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Qu'est ce que le langage poétique ?

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Par   •  28 Février 2018  •  Dissertation  •  2 526 Mots (11 Pages)  •  4 441 Vues

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Dissertation concours général : sujet 1

Introduction

« Le poète se consacre et se consume à définir et à construire un langage dans le langage », dit Paul Valéry (Œuvres I 1924). Le terme de « poésie » vient d’un verbe grec signifiant « créer, faire ». Le poète est donc un créateur, un inventeur. Le poète recherche dans ses écrits une certaine esthétique, qui n’est obtenue qu’en recréant un langage poétique. Ce dernier emprunte les mots de la langue du poète, du langage quotidien, mais en les associant les uns aux autres d’une façon qui diffère du langage de la vie courante. L’une des tâches du poète est de réinventer constamment ce langage pour l’utiliser à sa manière dans ses poèmes.

Nous nous demandons en quoi la réflexion de Paul Valéry éclaire ce qu’est le langage poétique.

Nous étudierons dans un premier temps les libertés du langage poétique, puis dans un second temps la forme du poème et la musicalité de ce langage. Enfin, nous nous intéresserons aux deux tendances quant à la fonction de la poésie.

  1. Le langage poétique, des libertés dans le vers

Tout d’abord, le langage poétique est un écart au langage habituel. En effet, le poète se permet de prendre des libertés lexicales et syntaxiques, tout en ajoutant de nombreuses images.

  1. Libertés syntaxiques

Le poète se permet de prendre des libertés syntaxiques, en bouleversant l’ordre des mots dans la phrase. Si dans le langage quotidien on parlerait de fautes grammaticales, les libertés prises par le poète confèrent une certaine surprise au poème et rendent les vers plus harmonieux. On peut retrouver dans « Les Conquérants » (Les Trophées, 1893) de José-Maria de Heredia les vers suivants:

« Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré »

Ici, ce n’est pas l’azur phosphorescent qui espère. Par ailleurs, Baudelaire dans « L’Albatros » (Les Fleurs du Mal, 1857) écrit ceci :

« Exilé sur le sol au milieu des huées
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher »

Cette anacoluthe rend les vers surprenants. En effet, ce ne sont pas les « ailes de géant » qui sont « exilé[es] » mais le poète. Dans une phrase correcte, on s’attendrait à trouver le nom auquel se rapporte l’adjectif « exilé » juste avant ou après ce dernier. La liberté syntaxique peut également se traduire par l’abondance de la ponctuation comme chez les romantiques dans la poésie lyrique ou au contraire par l’absence totale de ponctuation, comme on le retrouve dans tout le recueil Alcool de Guillaume Apollinaire.

  1. Libertés lexicales

De plus, le poète choisit davantage les mots pour leur son et leur harmonie dans le vers plutôt que pour leur sens. Il recherche une esthétique auditive qui se traduit par des assonances et des allitérations ainsi qu’un certain rythme. Les poètes utilisent souvent un vocabulaire soutenu qui contraste avec le langage quotidien. D’autres au contraire jouent sur une alternance de mots d’un langage soutenu et d’un langage prosaïque. Il y a également une dimension d’esthétique des mots à la vue. Le poète choisit les mots pour leur forme, leur graphie. C’est le cas de certaines licences poétiques, qui sont des écarts à l’orthographe que s’autorise le poète. Par exemple, on retrouve le mot « encor » sans « e » dans la poésie pour que la rime avec des mots comme « or » soit plus belle à lire. Le poète invente des mots nouveaux, crée des néologismes. Du Bellay écrit dans Défense et Illustration de la langue française (1549) au chapitre VI : « Ne crains donc, poète futur, d’innover quelque terme en un long poème, principalement, avec modestie toutefois, analogie et jugement de l’oreille, et ne te soucie qui le trouve bon ou mauvais : espérant que la postérité l’approuvera. »

  1. Images et figures de styles

La poésie est un genre qui peut se caractériser par ses nombreuses images et plus généralement un grand nombre de figures de style. On peut retrouver des figures d’analogies quelques fois surprenantes, dont des comparaisons, des métaphores, des personnifications et des allégories. Elles peuvent éclairer le propos au lecteur, ou au contraire laisser une part de mystère. Apollinaire écrit dans « Mai » (Alcool, « Rhénanes ») : « Qui donc a fait pleurer les saules riverains », ou encore dans « Nuit Rhénane » (Alcool, « Rhénanes ») : « Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme ». De même, on retrouve l’étonnante figure « Le notaire pend à ses breloques à chiffres » dans le poème « A la musique » de Rimbaud (Cahiers de Douai). Eluard quant à lui, écrit le poème dont le titre semble étonnant : « La terre est bleue comme une orange ». Ainsi, on parle de mystère à propos de la poésie, et d’une certaine difficulté à la comprendre. Ces images s’opposent à la simplicité du langage quotidien. Le poète Nerval lui-même dit ceci : « Mes sonnets perdraient de leur charme à être expliqués ». Le langage poétique n’a pas pour but d’être nécessairement assimilé et compris, contrairement au langage usuel.

Transition

        Ainsi, le poète bouleverse la phrase en changeant l’ordre des mots, en employant un vocabulaire parfois surprenant et en ajoutant de nombreuses figures de styles. Le langage poétique diffère également du langage quotidien par la versification ainsi que la recherche des sens dont la musicalité.

  1. Le langage poétique, versification, musicalité et sens

La poésie est souvent caractérisée par la versification, qui rythme le poème. Les poèmes en prose présentent eux aussi un certain rythme grâce aux figures de construction comme des parallélismes. Dans tous les cas, les poèmes en vers comme ceux en prose sont définis par une grande musicalité.

  1. La forme du poème (versification)

On définit quelquefois un poème par la présence de vers. La versification s’oppose à la construction d’une phrase usuelle. En effet, le poème écrit en vers présente des retours à la ligne constants tandis que l’écriture quotidienne remplit la page entièrement de gauche à droite, sans se soucier du nombre de syllabe par lignes. Le poète fait attention à la métrique des vers. Par exemple, les sonnets classiques sont composés uniquement d’alexandrins. Certains poètes cherchent quant à eux une hétérométrie dans leur vers, comme le poème « Chanson d’automne » de Verlaine où les vers sont tantôt trissyllabes, tantôt tétrasyllabes :

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