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Un Parricide, Maupassant

Commentaire de texte : Un Parricide, Maupassant. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Novembre 2017  •  Commentaire de texte  •  4 220 Mots (17 Pages)  •  8 569 Vues

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Commentaire narratologique de la nouvelle Un Parricide de Maupassant

Présentation  et découpage de la nouvelle:

C’est une nouvelle parue le 25 septembre 1882 dans Le Gaulois signée Maufrigneuse  à quelques mois de la naissance du premier enfant de Maupassant ce qui fait que le thème du bâtard prend une place particulière dans sa création. La nouvelle appartient à la veine sombre que L’Enfant (infanticide) ou L’Ermite (l’inceste) où les liens de parenté semblent bafoués de la manière la plus odieuse. Le titre mérite qu’on s’y arrête en raison de l’emploi de l’indéfini  « un parricide » et non pas « le parricide » ce qui lui confère un statut d’exemple au meurtre dont il est question. Implicitement, cela peut renvoyer à l’existence du phénomène dans la société (basé sur des faits divers qu’on peut trouver sous la mention Parricide au XIX*). C’est donc un parricide parmi d’autres. L’intérêt narratologique du titre consiste surtout dans son ambivalence due  d’une part  à sa polysémie : Parricide peut renvoyer à l’acte de tuer un proche*, l’un de ses parents (plus communément le père) ou les deux qu’à l’auteur même de ce délit. L’auteur d’un parricide est lui-même parricide.

L’ambivalence est due surtout à la forte richesse dénotative du titre : Le titre nous livre une quantité assez importante d’informations (Ce qui n’est pas le cas dans la variante du titre paru au Gil Blas (L’Assassin). Parricide nous éclaire sur trois choses :

  • La nature du délit : un meurtre
  • L’identité de la / des victimes (lien de parenté)
  •   L’identité du meurtrier (lien de parenté avec le/ les victime(s)

L’intérêt dramatique est conséquemment ailleurs.

Il réside, en effet, dans le mobile. Pourquoi un fils/ une fille tuerait-il son père/ sa mère/ ses parents ?

Parallèlement, ce titre interpelle l’intérêt et les passions du lecteur herméneute en soulevant son indignation contre cet être odieux qui a osé intenter à la vie de celui/ ceux qui lui ont donné le jour. Maupassant ne ménage pas la sensibilité du lecteur car « Un Parricide » révèle un crime singulier, un acte considéré comme inconcevable, contre-nature, une véritable souillure, l’homicide le plus impur qui soit et que, par ailleurs, aucun mobile ne pourrait expliquer. Le caractère « tensif » marqué du titre suscite des effets thymiques chez le lecteur (horreur, dégoût, révolte, indignation). Dès lors s’amorce l’anticipation du lecteur jouant sur le diagnostic et le pronostic. Le suspense et la curiosité sont éveillés dès le titre auxquels s’ajoutera la surprise  que ressentira le lecteur lorsque son attente sera déjouée.

 A ce stade, il est inenvisageable que l’auteur du crime, jugé avant même qu’on arrive au tribunal par l’horreur de son acte ait le droit à la moindre empathie de la part du lecteur. Tout le ressort de la narration  serait tendu à opérer un renversement de situations. (Le bourreau deviendra lui-même la victime)

La fabula se prête à une division en termes de séquence intercalante/ séquence intercalée. En raison de la présence d’un récit métadiégétique qui s’insère dans le récit cadre, on passe du point de vue extérieur du narrateur à un point de vue  subjectif (ou disons beaucoup plus subjectif par égard à Rabatel) du personnage. Un lien de causalité directe entre les événements de la métadiégèse et ceux de la diégèse soude l’unité du récit. Le récit second a une fonction explicative de ce qui est jugé inexplicable dans le premier volet du récit cadre. En raison de ces récits imbriqués, le découpage de la nouvelle se fera de la sorte :

1/ Du début jusqu’à …..je vais tous vous dire qu’on pourrait intitulé Un crime fou ou du moins jugé comme tel.

2/ De j’ai tué cet homme jusqu’à …. Voilà. Maintenant, jugez-moi, la plaidoirie de Georges Louis ou le discours judiciaire.

Il s’agit de cette majeure partie de la nouvelle du métarécit où se fera le plaidoyer de l’accusé.

3/La dernière partie s’étend de ….L’accusé se rassit jusqu’à la fin : En attente de la sentence du juge/ lecteur

Etude des axes :

Première partie : La nouvelle commence « in media res » Le parricide est déjà commis et non à commettre dans le récit. En dehors du caractère de fatalité, de crime inexorable ou de toute autre considération que peut avoir ce choix, Maupassant rappelle comme il l’avait fait laconiquement avec le titre que l’intérêt dramatique n’est pas tant dans le crime lui-même que dans son mobile. On est d’emblée au tribunal ce qui confère à la nouvelle, l’aspect d’un conte de prétoire. Par l’abondance du vocabulaire de la criminologie, on se sent très proche aussi du genre policier prompt à tenir le lecteur en haleine.  L’incipit est sous le signe de la folie (tout comme dans Fous ?) seule explication à l’inexplicable. « ce crime étrange » entretient l’intérêt du lecteur et l’attise par l’étrangeté que confère le narrateur au crime, étrangeté qui sera soulignée par le recourt à une analepse pour expliquer la situation présente.

L’analepse s’étend de : « On avait retrouvé ce matin….L’avocat avait plaidé la folie. » Le débrayage temporel se fait par l’expression « un matin » qui nous renvoie à une période approximative de quelques mois. L’embrayage est assuré par la répétition d’une même phrase « L’avocat avait plaidé la folie », grâce à laquelle la séquence intercalaire se trouve récupérée et rattachée de nouveau au contenu discursif. A travers ce récit rétrospectif, on présente de façon sommaire :

  • La scène du crime et les cadavres
  • Les éléments concluants à la gratuité du crime (absence de mobile) ce qui renvoie à son étrangeté
  • L’échec de l’enquête
  • La constitution de George Louis prisonnier
  • Son aveu (qui renvoie à l’étrangeté de l’affaire criminelle)

L’aveu est ambivalent.

« Je les ai tués » éclaire en partie l’affaire mais la réticence demeure toujours du côté du mobile. La question « Pourquoi les avez-vous tués ? et la réponse « Je les ai tués parce que j’ai voulu les tuer » sont de l’ordre de l’itératif, l’imparfait « demandait » « répondait » souligne la valeur répétitive. La répétition de la question résulte d’une réponse jugée insatisfaisante et qui le demeure au point qu’on désespère de tirer cette affaire au clair.

La réponse semble appuyer l’hypothèse de la folie ; c’est « un acte de folie, de folie furieuse » résonne l’écho dans Fou ?

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