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La comédie sociale

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Par   •  13 Juin 2022  •  Dissertation  •  2 905 Mots (12 Pages)  •  2 021 Vues

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LA COMEDIE SOCIALE OU THEATRUM MUNDI

I-LA SOCIETE : REGNE DES FAUX SEMBLANTS

        Dès l’antiquité, Aristote souligne que « l’Homme est un animal politique ». Non seulement il est doué de raison mais il vit en société, le terme « Polis » désigne la cité, la ville chez les grecs. Cette dimension sociale inhérente à la nature humaine le conduit à respecter des règles, des coutumes tout en affirmant son identité. Son ego (moi en latin) parfois surdimensionné est fustigé par les classiques car à l’encontre des principes de mesure et de raison. La Bruyère s’attache aussi à ridiculiser l’hybris (l’excès) qu’il a pu observer chez ses contemporains.    

1-Le blâme de l’orgueil :

        Une galerie de portraits dénoncent la fatuité et l’arrogance : Arrias a « tout lu , tout vu, aime mieux mentir que de se taire » ; Théodecte s’écoute parler et indispose son entourage : « C’est un tonnerre » . Ce vaniteux hâbleur en devient insupportable à l’auteur puisqu’il achève brutalement son portrait : « Je cède enfin et je disparais, incapable de souffrir plus longtemps Théodecte, et ceux qui le souffrent ».

Acis, 7, lui représente l’insupportable bavard qui manque de lucidité, d’intelligence et d’à-propos : « Une chose vous manque, c’est l’esprit ; ce n’est pas tout : il y a une chose de trop, qui est l’opinion d’en avoir plus que les autres ; voilà la source de votre pompeux galimatias, de vos phrases embrouillées et de vos grands mots qui ne signifient rien ».

        Enfin Ascagne,75, « De la cour », est un précieux au langage obscur : « C’est en un mot un composé du pédant et du précieux, fait pour être admiré de la bourgeoisie et de la province, en qui néanmoins on n’aperçoit rien de grand que l’opinion qu’il a de lui-mm. » ; « débite gravement ses pensées quintessenciées et ses raisonnements sophistiqués ». Il constitue encore un piètre raisonneur qui s’écoute parler

         Ces différents caractères témoignent de l’importance de la parole en société et de son bon usage : « De la société et de la conversation » 18, « C’est une grande misère que de n’avoir pas assez d’esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire ». Il s’agit de s’exprimer pour plaire et de ne pas indisposer ses interlocuteurs voire spectateurs.

2- Des portraits saisissants : le pouvoir de la parole

        L’art du portraitiste est de mettre en scène ces personnages universels, de leur donner véritablement vie. Il brosse des portraits en actes au présent de narration juxtaposant des verbes d’action qui permettent au lecteur de les imaginer à l’œuvre : Théodecte 12, V« Il mange, il boit, il conte, il plaisante, il interrompt tout à la fois » ; Arrias «prend la parole, et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent[…], il discourt[…], il récite. ». Le rythme rapide de la narration est parfois accompagné du discours direct nous permettant d’entendre le menteur à l’œuvre : « Je n’avance, je ne raconte rien que je ne sache d’original. Je l’ai appris de Sethon. ». ( probable jeu de mots «Sait-on » faisant taire Monsieur Je sais-tout.) Ces bavards égocentriques qui monopolisent la parole sont dans une situation de quasi monologue tant ils ne font pas cas de leur auditoire. Ils s’écoutent avant tout parler et font tout pour empêcher leur interlocuteur de s’exprimer. A travers le langage s’exerce une relation de pouvoir qui donne lieu à des joutes oratoires. Le film Ridicule de Patrice Leconte prouve qu’une parole peut tuer socialement comme en témoigne la disgrâce de l'abbé de Villecourt qui a ajouté un mot de trop à sa brillante démonstration de l’existence de Dieu devant le roi, en proposant la prochaine fois de prouver le contraire.

         La parole peut être un masque pour tromper sur sa nature profonde, se faire passer pour ce que l’on n’est pas ou déguiser sa pensée mais elle peut également faire tomber les masques brutalement comme en témoignent la chute d’Arrias. Les conclusions lapidaires (tuer avec des jets de pierres) de certains portraits sont d’une terrible efficacité. Ainsi Giton qui incarne le riche fier de l’être s’achève par : « Il se croit des talents et de l’esprit. Il est riche ». Des réflexions au présent de vérité générale sont tout autant percutantes comme ce début 11 (V) « être infatué de soi, (prétentieux) et s’être fortement persuadé qu’on a beaucoup d’esprit, est un accident qui n’arrive guère qu’à celui qui n’en a point, ou qui en a peu » qui précède la mise en situation « S’il conte une nouvelle, c’est moins pour l’apprendre à ceux qui l’écoutent, que pour avoir le mérite de la dire, et de la dire bien : elle devient un roman entre ses mains ». L’art du moraliste réside donc dans des formules concises, des mises en scène cruelles où le personnage est définitivement ridiculisé.

II- L’ART DE LA DISSIMULATION

1-La cour :  Théâtre des mondanités, Un monde du paraître.

        Lieu de perdition : « De la cour », 62 p142 :  donne une image avilissante du courtisan avec l’accumulation :

« N’espérez plus de candeur, de franchise, d’équité, de bons offices, de service, de bienveillance, de générosité, de fermeté ds un H qui s’est depuis qq tps livré à la cour, et qui veut secrètement sa fortune » 

        Le courtisan est hypocrite p144 (« acteur » en grec), un calculateur souligné par les antithèses qui dénoncent le masque, le double jeu : « Pensant mal de tout le monde, il n’en dit de personne ; ne voulant du bien qu’à lui-seul, il veut persuader qu’il en veut à tous, afin que tous lui en fassent, ou que nul du moins lui soit contraire »

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