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La bureaucratie

Note de Recherches : La bureaucratie. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  11 Mars 2013  •  2 409 Mots (10 Pages)  •  1 240 Vues

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Le terme « bureaucratie » apparaît pour la première fois au milieu du XVIIIème siècle, le vocable dérive de « bureau » et du suffixe « -cratie » ( du grec Kratos : force, puissance). Toutefois, c’est à partir du XIXème siècle, que le phénomène bureaucratique prend une importance majeure pour qualifier un mode d’organisation spécifique qui caractérise les sociétés industrielles. En outre, la question de la bureaucratie, de ses causes et de ses effets apparaît dès le début du XIXè siècle. Il s’agit de la constitution d’un pouvoir administratif à la fois hautement centralisé, régi par des procédures de fonctionnement impersonnelles et anonymes. Cette structure organisationnelle est alors soumise à une rationalité purement instrumentale ou technique, qui tend à se constituer en une entité indépendante soustraite à tout contrôle social et politique.

Cependant, le terme de « bureaucratie » peut aussi avoir une connotation négative. Dans le langage courant, le terme sert souvent à dénoncer la lourdeur et la rigidité de l’administration. Plus fondamentalement, elle renvoie à la dénonciation de la prise du pouvoir par les bureaucrates. Ces derniers sont en effet nommés et non pas élus. L’idée qu’ils puissent parvenir à confisquer le pouvoir au peuple apparaît comme problématique dans une démocratie. D’où l’intérêt d’identifier quels sont les facteurs de dysfonctionnement dans ce type d’organisation indissociable du développement de l’Etat et de l’avènement des sociétés modernes.

I. Les différentes acceptions critiques de la bureaucratie : Les approches antagonistes de la bureaucratie :

Premièrement, la bureaucratie relève d’une analyse du pouvoir d’Etat dans ses formes gestionnaires et administratives modernes. Cette organisation étatique est marquée par l’intensification et l’amplification de ses modalités d’intervention dans le champ social, en même temps que par l’autonomisation des instruments du pouvoir exécutif par rapport au pouvoir parlementaire que par rapport aux contre-pouvoirs immanents à la société civile. En effet, l’appareil administratif se trouve doté de la maîtrise de l’action publique du fait de l’impossibilité de recourir à la seule voie parlementaire et législative pour effectuer les tâches de plus en plus parcellisées attribuées à l’Etat.

La bureaucratie a fait l’objet d’interprétations et d’explications multiples et divergentes. D’une part, au XIXème siècle, la thèse d’Hegel s’oppose à celle de Marx, cette opposition symbolisant le mieux ces visions antagonistes de la bureaucratie. D’autre part, les libéraux s’intéressent également

-Hegel est le premier auteur à avoir expliqué les principes et les fonctions de la bureaucratie, sans utiliser le terme. En outre, dans Principes de la philosophie du droit (1821), il montre que l’Etat incarne la puissance souveraine qui résout et transcende toute opposition. Cette supériorité de l’Etat s’explique par que son action est dirigée par un intérêt universel qui se confond avec l’intérêt particulier du fait de l’équilibre des droits et des devoirs des citoyens.

Ainsi, la bureaucratie permet de produire des relais administratifs qui vont jouer le rôle de médiation entre le pouvoir et le peuple, entre le l’intérêt général et l’intérêt particulier. Ces corps de fonctionnaires - jouant le rôle d’intermédiaires- forment ainsi « l’esprit de l’Etat ». Il souligne ainsi les trois menaces de « sclérose administrative » : le corporatisme, le formalisme, la technocratie.

- A l’inverse, Marx prends ses distances vis-à-vis de son maître à penser Hegel. Il révèle -dans son ouvrage Contribution à la critique de la philosophie du droit (1842) -, la nature fondamentalement inégalitaire du droit prussien, qui se présente pourtant comme égalitaire. Si l’Etat et ses serviteurs sont supposés servir l’intérêt général, ils sont en réalité au couvert d’intérêts privés : ceux de la classe économiquement dominante. Dans ce cadre, la bureaucratie apparaît donc à la fois comme un mode d’organisation et comme une couche sociale parasitaire et minoritaire. Elle contribue à la légitimation de l’ordre social en place en le justifiant par des principes universels. Selon Marx, l’action de la bureaucratie est donc formelle et détachée du monde réel puisque « toute chose a deux significations : l’une réelle, l’autre bureaucratie ». Ainsi, la bureaucratie constitue le dernier but de l’Etat.

De leur côté, les théoriciens libéraux ont très tôt critiqué la bureaucratie, dénonçant sa rigidité et sa propension à s’accroître de manière pathologique. Dans Bureaucracy and Representative Government (1971), William Niskanen –professeur d’économie à l’Université de Chicago- formule le Budget-maximizing model. Selon ce modèle, tout fonctionnaire aurait intérêt à maximiser son budget, afin d’augmenter son pouvoir. Or, ce modèle pose notamment un problème démocratique : en cherchant à maximiser leurs budgets, les bureaucrates finissent par l’emporter sur les élus. Par conséquent, les élus se trouvent donc progressivement marginalisés puisqu’ils sont confrontés à un contrôle croissant de l’administration sur l’élaboration des politiques publiques.

Au total, socialistes et libéraux font une critique similaire au mode d’organisation bureaucratique : il tend à confisquer le pouvoir des citoyens au profit des agents de l’Etat. Mais dans Les partis politiques (1971), Roberto Michels souligne que ce phénomène se produit quelque soit le mode de production choisit (capitalisme ou socialisme). A chaque fois, souligne-t-il, un processus de bureaucratisation conduit un petit groupe de dirigeant à s’autonomiser et à faire passer ses intérêts avant ceux du reste de la société. Il existe ainsi "une loi d’airain de l’oligarchie" qui rend la bureaucratisation inéluctable.

II. Domination et bureaucratie : La bureaucratie, instrument de la domination rationnelle-légale :

Si les théoriciens socialistes et libéraux apportent une acception négative de la bureaucratie, le sociologue Max Weber fait une lecture plus positive du phénomène bureaucratique.

- En outre, Dans Economie et société (1922), le sociologue explique que l’une des principales conséquences du processus de rationalisation du monde est la bureaucratisation de l’organisation administrative. Ainsi, dans les sociétés modernes, l’analyse wébérienne de la domination modélise une typologie de trois catégories idéaltypiques. Les logiques de domination fondées sur la tradition et le charisme,

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