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Commentaire, Incipit, Lorsque j'étais une oeuvre d'art, Schmitt.

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Par   •  14 Novembre 2016  •  Commentaire de texte  •  1 479 Mots (6 Pages)  •  10 631 Vues

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 Texte 1 : la présentation du héros

→ Un personnage romantique en proie au tourment

Plan détaillé (à compléter)

 

Problématique : en quoi cet incipit du roman présente-t-il un contraste entre le tragique et le lyrique qui révèle le ridicule du héros ?

Introduction :

Cet extrait est l'incipit de l'oeuvre. Il revêt à ce titre une certaine importance. En effet, les premières pages d'un roman peuvent endosser plusieurs rôles : susciter la curiosité du lecteur, établir un cadre, présenter le personnage principal, formuler une problématique générale. Ici, nous avons affaire à un démarrage in-medias-res [au milieu des choses, en latin], c'est-à-dire que les personnages et la situation ne sont pas présentés au préalable. Nous arrivons au beau milieu d'un monologue intérieur et nous le prenons à un moment particulièrement énigmatique. Petit à petit, le narrateur nous livrera des informations sur sa personnalité mais aucune donnée précise sur son histoire passée, c'est donc que l'auteur cherche à conserver un certain flou à ce sujet, afin de pouvoir révéler progressivement par la suite les éléments constituant la personnalité de son héros.

[Formuler la problématique et l’annonce de plan.]

  1. Un paysage romantique :

Les écrivains romantiques (XIX° siècle : Goethe, Chateaubriand, Hugo, Musset, Nerval, Lamartine... cf. le tableau de Friedrich) privilégient l'expression des passions : sentiments violents, souffrance intérieure extrême, moments de crise… Dans ce courant artistique, le paysage doit être le reflet de ce qui se passe à l'intérieur du personnage, en écho au mal du siècle alors en cours. Les romantiques trouvent souvent l'expression de leur moi à travers des tableaux de la nature dans toute son immensité, son désordre, son mouvement : montagnes déchirées, mer en furie, nuées orageuses, tempêtes apocalyptiques, déserts arides...

" Le peintre ne doit pas peindre seulement ce qu'il voit en face de lui, mais aussi ce qu'il voit en lui ". Caspar-David Friedrich, peintre allemand du XIX° siècle.

  1. L’expression des passions

Le paysage décrit par le narrateur semble être en tout point un archétype de cette démarche descriptive. Le premier mot de sa description est « précipice », suivi d'une énumération hyperbolique : « ravins, crevasses, pointes rocheuses », elle même précédée d'une évocation de l'immensité : « si loin que portaient mes yeux ».

  1. Une nature très menaçante

Le paysage est en mouvement, « un défi à l'immobile », il « poignarde », « moutonne », il est « immense, furieux, chaotique ». Ces verbes et ces qualificatifs donnent à voir une sorte de bouillonnement naturel prêt à emporter le narrateur, une nature véritablement menaçante. D'ailleurs, la falaise de Palomba Sol est comparée à une sorte de machine à tuer qui ne laisse aucune chance à ceux qui s'y frottent. Voir p.6, le paragraphe central, ses pierres « embrochent », ses récifs « éclatent en mille morceaux », l'eau qui la borde « assomme » et noie. Cet aspect menaçant est renforcé par une représentation de la mer sous la forme d'un fauve monstrueux qui se « tapit » et se « lèche les babines ». Le vent vient, bien-sûr, renforcer à son tour la violence du paysage et le donne à voir dans toute sa puissance en balayant le ciel, qu'il laisse pur.

Nous sommes donc face à un paysage violent, torturé, se prêtant bien à un l'expression d'un lyrisme morbide, mais qui tranche cependant avec l'état d'esprit morne et résigné du personnage, qui se décrit lui-même comme plat et vide.

  1. L'autodénigrement du narrateur :

 

Même s'il a une propension à se juger sévèrement, le héros romantique voit aussi souvent en lui un personnage au potentiel immense bridé par un monde incompréhensif et impitoyable (voir Octave dans Confession d'un Enfant du Siècle, de Musset, ou Lucien de Rubempré, dans Illusions Perdues, de Balzac).

  1. La désillusion du personnage

Chez Eric-Emmanuel Schmitt, en revanche, le héros ne se fait aucune illusion sur ses propres qualités et ne se trouve aucune circonstance atténuante. C'est lui et seulement lui qui a « toujours tout raté », il en est parfaitement conscient et le déplore : « Tous les dons m'auront été épargnés sauf la lucidité. ». Il se décrit comme « incapable », « inutile ».Même s'il trouve la vie cruelle, il ressent avant tout de la honte : « J'ai honte de moi », p.5.  

  1. Un fatalisme sombre

Nombre de ses propos dénotent un fatalisme sombre. Le narrateur insiste sur le fait que sa vie est essentiellement subie par lui : p.6, de « j'avais été conçu » à « je les avais subis ». Et même alors qu'il prétend reprendre la main sur sa vie, il ne parvient pas à ressentir les choses pleinement, reste indifférent face à son insignifiance et en tire un reproche supplémentaire à se faire : p.7, de « Je me blâmai » à « justement ? ». Mais sa logique d'autodénigrement le rattrape et il revient rapidement à la première grille de lecture de son existence : puisque sa vie est sans valeur, il n'y a aucune raison de se mettre dans tous ses états au moment d'en finir : p.7, « Et pourquoi donnerais-je à la dernière minute une valeur à cette vie que je quitterais parce qu'elle ne valait rien ? ».

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