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Dissertation : Personnage Doit-il être séduisant Pour Susciter l'Intérêt du Lecteur?

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Par   •  16 Février 2013  •  3 476 Mots (14 Pages)  •  13 245 Vues

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Sujet 1 : dissertation : personnage doit-il être séduisant pour susciter intérêt lecteur

Introduction

La littérature romanesque regorge de personnages résolument séducteurs et donc fatalement séduisants, ou alors séduisants tout simplement, malgré eux. Certains même sont devenus des archétypes, comme Valmont, héros des Liaisons dangereuses, et bon nombre de titres de romans arborent leur nom suggestif, tels Lovelace de Richardson, Bel Ami de Maupassant ou Nana de Zola, comme un appel irrésistible à la lecture !

Faut-il pour autant affirmer qu'un personnage de roman doit être séduisant pour susciter l'intérêt du lecteur ? Nous étudierons tout d'abord en quoi les personnages séduisants possèdent tous les atouts pour séduire aussi le lecteur, puis nous nous attacherons à montrer que des personnages peu séduisants, voire repoussants peuvent néanmoins plaire au public. Enfin, nous verrons qu'un héros de roman est moins séduisant par ses qualités intrinsèques que par la dimension que lui confère l'écriture romanesque. 

I. Les personnages séduisants ont des atouts pour susciter l'intérêt du lecteur

1. Une perfection tant physique que morale

Certains personnages sont dotés de telles qualités physiques et morales qu'ils répondent au rêve de perfection du public et lui permettent une identification narcissique. Ils relèvent d'ailleurs plus d'un topos que de l'ancrage réaliste. Ce sont les chevaliers invincibles des romans courtois médiévaux, ou les belles dames pour lesquelles ils risquent leur vie, tels Lancelot et Guenièvre, Tristan et Iseult. Tristan est le parfait chevalier, « glorieux vainqueur du Morholt » le géant qui réclamait un horrible tribut humain au roi Marc, Iseult, « la fille aux cheveux d'or » convoitée par le roi Marc, lui est ainsi décrite par Tristan : « Elle est, sans conteste, la plus belle et la mieux enseignée. Elle excelle dans le chant et le jeu des instruments et elle a appris de sa mère les vertus secrètes des herbes, des fleurs et des racines, en sorte qu'il n'est point de meilleur médecin que cette jeune fille. » Ce sont aussi les héros et héroïnes parfaits et édifiants des romans sensibles desxviie et xviiie siècles qui font l'objet de descriptions hyperboliques et redondantes. L'évocation de la princesse de Clèves, héroïne éponyme du roman de Madame de Lafayette, dont la beauté et la grâce font l'admiration de tous lorsqu'elle paraît à la cour, ne peut que faire rêver le lecteur : « C'était une beauté parfaite, puisqu'elle donna de l'admiration dans un lieu où l'on était si accoutumé à voir de belles personnes. […] La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l'on n'a jamais vu qu'à elle […] » Le duc de Nemours qui tombera amoureux d'elle, n'a d'ailleurs rien à lui envier : « Ce prince était un chef-d'œuvre de la nature ; ce qu'il avait de moins admirable, c'était d'être l'homme du monde le mieux fait et le plus beau. Ce qui le mettait au-dessus des autres était une valeur incomparable, et un agrément dans son esprit, dans son visage et dans ses actions que l'on n'a jamais vu qu'à lui seul. » Citons également Paul et Virginie, les touchants et vertueux héros éponymes du roman de Bernardin de Saint-Pierre, disciple de J.-J. Rousseau, qui incarnent une humanité bonne et naturelle, dotée d'une saine beauté, qui a échappé à la perversion de la civilisation, vivant dans la lointaine île de France (future île Maurice). Comme tous ces héros relèvent d'une certaine idéalité, ils ont aussi ce pouvoir de permettre au lecteur de s'évader du monde réel peuplé d'êtres toujours décevants et imparfaits.

2. Un pouvoir de séduction irrésistible

Certains personnages de séducteurs des romans réalistes des xixe et xxe siècles, davantage ancrés dans la réalité, héros bien en chair et en os, tout comme leurs lecteurs, peuvent dégager un pouvoir de séduction tel qu'ils sont susceptibles de les faire fantasmer à l'instar des protagonistes de papier. C'est le cas de Nana, héroïne éponyme du roman de Zola, pourtant dépourvue de talent artistique, mais qui affole le public masculin lorsqu'elle interprète la blonde Vénus sortant des eaux, au théâtre des Variétés : « Les hommes braquaient leurs jumelles […], elle donna un coup de hanche qui dessina une rondeur sous la mince tunique, tandis que, la taille pliée, la gorge renversée, elle tendait les bras. Des applaudissements éclatèrent. » Carmen, l'héroïne éponyme de la nouvelle de Mérimée, exerce aussi sa séduction sur le lecteur comme sur don José qui ne peut résister à la beauté provocante de l'incandescente Andalouse « au jupon rouge fort court » et qui « écartait sa mantille afin de montrer ses épaules », puisqu'il ramasse la « fleur de cassie qu'elle avait à la bouche, [lui] lança, d'un mouvement de pouce, juste entre les deux yeux ». Les jeunes et beaux héros masculins ambitieux des romans de formation, comme le Rastignac de La Comédie humaine de Balzac, font également rêver les lecteurs. De même que ceux de Stendhal : Fabrice Del Dongo, héros de La Chartreuse de Parme, ou Julien Sorel, héros du roman Le Rouge et le Noir ; ce dernier séduit aussi bien la vertueuse et timide Mme de Rênal que l'arrogante aristocrate Mathilde de La Mole. « Bel ami » est le surnom suggestif donné à Georges Duroy, héros du roman de Maupassant, qui multiplie les conquêtes féminines pour gravir les échelons au sein du journal dans lequel il travaille. Il deviendra significativement à la fin du roman le baron Georges Du Roy, adulé par la foule admirative qui se presse à son prestigieux mariage avec la fille de son patron en l'église de la Madeleine à Paris : « Lorsqu'il parvint sur le seuil, il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante, venue là pour lui Georges Du Roy. Le peuple de Paris le contemplait et l'enviait. » Ce pouvoir de séduction peut aussi être exercé par des personnages inquiétants qui fascinent par leur marginalité, comme la « gitanilla » Carmen, ou leur étrangeté. C'est le cas des femmes fatales que Barbey d'Aurevilly met en scène dans les six nouvelles des Diaboliques, en particulier la flamboyante et fascinante courtisane de La Vengeance d'une femme, comparée à « la reine de Saba » et dont « la robe d'or » attire le héros,

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