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Commentaire "Demain dès l'aube", Victor Hugo

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Par   •  17 Novembre 2017  •  Commentaire de texte  •  2 566 Mots (11 Pages)  •  3 044 Vues

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  1.                 Demain dès l’aube :
  2.                Introduction

       « Demain dès l’aube» de Victor Hugo a été publié dans le recueil Les Contemplations en 1856. Il appartient au groupe de poèmes consacrés à sa fille Léopoldine, décédée quatre ans plus tôt Ecrit en 1847, il est daté du 3 septembre, veille de la mort de Léopoldine. Il est composé de trois quatrains d'alexandrins en rimes croisées. Comment ce poème d’amour se métamorphose progressivement en poème de deuil ? Comment Hugo immortalise Léopoldine par le souvenir et la poésie ? Nous verrons dans une première partie que ce poème en apparence un poème d’amour est un poème de deuil dans lequel le poète exprime sa douleur qui lui permet de faire vivre sa fille.

  1.                   I – En apparence, un poème d’amour.
  1.                 A – Adresse à une femme aimée et vivante

          La première strophe suggère que le poète s’adresse à une femme aimée et vivante qu’il est impatient de rejoindre : « Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps » (v. 4). En effet, l’amante est rendue présente à travers l’apostrophe « Vois-tu »,( v. 2) et le jeu d’alternance entre le « je » et le « tu » qui donne une impression de dialogue : « Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends » (v. 2), « Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps » (v. 4). On retrouve aussi un parallélisme entre les vers 4 et 8 : « Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps »//« Triste, et le jour sera pour moi comme la nuit » qui renforce l’idée d’un amour partagé. L’emploi du présent souligne  encore l’effet de présence de la femme aimée, permettant d‘induire qu’elle est vivante.

       Ainsi, le poème débute comme un poème galant traditionnel, voire une chanson d’amour.

En effet, le rythme régulier de l’alexandrin et la structure anaphorique de la première strophe font penser à une chanson : « J’irai par la forêt, j’irai par la montagne » (v. 3).

  1.                   B – Un itinéraire déterminé pour rejoindre l’être aimé

        Le poème est ponctué de verbes de mouvement qui marquent un itinéraire : « Je partirai », « J’irai » (v. 1-2), « Je marcherai » (v. 5), « J’arriverai » (v. 11).

       La progression du poète est à la fois spatiale et temporelle.

On observe d’abord une succession d‘indications temporelles : « Demain, dès l’aube, à l’heure où » (v. 1), « longtemps » (v. 4), « le jour », « la nuit », « soir » (v. 8-9), « quand j’arriverai » (v. 11).

On note ensuite une progression spatiale, marquée notamment par la succession des paysages et des compléments de lieu, qui soulignent l’idée de passage : « la campagne » (v. 1), « la forêt », « la montagne » (v. 3), « dehors » (v. 6), « les voiles » (synecdoque du bateau, qui suggère un paysage maritime), « vers Harfleur », « sur ta tombe » (v. 10-11).

Ce voyage est mis en valeur par la place des verbes de mouvement en début de vers, et soulignée par l’anaphore : « J’irai par » (v. 3), qui traduit la détermination du poète.

Cette détermination s’exprime aussi avec l’emploi du futur qui témoigne à la fois de la certitude et de la volonté de Victor Hugo : « Je partirai », « J’irai » (v. 1-2), « Je marcherai » (v. 5), « sera », « Je ne regarderai » (v. 8-9), « j’arriverai », « je mettrai » (v. 11).

La volonté du poète de partir et son caractère décisif sont intensifiés par le rejet au début du vers 2 : « Je partirai. »

              Cependant cet itinéraire ne mène pas le poète à l’amour mais à la mort.

  1.                  C – Une chute surprenante : un poème funèbre

        Dès la deuxième strophe, le ton change. Le registre pathétique apparaît : « Seul, inconnu, le dos courbé », « Triste » (v. 7-8). On passe de la lumière (« blanchit », v. 1) à l’obscurité (« Sans rien voir » (v. 6), « le jour pour moi sera comme la nuit » (v. 8)). La dernière strophe est marquée par un mouvement progressif de chute qui s’exprime à travers l’emploi des verbes « tombe »  (v 9) « descendant » (v. 10). Les deux derniers vers, qui constituent la chute, éclairent le sens du poème et invitent le spectateur à le relire. On comprend en effet que le poète va se recueillir sur la tombe de sa fille (« je mettrai sur ta tombe/Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur ») (v. 11-12). La chute est doublement soulignée par l’homophonie entre « tombe » (du verbe « tomber », v. 9) et le nom « tombe » (v. 11) qui désigne le lieu où sont enterrés les morts.

        Les retrouvailles potentiellement amoureuses suggérées par l’interpellation du locuteur « Vois-tu, je sais que tu m’attends. »,(v. 2 ; « Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps,( v. 4) se changent en retrouvailles morbides.

Transition : Si « Demain dès l’aube » présente de prime abord les apparences d’un poème d’amour, il se métamorphose progressivement en poème de deuil. L'insistance à vouloir partir  s'explique par le chagrin d'une séparation.

  1.                   II – L’expression de la douleur du deuil
  1. A – Le refus des consolations de  la nature.

        Alors que  Victor Hugo , dans de nombreux poèmes,  trouve une consolation dans la nature, comme la plupart des Romantiques , ici, il ignore la nature tant il est absorbé par ses pensées et  accablé « le dos courbé » (v7). Les négations s’accumulent : « ne puis » (v. 4), « Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit » (v. 6), « Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe/ Ni les voiles au loin » (v. 9-10).

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