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Abbé Prévost, « Manon ange ou démon », 1731.

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Par   •  27 Janvier 2021  •  Commentaire de texte  •  3 166 Mots (13 Pages)  •  3 562 Vues

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Commentaire de texte « Manon ange ou démon », 1731.

L'Abbé Prévost, né Antoine François Prévost en 1697 et mort en 1763, fils d'un conseiller et procureur du roi, était un écrivain, un historien et un homme d’église puisqu’il devint religieux à l'âge de 24 ans. Publié en 1731, Son roman Manon Lescaut deviendra vite son plus grand succès : en effet l’ouvrage raconte l’histoire rocambolesque du Chevalier Des Grieux ainsi que de Manon Lescaut. Cette scène est extraite du septième tome des mémoires d’un homme de qualité, dont on a pris l’habitude de l’extraire sous le titre de Manon Lescaut. Le chevalier Des Grieux raconte la passion qu’il a voué à la jeune Manon pendant quatre ans, durant lesquelles Manon l’amène assumer jusqu’au déshonneur la passion absolue qu’il lui voue dont la réalisation de certaines complaisances douteuses que Des Grieux justifié par la passion portée à sa jeune maitresse.

Dans la scène étudiée, «  Manon, ange ou démon », celle-ci se montre déterminée à prouver à son amant (Le vieux Chevalier Des Grieux) qu’elle ne l’a pas trompé avec le Prince Italien ; ce dernier  survenant à l’improviste chez Des Grieux, croyant sans doute retrouver Manon seule dans son appartement.

Comment Manon se sera-t-elle jouée de deux hommes (le chevalier Des GRIEUX et le Prince Italien) et pourquoi ?

Le commentaire de texte portera sur la double tromperie de Manon. Dans un premier temps, nous montrerons en quoi ce texte appartient au registre théâtral et, dans un deuxième temps, nous allons dépeindre le portait de Manon : une femme manipulatrice « mi ange- mi démon », le chevalier Des Grieux et le Prince Italien n’étant que deux objets au service du plaisir personnel de la jeune femme. Manon, cependant, reste touchante, elle tient énormément a la sécurité que lui procure l’amour du Chevalier Des Grieux.

Le discours théâtral est constitué soit par des dialogues entre diverses personnages soit par un long discours que l’on appelle une tirade, destinée à informer ou et à émouvoir le lecteur de la pièce. L’exercice du discours direct par les dialogues met en évidence l’énonciation, montrant l’intention de l’acteur mais aussi le contenu du texte. Nous pouvons y trouver aussi le dialogue intérieur (l’acteur se parle à lui-même), mais aussi quelques monologues de type narratif, parfois interrompus par un questionnement intense et répété représenté par la figure de style : l’accumulation.

Enfin, le rire dans le théâtre a toute son importance, car il est porté bruyamment, mais reste dénué de mots, parfois on peut en deviner la signification (à type de moquerie, dont l’exemple peut être celui de Toinette, servante de Monsieur Jourdain face à  son  habit  de personne de qualité, dans la comédie du bourgeois gentilhomme).

Aussi dans cet extrait commenté, nous retrouvons le rire de Manon, énigmatique, qui nous interroge sur ce qu’elle est vraiment.

L’action dans cet extrait respecte la règle des trois unités propre au théâtre classique, l’unité de lieu de temps et d’action.

En effet la scène est courte, et l’unité de lieu est raconté par le chevalier Des Grieux, celui-ci semble parler au public, non pas en aparté car il reste à l’intérieur de l’action.

De Grieux se dit des répliques à lui - même»,  ligne 2 « Nous rentrâmes dans son cabinet. Par ses phrases, il nous indique le lieu et nous indique aussi une des genres de relation qu’il entretient avec Manon « Elle se mit à rajuster mes cheveux, et ma complaisance me faisait céder à toutes ses volontés » … c’est lui qui annonce aussi la venue du troisième personnage de la scène, le chevalier Italien. Des Grieux s’interroge, il est inquiet, il exprime son inquiétude par l’accumulation, figure de style répétitive accompagnée à chaque fois par point d’interrogation :« Quoi donc ? Qui ? Quel prince ? » accompagné aussi d’une didascalie (m’écriai-je en la repoussant). Il souligne le silence de Manon : «  elle ne répondit pas à mes questions » ligne 5.

Voici donc réalisé le début de la pièce par la présentation des personnages et l’amorce de l’action, un chevalier arrive, qui est-il, que veut-il ?

L’action est menée par l’héroïne, ici c’est Manon qui donne un ordre vif au valet : « fais-le monter ! » ligne 5, les valets étaient des domestiques, le tutoiement met en évidence le peu de respect qu’on leur accorde.

Les lignes de 6 à 8 signent dans le discours théâtral : la première tirade de MANON est sensée nous émouvoir, c’est une longue tirade avec des suppliques, des effets d’accumulations.

Elle s’adresse tendrement à Des Grieux : « Cher amant ! », puis elle le désigne du doigt : « toi que j’adore », à ce début de phrase s’ajoute une didascalie descriptive (reprit-elle d’un ton enchanteur), puis elle entre dans une demande s’apparentant à une supplique, à laquelle s’ajoute donc un effet d’accumulation le mot moment est souvent employé : « je te demande un moment de complaisance. Un moment, un seul moment » Elle met en jeu son amour qu’elle promet mille fois plus fort et jure d’une fidélité éternelle, en contraste avec un seul moment. L’instant pour le spectateur semble capital car elle joue toute sa vie amoureuse future avec le chevalier Des Grieux.

L’action se déplace  brusquement, pouvant laisser deviner la venue d’une turbulence dans la scène.

Des Grieux nous la raconte au cours des lignes 10 à 15  « Mais, entendant ouvrir la porte de l’antichambre, elle empoigna d’une main mes cheveux, qui étaient flottant sur mes épaules, elle prit de l’autre son miroir de toilette ; elle employa toute  sa force pour me traîner dans cet état jusqu’à la porte du cabinet; et, l’ouvrant du genou, elle offrit à l’étranger…..étonnement ».

Nous arrivons ensuite alors au nœud dramatique de la pièce : la harangue de Manon, tandis que Des Grieux est aussi présent : il s’agit d’une autre longue tirade de Manon, contrastant avec sa précédente tirade. Manon joue son « va-tout », elle semble vouloir humilier le chevalier Italien, l’empêchant de s’exprimer au cours des lignes 20 à 25. Elle emploie l’impératif, parle à la premier personne du singulier, et sa tirade se termine par le fait qu’elle considère un cheveu de Des Grieux au-dessus de tout, comme « un superlatif absolu ». « Voyez, monsieur, lui dit-elle, regardez-vous bien et rendez-moi justice. Vous me demandez de l’amour.  L’homme que j’aime et que  j’ai juré d’aimer toute ma vie. Faites la vous-même. Si vous croyez pouvoir lui disputer mon cœur, apprenez-moi donc sur quel fondement ; car  je vous déclare qu’aux yeux de votre servante très humble, tous les  princes d’Italie ne valent pas un des cheveux que moi  je tiens »

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