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Analyse L'Etranger de Camus

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Par   •  29 Novembre 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 929 Mots (8 Pages)  •  960 Vues

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De l’étrangeté à l’absurde

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L’étranger ?

L’étranger, c’est Meursault, présent à chaque ligne du roman dont il prend en charge la narration mais étonnamment absent à tout ce qui l’entoure, indifférent au monde. De cette distance par rapport aux êtres et aux choses (hormis le monde naturel/Meursault sensible) naît le caractère étrange du héros, déstabilisateur pour le lecteur (voir 1ère partie, incipit, passage de la morgue, journée du dimanche, passage sur le mariage avec Marie…).

Meursault est d’abord étranger au jeu social (ne « respecte » pas  les conventions par rapport au rituel de la mort par exemple – fume dans la morgue, boit un café, établit une liaison avec Marie alors que sa mère vient de mourir, va voir un film comique alors qu’il est en deuil…), à la religion. Meursault préfère en effet sa propre vérité, accepte ce qu’il est sans vouloir paraître, refuse de rentrer dans le rôle du fils aveuglé par une peine qu’il ne ressent pas, refuse de rentrer dans le rôle du criminel se repentant d’un meurtre qu’il ne regrette même pas…

Ensuite, Meursault est étranger aux autres hommes. Sans les rejeter (puisqu’il travaille, est sur le point de se marier, se fait des amis…) il n’est pas à l’origine des actes qui le sociabilisent : il les accepte parce qu’il ne voit pas de raison de les refuser. Il dit souvent que tout se vaut, que rien n’a d’importance, que tout lui est égal. Il n’agit pas et se montre la plupart du temps passif. Les véritables « options », les choix, il les prendra lorsqu’il sera en prison, sous la forme du refus. Exclu de la société, prisonnier attendant son procès, puis condamné attendant son exécution, il se pliera à la justice des hommes en refusant tout secours, humain ou divin.

Enfin et peut-être surtout, Meursault semble étranger à lui-même. Dans la première partie du roman, il n’est pas intéressé par ce qui lui arrive (il ne participe pas). Il laisse l’initiative aux autres et se borne à un rôle d’observateur (minutieux cependant). Il se montre toujours réservé, distant, étonné des événements et semble souvent ne pas comprendre (« cela ne veut rien dire »). Dans la deuxième partie, et tout particulièrement lors de son procès, il est étranger à sa propre affaire : comme s’il n’était pas l’auteur du crime qu’on lui reproche (voir explication où Meursault spectateur de son propre procès !). Il ne parvient pas à se mettre dans la peau d’un criminel, étranger au monde de la justice dont il ne comprend pas les enjeux. Pourtant, durant les onze mois d’interrogatoires, il commence à percevoir qu’il est écarté de sa propre affaire, sans jamais chercher à analyser les raisons de cette mise à l’écart, et durant les deux jours que durera le procès, ce sentiment ira s’amplifiant. C’est bel et bien au cours de cette deuxième partie que Meursault s’ouvrira à la conscience de lui-même, à la découverte de ce qui constituait les bonheurs de sa vie d’homme libre, et cette prise de conscience l’amènera à la révolte, à l’affirmation de son identité, de ses certitudes, des ses refus, de ses choix.

        [Attention, on pourrait aussi dire que du point de vue de Meursault, c’est la société qui lui est étrangère (dans son refus d’admettre les différences, dans sa volonté normative, ses conventions, ses codes, ses raisonnements (voir procès et ce que l’on veut dire, faire de lui…=> Meursault dit toujours ne pas comprendre : le monde, lui-même, la société demeurent étrangers.]

=> Ce statut d’observateur d’une société qui semble étrangère permettra de faire émerger la critique de cette société (voir // avec Voltaire ou Montesquieu qui au XVIIIe siècle avaient compris les ressources de ce regard de l’étranger sur leur propre société : le persan à Paris (Lettres persanes) révèle les mœurs et coutumes étranges des français, Micromégas sur terre révèle la vanité et l’orgueil démesuré des hommes, leur folie, Candide découvre progressivement les horreurs du monde qui l’entoure…) => L’étranger ce n’est plus l’autre mais le « nous-mêmes » dans le regard de l’autre…

Dans notre œuvre, L’Etranger malgré lui comprend l’écart qui se crée entre lui et les hommes et ce regard « décalé » qu’il nous offre révèle une société qui exclut, condamne, juge en cherchant à  donner des significations aux choses qui n’en ont pas… => absurde]

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Le sentiment de l’absurde

La philosophie de l’absurde. Un roman est une « philosophie en images » dira un jour Camus. => On pourrait dire que L’Etranger trouve ainsi son explication dans un ouvrage écrit au même moment, Le mythe de Sisyphe.

Définition de l’absurde.

« Angoisse de l'homme en face d'un monde dépourvu de sens ainsi que les conduites mensongères qu'il adopte pour échapper à la lucidité ou à la liberté. »

L’absurde naît de la confrontation entre le caractère irrationnel du monde et « le désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme ». L'absurde n'est ni dans l'homme ni dans le monde, mais dans leur présence commune. Il naît de leur antinomie.

La notion d'"absurde" parcourt le XX siècle (naît entre les deux guerres) On parle de « théâtre de l'absurde » en évoquant Beckett et Ionesco mais cette notion reste surtout liée à Camus en raison de l'essai qu'il lui a consacré Le Mythe de Sisyphe. L'auteur y définit l'absurde à la foi comme un état de fait (le caractère mécanique et insensé des actions humaines, l'absence fondamentale de toute raison de vivre) et comme la lucidité de l'homme prenant conscience de cet état. Cette prise de conscience est liée à celle de la mort et du temps. Dans cet essai moral Camus propose une vision du monde.  

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