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Analyse Linéaire Une Charogne - Charles Baudelaire

Fiche de lecture : Analyse Linéaire Une Charogne - Charles Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Juin 2022  •  Fiche de lecture  •  2 023 Mots (9 Pages)  •  994 Vues

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« Une Charogne »[pic 1][pic 2][pic 3][pic 4][pic 5][pic 6][pic 7][pic 8][pic 9]

Analyse linéaire

Introduction :

28e poème du recueil, issu de la section « Spleen et Idéal », Une Charogne » se situe entre les poèmes Le Serpent qui danse » et « De profundis clamavi », tous inspirés par Jeanne Duval. Composé de douze quatrains alternant alexandrins et octosyllabes en rimes croisées, ce poème a pour thème un cadavre en décomposition qui étrangement permet au lecteur d'assister à la naissance d'une « Fleur du Mal » et de comprendre les étapes de l'activité poétique, leur sens et leur importance.

Baudelaire fait le choix, avec « Une Charogne », d'un thème nouveau : l'horrible pour déclarer son amour. Par là, le poète remet en question une conception importante de l'art : ne doit-il qu'évoquer la beauté ?

Structure générale du poème :

Attention : cinq strophes du poèmes ont été enlevés pour cette analyse (str 5, 6, 7, 8, 9)

Vocabulaire

[pic 10]Lubrique : qui cherche à susciter un fort penchant pour les plaisirs sexuels.

Exhalaisons : odeurs, effluves, émanations.

Vermine : ensembles des insectes parasites de l'homme et des animaux.

I – Titre et première strophe

Le titre « Une Charogne » indique ce qui va suivre : la description d'un cadavre en décomposition. Ce titre dès le départ interpelle car ce n'est généralement pas un sujet que l'on traite en poésie. Dès le début, Baudelaire fait le choix d'un thème plutôt novateur pour le genre et l'époque. C'est l'horreur et la laideur qui sont annoncées mais c'est aussi la destruction causée par la fuite du temps.

Dans la première strophe, dès le 1er v. Le poète s'adresse à une personne à travers l'apostrophe et l'emploi de la deuxième du pluriel (valeur de politesse ici). Le lecteur comprend dans les strophes finales qu'il s'agit précisément de la femme aimée à travers les expressions « étoiles de mes yeux » (v. 39), « mon ange » (v. 40) ou encore « ma beauté » (v. 44) bien que dès le premier vers il emploie le mot mon âme » pour la désigner. Le cadre présenté est plutôt euphorique et bucolique « beau matin d'été si doux » (v. 2) avec ici un superlatif hyperbolique et des adjectifs mélioratifs, « sentier » (v.3), plus loin on retrouve « le soleil rayonnait » (v. 9).

Le poète semble évoquer un souvenir ainsi que l'indiquent les temps du récit : passé simple « vîmes » (v. l) et l'imparfait « ouvrait » (v. 7)

=> Il s'adresse à la femme aimée en évoquant un souvenir commun ainsi que l'indique le pronom « nous».

Pourtant à ce cadre idyllique s'ajoutent des éléments dysphoriques (de malaise, d’anxiété) puisque le substantif « charogne » apparaît dès le v. 3. En outre, l'adjectif qualificatif qui le suit, « infâme », vient rimer avec « âme ». Ainsi le poète, de manière habile sème de l'ironie dans son poème, si on ajoute à cette rime les expressions hyperboliques du v. 2 (adjectif avant le nom et emploi de l'adverbe intensif) qui viennent contraster avec le souvenir évoqué (un cadavre en décomposition) et la situation présentée (une promenade en amoureux). Cet entrecroisement qui structure tout le poème est renforcé par le schéma de rimes.

II-  2ème strophe

 A la fin de la première strophe (v. 4) et dans la deuxième strophe débute la description de la charogne qui est comparée à « une femme lubrique » (v. 5). Le cadavre est même personnifié « jambe » (v. 5), « suant » (v. 6), « ventre » (v. 8). La charogne est présentée tel un modèle qui pose pour l'artiste.

On remarque également des indices à connotation sexuelle tels que les adjectifs « lubrique » (v.5) et « brûlante » (v. 6), le participe présent « suant » (v. 6) mais aussi la pose « jambe en l'air » et le « ventre » qui fait référence aux parties intimes.

Enfin, le terme « exhalaisons » rappelle le parfum de la femme mais ici, il prend une dimension négative et se transforme en « puanteur » (v. 15).

[pic 11][pic 12]Baudelaire établit un lien entre la femme aimée et le cadavre décomposé. On peut même dire que la femme disparaît au profit de la charogne à partir de cette deuxième strophe pour ne revenir qu'à la dixième. [pic 13]

=> A travers cette description, Baudelaire vise la précision par la comparaison. Il fait également intervenir les sens de la vue, du toucher et de l'odorat. Par la synesthésie, le poète donne vie à ce qu'il décrit.

III-  3ème strophe

Progressivement dans la troisième strophe, Baudelaire conduit le lecteur vers la laideur. Ainsi, il débute l'évocation de la décomposition par l'effet du soleil au v. 9. D'ailleurs cet élément vient contraster avec le terme « pourriture ». Par cette antithèse, on retrouve la thématique de la boue et l'or.[pic 14]

L'emploi du verbe « cuire » dans la comparaison au v. 10 est encore une fois ironique car le terme culinaire est en contradiction avec l'élément évoqué. [pic 15]Néanmoins, le poète rappelle qu'il s'agit d'un phénomène naturel ainsi que l'indique la personnification de la nature au v. 11. La nature reprend son dû ainsi que l'indique le v. 12. Par cette idée, Baudelaire évoque le passage du temps, le côté éphémère de l'homme et de l'animal.

=> Ainsi on pourrait presque penser, à partir de cette strophe, que la description (majorité de verbes à l'imparfait) de la charogne s'apparente au genre pictural de la nature morte ou de la vanité (genre pictural qui consiste à représenter des objets ou des animaux ou des végétaux qui étaient symboliques des grands sujets liés à l’humanité comme le temps, la mort, la nature, les arts, les loisirs…). Tout d'abord, l'évocation de la lumière par le « soleil » met en valeur l'objet représenté suivant la technique picturale du clair-obscur (voir les tableaux de Georges de La Tour, qui illustrent ces thèmes. Ensuite on retrouve les thèmes fondamentaux de ce genre : l'idée de la corruption de la matière « pourriture » (v. 9), de la fuite du temps « rendre[...] à la grande nature » (v. 11), mais aussi de la fragilité de la vie à travers la symbolique de la « fleur » au v. 14, ou encore la vanité des biens de ce monde avec les invocations « ô la reine » (v. 41) « ô ma beauté » (v, 44) qui par extension rappellent richesse et coquetterie.

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