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Commentaire linéaire Quand vous serez bien vieille de Ronsard

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Par   •  8 Janvier 2023  •  Commentaire de texte  •  2 100 Mots (9 Pages)  •  434 Vues

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« Quand vous serez bien vieille », Ronsard, 1578.

Introduction

Pierre de Ronsard, est un poète français du XVIème siècle (1524-1585) et fut le meneur du courant de la Pléiade. Il est très connu pour ses poèmes amoureux, dont celui qui nous est présenté ici, le sonnet 43 du recueil Sonnets pour Hélène, publié en 1578. Ce sonnet est composé d’alexandrins qui alternent rimes masculines et rimes féminines, privilégiées par Ronsard pour davantage de régularité.

Lorsqu’il écrit ce poème, Ronsard est à la fin de sa vie. Avec « Quand vous serez bien vieille », il s’adresse à Hélène de Surgères, femme dévolue à un autre et beaucoup plus jeune que lui. Comme il l’a fait précédemment dans es odes et autres sonnets, Ronsard lui écrit afin qu’elle cède à ses avances. Dans ce sonnet en alexandrins alternant rimes embrassées féminines et masculines, Ronsard reprend les topoï du carpe diem d’Horace et de l’amour, donnant une tonalité lyrique au poème mais ce n’en sont pas les seules thématiques. Cela nous amène à nous demander comment Ronsard mêle-t-il cour amoureuse et éloge de la poésie ?

Dans un premier mouvement qui correspond à la première strophe, il est question de la vieillesse. Le deuxième mouvement du texte (2e strophe) traite de la solitude et de l’ennui que Ronsard lui associe. Dans le troisième mouvement, le poète établit un parallèle entre sa situation et la vieillesse d’Hélène, enfin dans le deuxième tercet, le quatrième et dernier mouvement s’apparente à une morale et accompagnée d’une chute.

1ère strophe

Dans le premier quatrain Ronsard évoque la vieillesse de la femme qu’il cherche à séduire. Le thème est frappant dès le premier vers avec l’emploi de l’adjectif qualificatif « vieille », mis en avant par l’emploi de l’adverbe « bien » devant et par son arrivée à l’hémistiche. Là, Ronsard fait une projection puisqu’il entame son propos par une proposition subordonnées circonstancielle de temps « quand vous serez bien vieille » au futur simple ; futur que l’on retrouve au vers 3 avec le verbe « direz ». La vieillesse est encore appuyée dans la suite de ce premier vers avec le complément circonstanciel de temps « au soir » qui renvoie au moment de la journée mais qui fait également référence au soir comme étant la fin de la vie. La précision « à la chandelle » nous donne à voir une ambiance peu lumineuse, avec une lumière vacillante pouvant venir accentuer les traits de la vieillesse sur le visage de la femme.

Les deux vers suivants apportent des précisions sur l’occupation de cette vieille femme : elle a la posture d’une femme de son âge occupée à filer. « Dévidant et filant », fait référence à la mythologie grecques et aux Moires (appelées Parques dans la mythologie latine), ces trois sœurs qui ont entre leurs mains le fil de la vie. La première file, la deuxième tisse (et fait la destinée) et la troisième coupe. Cela rappelle ici le goût des poètes de la Pléiade pour les textes et références antiques. Ces deux verbes, employés au participe présent, montrent ici une activité à première vue paisible mais qui est répétitive. C’est ce que suggère l’emploi du participe présent qui fait durer les actions dans le temps. Ce participe présent est repris par deux fois au vers 3 avec les verbes « chantant » et « émerveillant », créant aussi une assonance en « an » qui rappelle le temps qui s’écoule lentement, mais qui s’écoule quand même.

Cette vieille femme répétant les mêmes gestes semble être réveillée par les paroles du poète qu’elle « chante » et en « s’émerveillant ». La vie que le poète apporte à cette vieillesse est traduite par l’emploi d’une phrase exclamative de Ronsard, qui se nomme lui-même au vers 4, rapportée au discours direct. Il feint ainsi de donner la parole à Hélène. Ce vers achève de placer la scène dans une situation de dialogue grâce à l’emploi des marques de la 1ère personne au vers 3 « mes vers » et de la 2e personne « vous » aux vers 1 et 3. Le vouvoiement traduit une certaine distance qui se pose entre le poète et Hélène mais suggère aussi le respect, le culte de la femme aimée (dans l’héritage de l’amour courtois médiéval). Pour autant Ronsard rappelle, par ce vers que la beauté de celle qu’il cherche à séduire est bien passée puisque l’imparfait est employé à deux reprises. Ronsard évoque également la célébration du poète, celui qui redonne vie et émerveille avec ses mots, ses « vers » (vers 3).

Dès la première strophe le poète ne dépeint pas un portrait très flatteur d’Hélène, qu’il cherche pourtant à séduire. Et cela se poursuite dans le deuxième quatrain.

2e strophe

Dans les vers 5 à 8, Ronsard évoque la solitude et l’ennui qu’Hélène vit au crépuscule de sa vie. La seule distraction qu’elle trouve sont les mots du poète.

Au vers 5 Ronsard est toujours dans la projection dans le futur. Il met Hélène en position de femme soumise à l’ordre. Ici il faut l’entendre comme la femme prête à servir celui qui l’aime. C’est une invitation à la séduction qu’Hélène doit accepter. Si elle ne le fait pas, Ronsard prédit son avenir et sa vieillesse comme morne et terrible, comme on peut le voir au vers 6 : Hélène restera enfermée « sous », donc écrasée par son « labeur » (qui est de dévider et filer, voir vers 2) tout en étant à moitié endormie (« à demi sommeillant ») ou même à moitié morte, si l’on pousse jusqu’au cynisme, bien présent chez le poète. Le participe présent du vers 6 est d’ailleurs en opposition avec celui qui fait la rime au vers 7 « réveillant ». L’antithèse présente deux états différents d’Hélène, le réveil étant provoqué par le poète. Comme dans la première strophe Ronsard met en avant le rôle du poète dans la vie de la femme aimée : elle vit à travers lui et c’est lui qui, par ses mots, sublime la beauté de sa jeunesse, comme le montre le vers suivant avec « bénissant votre nom ».

Le vocabulaire religieux ici est non sans rappeler le respect et l’admiration contenus dans l’amour courtois : le poète « bénit » la femme qu’il aime et la « loue ». La louange est l’action de donner ce qui loue, c’est-à-dire de flatter quelqu’un. Les louanges peuvent également être des chants destinés à Dieu et aux personnages divins. Le nom « louange » est ici renforcé de l’adjectif épithète « immortelle » qui fait de la parole du poète une parole éternelle, placée dans la postérité. Cela va dans logique de prolepse entamée par l’auteur dès le premier vers avec l’utilisation du futur simple. On voit alors apparaître une opposition entre la parole éternelle du poète et le caractère éphémère de la beauté de la femme, d’autant qu’ « immortelle » peut être rapproché de l’adjectif « belle » qui fait la rime du vers 4.

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