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L'Art de Théophile Gautier

Analyse sectorielle : L'Art de Théophile Gautier. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Mars 2022  •  Analyse sectorielle  •  1 649 Mots (7 Pages)  •  3 277 Vues

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Analyse l’Art de Théophile Gautier :

        L’art est un poème de Théophile Gautier, extrait de son recueil Émaux et Camées. Il se présente de toute évidence comme un art poétique puisqu’il distribue des conseils aux apprentis poètes en même temps qu’il explore la conception de Gautier de ce que doit être la poésie. Au début des Fleurs du Mal, Baudelaire rend hommage à l’œuvre de Gautier qu’il considére comme un maître de la forme, un « poète impeccable », un « magicien es lettres françaises ». Et en effet, c’est le souci de la forme qui donne son unité à l’ensemble de ce texte, qui se déploie suivant un rythme régulier (strophes de 6, 4 et 2 syllabes : notons que les 2 vers du milieu, 4+2, équivalent au nombre des syllabes qu’on trouve dans les premiers et derniers vers de chaque strophe). Pour Gautier, la recherche de la perfection poétique demande au poète d’adopter une attitude exigeante, lui commande de rechercher la difficulté plutôt que de la fuir. C’est en effet le seul moyen, pour lui, de créer un objet susceptible de résister au temps. Comme pour Baudelaire, à la fin d’Une Charogne, l’activité poétique n’a de sens que si elle est conçue pour l’« éternité ». Dans l’« Art », Gautier évoque tous les arts, littérature, musique, poésie, peinture. Des métaphores sont empruntées à ces différents domaines avec une prédilection pour la sculpture, qui est l’art plastique par excellence. Même dans son apparence le travail de la forme est visible, le poème semble ciselé et mime ainsi le travail de la sculpture. Le poète est donc bien un statuaire travaillant sur les mots. Il attache les autres arts à la poésie. Le poème s'achève en énonçant la supériorité du poète sur les autres artistes. Nous verrons quels sont les traits de l’idéal esthétique prôné par Gautier, et en quoi l’idéal en question est à la fois très exigeant et très formel (réf au mouvement du « Parnasse » dont Gautier est le fondateur) en même temps que très classique.

        Le poème se développe en 4 temps : il développe une définition de l’esthétisme propre à Gautier par analogie à 3 formes d’Arts :

  1. La littérature
  2. La peinture / la sculpture
  3. L’orfèvrerie

Avant d’établir que le but à atteindre pour tout artiste est de défier le temps qui passe : « Le buste / survit à la cité ».

        Notre découpage, ainsi, distinguera 4 parties :

  1. Strophe 1 à 3 ( Art poétique concernant la littérature)
  2. Strophe 4 à 7 (Analogie entre l’art et la sculpture)
  3. Strophe 8 à 10
  4. Strophe 11 et 12

Partie 1 : La première partie du texte peut se lire comme un Art poétique concernant la littérature ; nous observons dès le début, également, que sa portée est plus générale : « l’œuvre » (vers 1) évoque tous les arts, comme l’énumération un peu hétéroclite « Vers, marbre, onyx, émail ». Entre « vers « et « marbre, onyx, émail », il y a une transition entre l’art abstrait qu’est la poésie et la littérature et les arts plastiques qui se fondent sur une transformation de la matière. De l’évolution de l’art du statuaire (« marbre »), on passe à l’orfèvrerie (« onyx », « émail »). Cela montre que le domaine de l’ « Art » est profondément uni, au-delà de différences que le poète semble juger superficielles. Il semble que les 2 strophes suivantes évoquent pour la première la tragédie classique avec la « Muse », cette strophe développe un conseil : les contraintes doivent être au service de la création de la beauté, alors que les « contraintes fausses », non nécessaires, brident l’artiste sans nécessité. La strophe est donc construite sur une opposition. La troisième strophe, quant à elle, est unie à la précédente par l’image filée de la chaussure : on est passé du « cothurne » au « soulier », jugé vulgaire, trop lâche et trop commun, comme peut l’être le « rhythme » de certains vers de poètes trop peu attentifs à la rigueur de la métrique ; Le « rhythme » (orthographe vieillie) et le « mode » évoquent l’univers de la poésie lyrique (et donc l’antiquité) où la musique accompagne traditionnellement le vers. Le point d’exclamation qui clôt la 3ème strophe permet de ranger le poème dans le genre de l’ode (éloge), ce que confirment les autres points d’exclamations, comme le début en forme de discours oralisé : « oui » (…).

Partie 2 : Cette partie développe une nouvelle analogie, celle de l’art en général avec la sculpture : « statuaire » ; « argile » ; « pouce » (du sculpteur) ; « carrare » ; « paros » (marbres précieux) ; « bronze » (autre matière première utilisée par la statuaire). En même temps, le ton change : aux conseils positifs succèdent les mises en garde (« repousse »). L’activité artistique se transforme en lutte contre des éléments résistants, minéraux (« paros dur » ; « lutte » ; « fermement/s’accuse »). La beauté, comme indiqué dès le début du texte, ne peut être obtenue qu’au prix d’un effort de transformation (cf. 1er vers : « Une forme/Au travail/Rebelle »). Un tel combat n’exclut pas toutefois la minutie : « D’une main délicate » ; « filon ». Le « profil d’Apollon » qui naît d’une « agate » sculptée évoque pour la première fois dans le texte l’univers artisanal de l’orfèvrerie, ce qui semble nous indiquer que la poésie/bijou est le résultat de préoccupation purement formelles. Une telle image fait référence au titre du recueil, Émaux et Camées, qui sont des variétés de bijoux. Notons au passage, que Gautier, dans la strophe n°4 évoque bien « l’esprit », le contenu de la « forme », même si c’est de manière négative, puisque l’« esprit » « flotte ailleurs » quand la matière est trop molle, trop facile à travailler.

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