de plus grands défoulements (sous peine de devenir sauvage et de menacer l’harmonie du corps social) tandis que la sexualité des secondes doit être bridée, pour la même raison (une finalité identique justifiant donc deux traitements distincts), l’éducation qui en dérive est forcément genrée et très différente (refus du corps, pudeur, modestie, tempérance du caractère et de l’expression des émotions pour les femmes ; acceptation des pulsions chez les hommes, affirmation de soi, activité libre et entreprenante). Dans les hôpitaux des grandes capitales ou villes européennes, les cas d’ « hystérie » féminine commencent à défrayer la chronique et servent parfois à l’ostentation clinique de médecins désireux de briller devant un public ébahi (jeunes médecins à former, voire badauds) : les atteintes « hystériques » spectaculaires de ces jeunes femmes (dont on ne peut toujours exclure qu’elles se donnent elles-mêmes complaisamment en spectacle pour attirer une attention dont elles sont souvent privées), qui vont de la paralysie à la répétition de gestes saccadés et incontrôlables, ou à des douleurs aigues et fulgurantes donnant lieu à des crises convulsives, est l’objet d’un intérêt remarquable, dans la mesure où elles défient la médecine classique. Dans les cas les plus sérieux, les patientes, non seulement ne feignent pas, mais souffrent réellement, sans qu’aucune lésion organique ne justifie leur souffrance et leurs troubles. Ce sont donc des femmes en parfaite santé qui sont de grandes malades !  C’est dans ce contexte que Sigmund Freud va, à la suite de certains de ses maîtres dont il s’inspire et reprend parfois les intuitions, en les portant, avec une logique imparable, à leur terme (de manière souvent inacceptable pour ceux-là mêmes qui en ont été à l’origine), émettre l’hypothèse que les troubles hystériques pourraient avoir à voir avec, d’une part, l’expression d’une sexualité cachée, rendue opaque dans le symptôme, et d’autre part, l’existence d’un inconscient psychique, dont le but serait justement de servir de « poubelle « ou d’exutoire à toutes les pulsions que notre « moi civilisé », formaté par l’éducation et l’intériorisation des interdits sociaux, n’accepte pas aisément, et veut repousser loin de sa considération, en l’occultant complètemen.

2)Définition de l'inconscient :

L'inconscient désigne, pour Sigmund Freud, un des systèmes de l'appareil psychique et contient des représentations refoulées : des produits mentaux, des désirs, que la censure (barrage sélectif engendré par l'éducation, la société et l'expérience) maintient hors du champ de la conscience. Le refoulement est l'opération par laquelle le sujet repousse dans l'inconscient les représentations ou désirs susceptibles de provoquer du déplaisir au regard des exigences intériorisées de la censure (= des désirs que la censure ne peut accepter).

3)Théorie de la sexualité :

D’après Freud, il existe une sexualité infantile, non génitale, mais diffuse, déjà présente chez le nourrisson, et liée à l'énergie première de la libido (pulsion sexuelle et pulsion vitale à la fois). C'est cette pulsion qui fait rechercher le plaisir et la satisfaction. Tout enfant, tout être humain en est normalement équipé : cette pulsion est égoïste et vise l’appropriation individuelle de ce qui est nécessaire ou désirable, et l’assouvissement. Il faudra donc par définition la tenir à distance, la modérer, pour que la vie au contact des autres, en société, soit possible -sans quoi nous vivrions dans le rapt et le viol constants et les autres ne seraient pour nous que des objets dont nous pouvons disposer pour notre satisfaction. Il va donc falloir apprendre à la « dompter », d’une manière ou d’une autre. Notez que pour la première fois dans la culture du XIXème siècle, Freud conçoit une théorie où la sexualité et la procréation sont complètement dissociées, l’objet premier de la sexualité étant clairement et uniquement l’hédonisme de la jouissance, sans aucune préoccupation des conséquences biologiques de la sexualité.

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