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Le Loup et l'Agneau, Jean de la Fontaine

Commentaire de texte : Le Loup et l'Agneau, Jean de la Fontaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Décembre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 733 Mots (7 Pages)  •  877 Vues

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COMMENTAIRE DU LOUP ET L’AGNEAU

Jean de La Fontaine (1621-1695) viendra assez tardivement à la littérature. C’est en effet, à l’âge de 47 ans, qu’il publie son premier recueil de Fables dans lequel se trouve le texte intitulé « Le Loup et l’agneau », dixième fable du livre I. On peut voir qu’à travers l’art de la fable, cet auteur arrive à nous présenter une étude de cas servant de base à des prescriptions relatives aux comportements humainsa, car il délivre une morale qui peut guider la vie de ses lecteurs. On observera tout d’abord, comment il donne vie à ses personnages avant d’analyser comment, pour dénoncer certaines pratiques ô combien injustes, il se sert de l’argumentation…

Cette fable apparaît comme une narration vivante. Le cadre spatial n’est pas identifiable, le cadre temporel non plus d’ailleurs : on comprend que l’histoire a lieu dans la nature puisqu’au vers 4, on repère le complément circonstanciel de lieu «Dans le courant d’une onde pure » ou « au fond des forêts » au vers 27. Cette absence d’indices spatio-temporels permet ainsi de rendre la fable intemporelle et universelle.

Il utilise deux animaux antithétiques : un loup adulte face à un agneau sans défense qu’il personnifie d’emblée. Il les humanise mais cette métamorphose s’inscrit toujours dans la logique de leur nature, de leur physique, de leur comportement animal ce qui rend encore plus convaincant le passage du récit à la leçon morale qu’on peut en tirer. Il leur prête vie à travers leur discours et à travers leurs réactions lors de leur échange verbal. Ainsi, il utilise des verbes de parole comme « dire » « répondre » « reprendre » aux vers 8, 10, 18 ou encore 21. Le discours des deux bêtes occupe d’ailleurs la majeure partie de la fable des vers 7 au vers 26 sur les 29 que compte la fable. Seul le loup révèle son tempérament et surtout sa méchanceté ; comme le montrent les expressions « plein de rage » du vers 8 ou encore « en colère » au vers 11 ou « bête cruelle » au vers 18 ou même encore « il faut que je me venge » qui sonne comme une sentence de mort au vers 26. Plaute expliquait que l’homme fait beaucoup de mal à ses semblables à l’aide de cette expression latine « homo homini lupus » « l’homme est un loup pour l’homme » …Ce n’est donc pas un hasard si La Fontaine a choisi le loup pour sa démonstration.

Tout oppose les deux bêtes : leur âge, implicitement, la couleur de leur robe, leurs attitudes et leurs façons de s’exprimer : ainsi le loup va se permettre de s’adresser à un animal inconnu en le tutoyant aussitôt ce qui prouve combien il se révèle ainsi irrespectueux : « Qui te rend si hardi » au vers 7 « Tu seras châtié » au début du vers 9. Cet animal se comporte en prédateur, soumis à ses instincts comme le laisse entendre le vers 5 « Un loup survient à jeun » et le vers 6 « que la faim attirait » : l’écho sonore renforce l’idée qu’il cherche à se repaître d’une proie…en raison de son appétit féroce. C’est un animal nuisible alors qu’en face de lui, on trouve simplement un jeune animal inoffensif cherchant à étancher sa soif : «Un agneau se désaltérait Dans le courant d’une onde pure» des vers 3 et 4. Ici la douceur des assonances en [õ] et en [ã ] fait écho à l’image poétique du jeune animal en accord avec la nature ; l’usage de l’imparfait associé au rythme lent de l’octosyllabe, vient renforcer l’idée de calme qui transparaît ici. Aucune connotation négative ne ressort des propos ou attitudes de l’agneau, bien au contraire : il se montre respectueux, allant jusqu’à employer la troisième personne de majesté au vers 10 « Sire » « votre Majesté » ce qui peut souligner ou sa bonne éducation ou sa prévoyance face à un animal qu’il vaut mieux ne pas provoquer ! Ainsi, grâce à tout ce qui oppose nos deux animaux, La Fontaine fait en sorte que le lecteur puisse repérer les notions de bien et de mal dans une vision très manichéenne. Il va également avoir recours à une argumentation pour le moins surprenante, afin de terminer de nous plaire tout en nous instruisant, le fameux « placere et docere » latin.

Ce qui se révèle ici pour le moins discutable c’est que le loup, agresseur habituel des animaux d’élevage comme les moutons et leurs petits inverse ici les rôles en se posant comme la victime d’un complot ourdi contre lui : «vous ne m’épargnez guère, Vous, vos bergers et vos chiens » aux vers 24, 25 ; il englobe ainsi tout un peuple dont il se déclare la victime grâce à plusieurs procédés : l’allitération en [v] révèle sa haine qu’il vomit ainsi ; il semble que les moutons règnent sur un peuple composé d’hommes et d’animaux de garde dans une gradation assez surprenante. Dès sa première intervention, il accuse le petit de manière tout à fait fausse sous la forme d’une

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