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Dissertation : Oraison funèbre ou sermon? Bossuet

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Par   •  10 Décembre 2019  •  Dissertation  •  2 180 Mots (9 Pages)  •  918 Vues

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Dissertation : Oraison funèbre ou sermon? Bossuet

Plan :

Une oraison funèbre

Formulations d’une éloge funèbre : captatio benevolentiae, rester en dessous de la réalité ect...

Hommage à une légende : hyperboles, comparaisons et formulations élogieuses, sa vie pour l’Etat et ; un au-revoir à un homme : un rapport plus intime au défunt en rappelant des détails de sa vie, des anecdotes, sa vie pour sa famille et ses amis

Un sermon

Bossuet, un évêque qui reste à sa place de religieux, et qui réfléchit en fonction du cadre et de la population : Notre dame de Paris et gratin de l’espèce humaine

Condé, simple mortel : objet de Dieu

La piété, une vertu sans pareille et lutte contre la vaine gloire

Introduction :

Dans les coulisses de Notre Dame de Paris, un vieil homme se prépare. On entend au loin le bruit familier et légèrement grinçant de la plume qui court sur le parchemin. Assis sur un des bancs de la cathédrale, Jacques-Bénigne Bossuet rature, raye, corrige son discours. Une oraison funèbre qu’il doit déclamer devant la nouvelle classe patricienne de la France du XVIIème siècle, sous l’injonction de Louis Le Grand, roi de France. Le sujet est le Prince de Condé, premier Prince de sang de la famille des Bourbons, homme éminent et réputé, ancien ami de Bossuet. Tour à tour héros de guerre, traître, héros à nouveau, intellectuel, bon chrétien, le portrait de cet individu est complexe à dépeindre. C’est une dernière occasion qui est donnée à l’évêque de Meaux, âgé de 60 ans de s’exprimer, mais, comment? Dans cette illustre cathédrale, dominant pendant un instant du haut de sa chaire ce prestigieux public, Bossuet va prononcer son discours, mais sous quel masque? En tant que citoyen de France, en tant que religieux ou en tant qu’ami? Oraison funèbre ou sermon? Panégyrique ou homélie? Dans ce développement, nous essaierons en analysant le texte de l’oraison de définir lequel de ces deux types de textes Bossuet a adopté.

Que l’on soit mendiant ou riche, vil ou généreux, couard ou courageux, depuis les temps les plus reculés, les proches du défunt se doivent de respecter l’esprit de l’Hesped (« après la mort, tu diras des paroles saintes »). Ici, Bossuet rend hommage à un homme, certes illustre, mais un homme. Son discours doit donc suivre quelques normes.

En premier lieu, dans l’exorde de cette oraison, nous pouvons voir que notre auteur utilise des formes classiques, familières au genre argumentatif de l’oraison funèbre. On retrouve la symbolique “captatio benevolentiae” ou recherche de bienveillance. La phrase “je me sens confondu et par la grandeur du sujet et s’il m’est permis de l’avouer, par l’inutilité du travail” (p.369) prononcée par Bossuet, le place dans un rapport apparent de respect par rapport à ce grand homme que fût Condé. Dans cette expression, notre évêque nous dit explicitement que Condé est un homme d’exception, en reconnaissant sa “grandeur” et en expliquant que son discours sera “inutile”, car d’après lui, les actions de Condé ne seraient être mises en valeur par des exagérations ou autres fioritures. De façon plus implicite, Bossuet se place aussi dans une position de pudeur et humilité par rapport au public. L’expression “s’il m’est permis de l’avouer” donne l’impression que Bossuet, bien qu’important demande la permission à son public de parler. Mais c’ est en réalité une interrogation rhétorique indirecte pour donner à son auditoire une impression de distinction. Bossuet recherche donc à charmer son public, en adoptant une posture modeste. Il continue dans cette voie en anticipant les pensées du public, qui pourrait critiquer son discours en lui reprochant “d’être demeuré beaucoup en dessous” (p.370) de la réalité. Le théologien remet en cause ses talents d’orateur (“faibles orateurs” p.370), par rapport à l’action de ce prince sur la Terre. Dans le but d’apprivoiser cet auditoire intransigeant, Bossuet installe un lien de subordination pour ravir la fine fleur de la noblesse française.

De la même façon, on peut retrouver un goût pour l’hyperbole et pour l’emphase dans ce discours. Après un décès, l’image que nous gardons du défunt est souvent immaculée, sans défaut. On cherche à polir chacune des actions qu’il a entreprise, à magnifier la moindre de ses paroles... Que ce soit pour décrire les victoires militaires ou la vie de famille du Prince de Condé, Bossuet use toujours avec transport de procédés pour le mettre en avant. La question rhétorique, avec une figure hyperbolique que pose Bossuet à l’assemblée,“Quelle partie du monde habitable n’a pas ouï des victoires du prince de Condé, et les merveilles de sa vie?” (p.369) contribue à enfler la gloire de ce dernier. Il en est de même dans la partie consacrée aux qualités du coeur où notre religieux narre avec fougue la bataille de Rocroi. Le Prince y est décrit comme un être providentiel, à la limite du divin, “portant la victoire dans ses yeux” (p.373). Il est par la suite comparé à deux grands guerriers, Saül et Jonathas, eux-mêmes mis en parallèles avec deux animaux riches de sens : “Plus vites que les aigles, plus courageux que les lions. C’est l’image du Prince que nous regrettons.” (p.380). Symbole de l’anticipation, de la clairvoyance et de la rapidité spirituelle, l’aigle correspond à l’image donnée par la suite à ce chef de guerre. A la bataille de Rocroi, il était d’une grande prévoyance (“Beck précipite sa marche pour tomber sur nos soldats épuisés, le prince l’a prévenu”, p.375). Ce grand militaire avait pour maxime “un habile capitaine peut bien être vaincu, mais il ne lui ai pas permis d’être surpris” (p.387), ce qui est conforme à cette métaphore filée d’aigle éclairé. Mais à quoi servirait l’anticipation et la rapidité sans le courage, sans la force et l’affirmation? Du haut de ses 26 ans, Condé s’est affirmé face aux “vieillards expérimentés” (p.372), il fonçait au plus profond de la bataille pour encourager ses amis et combattre ses ennemis, effectuant mille actions pour sauver la France (“soutenant (...), ralliant (...), portant (...)”, p.374). Le lion représente ces vertus, et c’est pour cela qu’avec habileté, Bossuet met en avant

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