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La mémoire de la Shoah en France depuis 1945

Discours : La mémoire de la Shoah en France depuis 1945. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Janvier 2020  •  Discours  •  1 344 Mots (6 Pages)  •  461 Vues

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Le terme Shoah signifie « catastrophe » en hébreu. Il est utilisé pour désigner le génocide de 6 millions de Juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. En France, entre 1940 et 1944, 76 000 Juifs de France, dont 11 000 enfants, ont été déportés vers les camps de concentration et d’extermination nazis. Seuls 2 500 ont survécu, soit 3% des juifs déportés. Ces rescapés des camps de la mort ont regagné la France dès le printemps 1945, mais leurs souvenirs ont longtemps été occultés ou confondus avec la mémoire de la déportation et, ce n’est que très progressivement, que la mémoire de la Shoah a émergé.

Comment, de la Libération à nos jours, est-on passé d’une mémoire de la déportation globale à une mémoire spécifique de la Shoah ?

Dans une première partie, nous évoquerons le silence qui accompagne le retour des déportés juifs au lendemain de la Libération, puis nous nous intéresserons à l’émergence d’une mémoire du génocide au cours des années 1970-1980. Enfin, nous montrerons que, depuis les années 1980, la mémoire de la Shoah s’est institutionnalisée pour s’ancrer dans la société française.

A Paris, au lendemain de la capitulation allemande le 8 mai 1945, débute le retour des premiers survivants .Celui-ci est très mal vécu.

Bien que certains aspirent à la perspective de retrouver un proche déporté, la réalité de l’horreur des camps nazis est un immense choc pour la population. Marquée par 5 ans de guerre, cette dernière refuse d’entendre plus de témoignages d’horreurs, ce qui pousse ainsi beaucoup de déportés à passer sous silence leurs expériences dans les camps de concentration et d’extermination.

L’attention est surtout focalisée sur les politiques et les résistants tandis que les déportés juifs, eux, mal considérés car vaincus, s’effacent. Leur vérité dérange.

Les chiffres expliquent en partie ce phénomène. Tout d’abord, sur 76 000 déportés juifs de France vers les camps, seuls 2500 reviendront. Ces rescapés sont noyés dans la masse des survivants prisonniers de guerre, STO ( service du travail obligatoire ) et déportés politiques. Ces derniers rentrant en plus grand nombre. Ensuite, le général De Gaulle, à la direction du GPRF ( gouvernement provisoire de la république française ) de 1944 à 1947, qui désire voir le peuple de France uni, impose une image forte de la France en se plaçant dans le camp des vainqueurs et en se focalisant sur les actes de résistance occultant ainsi la mémoire de guerre des déportés juifs. Ajoutons aussi que le discours d’André Malraux du 19 décembre 1969, ministre de la culture du général De Gaulle, appuie la vision gaulliste et le mythe du résistancialisme* ( le fait que la France aurait été unanimement résistante) qu’ont instaurés gaullistes et communistes tout en glorifiant chacun leurs héros, et en faisant le silence sur le fait qu’une majorité de Français ait accepté la collaboration.

Finalement, la déportation politique l’emporte sur la déportation raciale.

En 1961, est jugé Adolf Eichmann, criminel de guerre nazi qui organisa la logistique de « la solution finale », accusé entre autres de crimes de guerre et de crime contre l’humanité. Son procès eut un rôle majeur dans la construction de la mémoire de la shoah en révélant au monde entier les atrocités nazies. La parole se libéra et de nombreux survivants se sentirent enfin capable de raconter leur histoire et leur douleur.

Il faudra patienter jusqu’aux années 70 pour qu’émerge une mémoire du génocide.

Les années 70 vont amener l’opinion publique à reconsidérer les responsabilités du régime de Vichy pendant l’occupation.

Une nouvelle génération apparaît, les français qui n’ont pas connu les traumatismes de la guerre sont prêts à entendre différents témoignages.

Le mythe du résistancialisme est remis en cause grâce à la fois aux accès aux archives ainsi qu’au travail des historiens et des cinéastes.

En 1973, Robert Paxton publie le livre « La France de Vichy » et remet en cause la thèse de Robert Aron présentant De Gaulle et Pétain agissant ensemble pour préserver la France. Paxton affirme que Pétain n’a pas joué de double rôle avec Hitler en sauvant ce qui pouvait l’être, mais qu’il recherchait la collaboration avec les allemands nazis allant même aux devants des ordres allemands.

« Le chagrin de la pitié », film réalisé en 1969 par Marcel Ophuls, montre à partir d’images d’actualité de l’époque la participation française à la collaboration avec les nazis par choix idéologique. Le film, créant un scandale énorme, est censuré pendant 10 ans, preuve que l’état français n’est pas encore prêt à admettre sa connivence

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