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Anthologie Poétique, Les Péchés Capitaux

Commentaire d'oeuvre : Anthologie Poétique, Les Péchés Capitaux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Janvier 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  4 987 Mots (20 Pages)  •  1 005 Vues

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        La Beauté comme la Laideur, le Bien comme le Mal, les Vertus comme les Péchés trouvent leur meilleur compte rendu dans la poésie ; thèmes complémentaires qui resteront probablement à jamais des plus traités par les artistes, qu'importe leur discipline. Cependant, fidèles au pessimisme humain (après tout les Vices sont bien plus vivifiants que les Vertus !), les Péchés sont, eux, beaucoup plus souvent représenté par l'art.

Dans les religions (ainsi que dans certaines sectes), le péché est une transgression volontaire ou non de la loi divine. Il est souvent défini comme une désobéissance, un refus, un obstacle au salut ou encore comme une cause de mort de l'âme. Ici, nous nous intéresserons plus particulièrement aux Sept Péchés Capitaux, qui dans la religion catholique correspondent aux péchés dont découlent tous les autres. Thomas d'Aquin, religieux dominicain du XIIIe siècle, identifie les Péchés Capitaux comme étant les suivants :

-Luxuria : La Luxure, recherche des plaisirs sexuels

-Avaritia : L'Avarice, à savoir l'attachement excessif à l'argent et aux richesses

-Invidia : La Jalousie, c'est à dire l'hostilité et le dépit à l'égard de celui qui possède ce que l'on n'a pas.

-Superbia : L'Orgueil , soit l'opinion trop avantageuse de soi-même

-Acedia : La Paresse, soit la fainéantise et la nonchalance

-Gula : La Gourmandise, à comprendre l'obsession de la nourriture

-Ira : La Colère, cette grande irritation, ce violent emportement traduisible par l’agressivité

Dans cette anthologie nous présenteront dix textes qui exprimeront au mieux notre catharsis.

  • « Le Paranymphe d'une nymphe macabre » C. Baudelaire
  • « La Cuisine » A.Samain
  • « Faim » A. Rimbaud
  • « Le Lézard » Lamartine
  • « Le paresseux » Saint Amant
  • « Le Christ aux oliviers » Nerval
  • « Le Trésor et les deux Hommes » La Fontaine
  • « Le Génie » V.Hugo
  • « Le Laboureur et le serpent qui lui avait tué son fils » Esope
  • « Chant premier, 7 des Chants du Maldoror » Lautréamont

Ainsi, nous espérons que vous vous plairez à lire les pages qui suivront et que vous ne vous égarerez pas du chemin si vous y parvenez. Pardonnez nous aussi pour ce manque d'informations présents dans ces quelques lignes. Mais après tout, comme disait Montaigne, « Un suffisant lecteur découvre souvent les écrits d'autrui des perfections autres que celles que l'auteur y a mises et aperçues, et y prête des sens et des visages plus riches ».

I - Luxuria, La Lucxure

Nous avons tout d'abord choisi Le Paranymphe d'une nymphe macabre pour la luxure, thème très apprécié de Charles Baudelaire. Il nous semblait être une bonne chose de commencer par le texte nous ayant le plus marqué. En effet, les Fleurs du Mal nous ont fait entré brusquement dans l'univers de la Poésie et c'est ce poème particulièrement complexe dans sa forme et son fond qui a retenu notre souffle jusqu'au dernier vers pour nous faire frissonner d'un étrange sentiment.

I
Tu n’es certes pas, ma très-chère,
Ce que Veuillot nomme un tendron.
Le jeu, l’amour, la bonne chère, 
Bouillonnent en toi, vieux chaudron !
Tu n’es plus fraîche, ma très-chère,

Ma vieille infante ! Et cependant
Tes caravanes insensées
T’ont donné ce lustre abondant
Des choses qui sont très-usées,
Mais qui séduisent cependant.

Je ne trouve pas monotone
La verdeur de tes quarante ans ;
Je préfère tes fruits, Automne,
Aux fleurs banales du Printemps !
Non ! tu n’es jamais monotone ! 

Ta carcasse a des agréments
Et des grâces particulières ;
Je trouve d’étranges piments
Dans le creux de tes deux salières ;
Ta carcasse a des agréments !

Nargue des amants ridicules
Du melon et du giraumont !
Je préfère tes clavicules
À celles du roi Salomon,
Et je plains ces gens ridicules !

Tes cheveux, comme un casque bleu,
Ombragent ton front de guerrière, 
Qui ne pense et rougit que peu,
Et puis se sauvent par derrière
Comme les crins d’un casque bleu.

Tes yeux qui semblent de la boue,
Où scintille quelque fanal,
Ravivés au fard de ta joue,
Lancent un éclair infernal !
Tes yeux sont noirs comme la boue !

Par sa luxure et son dédain
Ta lèvre amère nous provoque ;
Cette lèvre, c’est un Éden
Qui nous attire et qui nous choque.
Quelle luxure ! et quel dédain ! 

Ta jambe musculeuse et sèche
Sait gravir au haut des volcans,
Et malgré la neige et la dèche
Danser les plus fougueux cancans.
Ta jambe est musculeuse et sèche ;

Ta peau brûlante et sans douceur,
Comme celle des vieux gendarmes,
Ne connaît pas plus la sueur
Que ton œil ne connaît les larmes.
(Et pourtant elle a sa douceur !) 

II


Sotte, tu t’en vas droit au Diable !
Volontiers j’irais avec toi,
Si cette vitesse effroyable
Ne me causait pas quelque émoi.
Va-t’en donc, toute seule, au Diable !

Mon rein, mon poumon, mon jarret
Ne me laissent plus rendre hommage
À ce Seigneur, comme il faudrait.
« Hélas ! c’est vraiment bien dommage ! »
Disent mon rein et mon jarret. 

Oh ! très-sincèrement je souffre
De ne pas aller aux sabbats,
Pour voir, quand il pète du soufre,
Comment tu lui baises son cas !
Oh ! très-sincèrement je souffre !

Je suis diablement affligé
De ne pas être ta torchère,
Et de te demander congé,
Flambeau d’enfer ! Juge, ma chère,
Combien je dois être affligé, 

Puisque depuis longtemps je t’aime,
Étant très-logique ! En effet,
Voulant du Mal chercher la crème
Et n’aimer qu’un monstre parfait,
Vraiment oui ! vieux monstre, je t’aime ! 

Magdalena Korzeniewska est une artiste du XXIe siècle qui à peint ce tableau, Danse Macabre. Nous avons choisi cette œuvre car elle représente à merveille cet infâme mélange d'amour et de mort, thème souvent relié par la luxure autant dans ce poème que dans cette illustration.[pic 1]

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