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Médias et opinion publique dans les grandes crises politiques depuis l'affaire Dreyfus

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Par   •  15 Février 2016  •  Cours  •  2 770 Mots (12 Pages)  •  1 285 Vues

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MEDIAS ET OPINION PUBLIQUE DANS LES GRANDES CRISES POLITIQUES EN FRANCE DEPUIS L’AFFAIRE DREYFUS

Presse d’information : presse à grande diffusion qui prétend à une neutralité de ton et de contenu afin de toucher le public le plus large possible
Presse d’opinion : presse qui défend des valeurs et des idéaux et participe au débat politique
Média de masse : outil permettant la diffusion massive et publique d’informations (presse écrite, cinéma, radio, télévision, Internet)

Les médias se sont affirmés depuis la fin du XIXe siècle ; l’opinion publique est l’ensemble des avis, jugements, sentiments répandus dans une société. L’opinion publique est liée au développement des médias comme moyens de communication de masse ; c’est un espace d’expression privilégié mais aussi de débats contradictoires. La presse contribue à forger l’opinion publique tout en la reflétant. Les crises politiques sont des moments privilégiés pour mettre en évidence le rôle des médias dans la formation et l’expression de l’opinion publique ; les politiques ont cru à une opinion publique souveraine et ont donc eut la volonté de connaître son état mais surtout de la contrôler. Depuis 1880 à nos jours, de nouveaux médias sont apparus, entraînant des changements entre les rapports entre le monde politique et l’opinion publique ; par exemple, aujourd’hui avec Internet, les rapports entre les politiciens et le peuple sont plus personnels avec Twitter.

I – La naissance et l’expansion des médias de masse (1881 – 1944)

La fin du XIXe siècle marque l’avènement de la presse quotidienne de masse ; on considère qu’entre 1870 et 1914 se déroule « l’âge d’or » de la presse quotidienne française.  La IIIème République met fin à la censure par la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Plusieurs types de presse coexistent : la presse populaire (Le Petit JournalLe Petit Parisien) touche un large public en cherchant le sensationnel ; la presse engagée, ou presse d'opinion, est particulièrement vive dans ses propos. Certains journaux sont de droite, comme La Croix, d'autres de gauche, comme L'Humanité. La baisse du prix des journaux, rendue possible par les progrès techniques, permet un accès plus large à la presse. Beaucoup d’hommes politiques sont aussi des journalistes (GEORGES CLEMENCEAU, JEAN JAURES, EDOUARD DRUMONT) : ils jouent un rôle décisif dans les crises politiques, comme le montre l’Affaire Dreyfus : c’est la presse qui révèle l’Affaire et qui poursuit l’enquête ; et surtout, c’est dans la presse que les deux camps (dreyfusard et anti dreyfusard) s’affrontent et mobilisent l’opinion publique.

