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L'Avare, Acte IV, scène 7, Molière

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Par   •  1 Mars 2017  •  Commentaire de texte  •  1 748 Mots (7 Pages)  •  6 190 Vues

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Synthèse analytique : Extrait de L’Avare, IV,7

Comment l’alliance du comique et du tragique donne-t-il à voir toute la folie du personnage et suscite-t-il la réflexion du lecteur ?

I- Le monologue d’un fou….

a) Un homme désorienté

L’homme qui entre sur scène est dans une confusion extrême et particulièrement agité, son discours, envahi par l’émotion, est celui d’un homme qui ne se maîtrise plus. Ce désordre est signifié par la didascalie initiale : « criant au voleur (…) et venant sans chapeau » : l’aspect inaccompli des deux participes présents rend l’image plus frappante et témoigne du trouble d’Harpagon, il parle avec violence et a oublié son chapeau. L’agitation confuse du personnage est perceptible à travers les nombreuses phrases exclamatives et les répétitions : « Au voleur ! au voleur ! », « mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! ».  Elle se lit également dans l’enchaînement de courtes phrases interrogatives qui interrogent successivement sur l’identité de l’auteur du vol, « Qui peut-ce être ? », le lieu où se trouve cet argent, « Où est-il ? », et ce qu’il est possible de faire pour le retrouver « Que ferais-je pour le trouver ? ». La désorientation est totale, comme le révèlent ces deux interrogations dont la seconde est la négation de la première : « Où courir ? Où ne pas courir ? ». Harpagon est dépossédé de lui-même, son esprit est « troublé » et, dit-il, « j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais ». Cette seconde partie de phrase énumère, en les juxtaposant,  les critères qui disent la pleine conscience du sujet en les niant – ignorer signifie ne pas connaître -   Enfin, notons la multiplication des phrases nominales « Justice, juste ciel ! », et le rythme heurté de la syntaxe. En proie à une forte émotion, Harpagon ne peut que s’exprimer sur le mode du constat bref.

b) Un homme dépossédé

La raison du trouble extrême dans lequel se trouve Harpagon est dévoilée dès les premières phrases : « je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent ». Remarquons que le rythme de la phrase va en s’amplifiant, en effet, les propositions juxtaposées sont de plus en plus longues. Cette amplification rythmique s’accompagne d’une gradation, les verbes exprimant une violence accrue, mais cette gradation s’interrompt brutalement et le spectateur découvre, surpris et amusé, la cause de cette forte émotion : la cassette contenant les dix mille écus d’or a disparu. Partant, les expressions qui se rattachent au champ lexical du vol sont nombreuses : «  dérobé », « tu m’es enlevé », «  en me rendant mon argent », « mon voleur » -répété deux fois-, « vol ». S’étant fait voler son bien, Harpagon a perdu sa vie : « tout est fini pour moi et je n’ai plus que faire au monde : sans toi, il m’est impossible de vivre ». La même idée est développée sur trois propositions, chacune renchérissant sur la précédente à l’aide d’une expression de plus en plus définitive, jusqu’à la conclusion annoncée par les deux points et qui lève toute ambiguïté : sans la cassette et son contenu, la vie n’est plus possible. C’est pour cela qu’Harpagon cherche avec fureur l’auteur du vol, ce dernier prend la forme du pronom personnel « on », à valeur indéfinie, pronom répété à plusieurs reprises : « on m’a privé de toi », « on ait épié l’heure », « on a choisi justement », et sur lequel se cristallise l’obsession, le délire du personnage.

c) Un homme persécuté

Volé, Harpagon a, avec raison, le sentiment d’être la victime d’une machination : « il faut qu’avec beaucoup de soin on ait épié l’heure (…) et l’on choisi justement le temps où je parlais à mon traître de fils ». A la tête de ces menées secrètes, toujours ce « on » indéfini qui, animé d’intentions malveillantes et peut-être avec la complicité de son fils, comme le suggère l’adjectif « traître », l’a espionné pendant suffisamment longtemps pour agir au moment le plus opportun, tel est notamment le sens des adverbes « beaucoup » et « justement » qui soulignent la patience et la détermination qu’Harpagon prête voleur. Incapable de mettre un visage sur ce « on », Harpagon voit des voleurs partout. Ainsi, nombreuses sont les expressions qui expriment la multitude, « Que de gens assemblés ! » voire la totalité «  je ne jette mes regards sur personne qui ne donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. » La suspicion du héros n’a pas de limites. A cette occasion, le dramaturge brise le quatrième mur (concept créé par Denis Diderot, le quatrième mur est un mur imaginaire qui sépare le public de la scène), puisque le comédien semble s’adresser directement aux spectateurs, « les gens assemblés », qu’il accuse.

II … qui oscille entre comique et tragique et ce faisant suscite la réflexion du lecteur

a) Un personnage excessif

Harpagon, vieil avare amoureux, est un personnage excessif, tous ces traits sont tellement grossis, qu’au lieu d’effrayer, ils suscitent le rire. L’excès de sa folie s’illustre à travers les nombreuses exagérations et diverses gradations. Citons par exemple, « je me meurs, je suis mort, je suis enterré », la gradation se réalise ici par le passage de l’aspect inaccompli à l’aspect accompli, que vient renforcer, dans la dernière proposition, la puissance évocatrice du verbe « enterrer ». La relation délirante qu’Harpagon entretient avec son argent est elle aussi de nature à susciter le rire. Harpagon le considère comme un être humain : « mon cher ami ! ». Par le biais d’une personnification, il en parle comme un chevalier de sa bien-aimée disparue : « puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie… ». Cette fois ci c’est du contraste, du décalage, entre la douleur exprimée par ce discours amoureux et la réalité que naît le rire du spectateur. Le comique repose également sur les gestes suggérés par la didascalie : « A lui même, se prenant le bras », Harpagon semble agir comme un pantin. Enfin, les énumérations font elles aussi naître le rire : « à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi» : le dernier terme est mis en valeur par la coordination « et » et l’adverbe « aussi », si la folie d’Harpagon ainsi soulignée suscite le rire, elle provoque également un certain malaise…

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