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Obéir aux lois établies par la société, est-ce être juste ?

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Par   •  2 Mai 2021  •  Commentaire de texte  •  2 472 Mots (10 Pages)  •  1 000 Vues

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Philo : travail – cours de la justice

Obéir aux lois établies par la société, est-ce être juste ?

Dans la mesure où les lois sont toujours instaurées au nom de la justice, il peut sembler conséquent de penser que, pour être juste, il suffit d'obéir aux lois. En effet, l'absence de loi ou le mépris des lois semble n'avoir d'autres conséquences que le règne de la force brutale et donc de la violence. L'histoire nous a souvent montré que, lorsque l'autorité de la loi s'affaiblit, la violence s'installe et transforme les rapports entre les hommes en de purs et simples rapports de force. Si l'on pose la question de cette façon, on est très vite tenté de penser que de mauvaises lois sont préférables à l'absence totale de lois et que l'une des conditions pour être juste consiste avant tout à leur obéir. Néanmoins, si l'obéissance aux lois est généralement une condition nécessaire pour être juste, la question se pose de savoir si c'est une condition suffisante et à laquelle il faut systématiquement se soumettre pour être juste. Trop souvent, nous pouvons rencontrer des hommes assez habiles pour parvenir à spolier leurs semblables tout en restant parfaitement en accord avec la loi. La plupart d'entre eux s'entourent d'ailleurs de conseillers juridiques suffisamment compétents pour agir en toute légalité. Vue ainsi, l'obéissance à la loi ne semble pas suffire pour agir justement. Il faut pour cela appliquer justement la loi, c'est-à-dire faire preuve d'équité.
Un autre cas de figure peut également se présenter : celui dans lequel c'est en désobéissant à la loi que l'on agit justement. On pourrait ici citer le cas de Rosa Parks qui, en refusant d'obéir à la loi interdisant aux Noirs de s'asseoir dans les bus sur les mêmes sièges que les Blancs, a fait considérablement avancer la justice dans son pays.
Il semblerait donc que, d'une part, même lorsque la loi est juste, il ne suffise pas de lui obéir pour être juste. Il faut aussi que celui qui applique ou respecte la loi soit lui-même un homme juste. Il apparaît, d'autre part, qu'il peut aussi se présenter des cas pour lesquels il n'y a pas d'autre solution que de désobéir à la loi pour être juste, lorsque la loi est inique et qu'elle ne respecte pas le principe d'égalité qui est au fondement de toute justice. Dans de telles situations, nous sommes rapidement conduits à invoquer contre la loi des hommes une loi supérieure qui serait la parfaite expression de la véritable justice. Nous sommes alors tentés d'opposer au droit positif – les lois de l'État – un droit naturel qui serait supérieur à la loi humaine et exprimerait la plus parfaite justice. Toute la question est alors de savoir si à l'idée de ce droit idéal qui transcenderait le droit positif correspond quelque chose de réel ou s'il ne s'agit pas plutôt d'une pure fiction relevant d'un idéalisme qui ignorerait la véritable nature du droit.

Dans un premier temps, nous allons nous demandez si la justice peut-elle être définie par la loi. Tout d’abord, selon Aristote, l'homme doit élaborer et instaurer des lois parce qu'il est un animal politique. Cela signifie que sa nature est de vivre en société, mais dans des conditions qui lui sont spécifiques. Aristote aurait pu définir l'homme comme un animal social, or il a préféré utiliser l'expression « animal politique ». La raison en est que les autres animaux qui vivent en société n'ont pas à définir les lois qui régissent leur vie commune. En effet, la nature l'a déjà fait pour eux. L'homme, à la différence des abeilles est doté de la parole, donc lui permettre de discuter du juste et de l'injuste. Alors que les animaux disposent de la voix en exprimant ce qu'ils ressentent, les hommes usent de la parole et de la raison avec lesquelles ils peuvent élaborer les lois auxquelles il faut obéir pour être juste. Cependant, il ne suffit pas d'obéir ou d'appliquer rigoureusement les lois pour être juste. La loi est une règle générale, il convient donc pour être juste de faire preuve d'équité, c'est-à-dire de savoir appliquer la loi aux situations particulières pour que la justice se réalise.

De plus, les Grecs de l'Antiquité concevaient la loi comme l'expression d'un ordre naturel sacré et finalisé, assignant à chacun la place qui lui revient dans la cité. C'est ce qui explique que Socrate, condamné injustement à mort, refuse de s'évader lorsque ses amis lui proposent de s'enfuir dans une autre cité. Se considérant comme un « enfant de la loi », Socrate aurait le sentiment de trahir la cité s'il refusait de se soumettre à la loi. Aussi, ayant toujours enseigné le respect de la loi, il ne peut se parjurer en s'évadant. Il trahirait sa cité, donc se trahirait lui-même et finalement donnerait raison aux juges qui l'ont condamné. On peut donc considérer que, pour le Socrate, l'obéissance à la loi est une condition nécessaire pour être juste. Est-ce cependant une condition suffisante ? On peut en douter dans la mesure où, si Socrate se sent obligé d'obéir à la loi, il ne prétend pas pour autant que la condamnation qui le touche est juste. Il apparaît donc nécessaire qu'à la justice de la loi s'ajoute la justice comme vertu humaine.

Enfin, la conception antique de la loi et de la justice issue de la nature politique de l'homme s'inscrit dans une perception de la nature comme un ordre finalisé à l'intérieur duquel chaque être occupe une place qui lui est assignée. Or, la science d’une époque moderne va remettre en question cette approche de la loi et de la justice. L'une des principales questions que va poser la philosophie morale et politique va être de rechercher les causes de la constitution des sociétés et l'origine des lois qui les régissent. Envisagé ainsi, l'homme n'est plus considéré comme un animal nécessairement social, mais comme un être que les circonstances ont conduit à se regrouper avec les autres, pour constituer des sociétés reposant sur des institutions présentant un caractère artificiel.
Ainsi, un philosophe comme Hobbes considère que, dans la nature, l'homme n'est pas disposé à la vie sociale et que les rapports qu'il entretient avec les autres hommes ne sont que des rapports de force. C'est pourquoi, il affirme que « l'homme est un loup pour l'homme » et que l'état de nature est un état de guerre de tous contre tous et de chacun contre chacun. Dans ce contexte, chacun a droit sur toute chose, même sur autrui. Cet état est insupportable aux hommes, car chacun y vit en permanence dans la crainte de sa mort prochaine. Aussi, pour y mettre fin, les hommes en arrivent à s'accorder pour abandonner la force et l'autorité dont ils disposent entre les mains d'une personne fictive qui les représente et qui dispose d'un pouvoir souverain absolu. La volonté de cette personne a donc valeur de loi, et cette loi doit nécessairement être considérée comme juste puisque c'est le souverain qui dispose, par l'autorité qu'il a reçue, du droit de décider de ce qui est juste ou pas. Ainsi, le rôle de la loi n'est pas de tendre vers la réalisation d'une justice idéale, mais de définir la justice, sans hésiter à recourir à la force pour la faire respecter.

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