  1. L’Affaire Dreyfus

Le 15 octobre 1894, le capitaine ALFRED DREYFUS est arrêté et accusé de trahison pour avoir vendu des renseignements à l’Allemagne (contexte politique : tensions entre la France et l’Allemagne, la France perd l’Alsace et la Lorraine en 1870). Il est condamné au bagne à perpétuité en décembre 1894. L'affaire est médiatisée le 1er novembre 1894 par le journal La Libre Parole (journal antisémite d'extrême droite dirigé par DRUMONT) malgré le secret militaire. La presse et l'opinion publique condamnent unanimement Dreyfus. Le 10 novembre 1896, le journal Le Matin publie un fac-similé du bordereau supposé être de la main de DREYFUS (mais en réalité écrit par le capitaine HENRI) et qui a mené à sa condamnation pour trahison. Ce document permet l’identification du vrai coupable : le commandant ESTERHAZY, qui est acquitté par le conseil de guerre le 11 janvier 1898.
À partir de 1897, l'affaire prend un nouveau tour. La culpabilité de DREYFUS est remise en cause. L'affaire prend l'allure d'un feuilleton à rebondissements dans lequel chaque jour est l'occasion d'un nouvel épisode. La presse prend parti dans l'affaire et l'opinion se divise autour de la question : la majorité des journaux soutiennent la culpabilité de DREYFUS, tels que 
La CroixLe Petit Journal : ce sont les antis dreyfusards ; ils représentent l’armée, le nationalisme et l’antisémitisme. D'autres journaux affirment l'innocence de Dreyfus, ce sont les dreyfusards : ceux-ci défendent les valeurs de la République, la liberté et les Droits de l’Homme ; ces personnes qui prennent position pour Dreyfus seront qualifiées avec mépris d'"intellectuels".
Le 13 janvier 1898, EMILE ZOLA publie dans le journal 
L'Aurore (le journal de CLEMENCEAU) un article intitulé "J'accuse" qui est édité à plus de 200 000 exemplaires et le premier qui défend ouvertement l'innocence de Dreyfus ; ZOLA est jugé pour diffamation et est condamné à 1 an d’exil en Angleterre. Le 10 août 1898, JAURES publie une série d’articles : « Les Preuves » dans La Petite République. Le 18 juillet 1899, Le Matin publie un récit d’ESTERHAZY qui reconnaît avoir écrit le bordereau mais prétend y avoir été contraint. En été 1899, un nouveau procès est organisé et DREYFUS est condamné pour la seconde fois, mais cette fois-ci à 10 ans de prison ; le président de la République EMILE LOUBET  le gracie et DREYFUS est réhabilité dans l’armée en 1906.
Cette crise, et la manière dont s'en sont emparées la presse et l'opinion publique, ont des conséquences : la société française s'est interrogée sur les valeurs de la République. Certains ont défendu la raison d'État, la défense de l'armée alors que d'autres ont mis en avant le respect des Droits de l'Homme et de la justice. L'affaire a révélé l'antisémitisme d'une partie de l'opinion publique et de la presse.

  1. La crise du 6 février 1934

Le contexte des années 1930 est assez spécial : après la crise économique de 1929, le monde et la France connaissent aussi une crise politique, et c’est dans ce contexte qu’a eu lieu la crise du 6 février 1934. ALEXANDRE STAVINSKY est un escroc qui détourna 200 millions de francs avec la complicité du député-maire de Bayonne, plusieurs autres députés, plusieurs directeurs de journaux et également le préfet de police de Paris CHIAPPE. La police le retrouve mort dans son chalet de Chamonix le 9 janvier 1934 et évoque un suicide. L’extrême droite fait de STAVINSKY le symbole d’un régime corrompu et organise des manifestations quotidiennes à Paris. Incapable de résoudre la crise, le gouvernement du président CAMILLE CHAUTEMPS démissionne le 27 janvier et le nouveau Premier ministre EDOUARD DALADIER  renvoie immédiatement CHIAPPE. Cependant, CHIAPPE est un sympathisant des ligues d’extrême droite, et le 6 février, celles-ci se joignent à une ligue d’anciens combattants ainsi qu’à une ligue de communistes et appellent à manifester pour soutenir l’ancien préfet de police et contre le parlement (cependant les communistes demandent, eux, des sanctions contre CHIAPPE) qui finit place de la Concorde. Cependant, celle-ci dégénère, entrainant une répression violente de la part du gouvernement par la garde mobile et engendrant 15 morts et 1435 blessés. Les médias et la presse en particulier ont eu un rôle déterminant dans cette affaire : outre le fait que les appels à la manifestation sont passés par elle, les journaux ont réellement « gonflé » cette affaire : le 7 février 1934, ceux d’extrême-droite comme L’Action Française qualifient le gouvernement d’ « assassins », d’avoir tué intentionnellement des manifestants, alors que dans le même temps, les journaux de gauche comme Le Populaire parlent d’un « coup d’État raté ». Le ministre de l’Intérieur demande aux journalistes de discréditer les manifestants en les faisant passer pour des voyous et suggère une menace fasciste. L’impact sur l’opinion publique fut tel que le gouvernement DALADIER a du démissionner ce même 7 février, preuve de la force des médias sur l’opinion publique sous la IIIe République.

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