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Le verbe « militer » a-t-il encore du sens ?

Commentaire d'arrêt : Le verbe « militer » a-t-il encore du sens ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Octobre 2014  •  Commentaire d'arrêt  •  1 087 Mots (5 Pages)  •  683 Vues

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Face à la défection qui touche les partis politiques et les syndicats, le verbe « militer » a-t-il encore du sens ? C’est à cette question que Jacques Ion, Spyros Franguiadakis et Pascal Viot, tous trois sociologues et chercheurs au Centre de recherche et d’études sociologiques appliquées de la Loire – CNRS –, ont consacré le présent ouvrage. La problématique n’est pas nouvelle et avait déjà été explorée par Jacques Ion, notamment dans La fin des militants ? (Paris, Éd. de L’Atelier, 1997) et L’engagement au pluriel(Saint-Étienne, Presses universitaires de Saint-Étienne, 2001), succès éditoriaux devenus des incontournables de la sociologie des militants. La thèse est désormais bien connue : le militant d’hier l’était « à partir d’une adhésion préalable, idéologique, syndicale ou politique » (p. 4) et le militant d’aujourd’hui le « devient dans et par l’action, celle de s’engager » (p. 4). Dans une même logique, le militantisme, qui privilégie une inscription longue dans un même collectif, cède du terrain à la militance, plaçant au centre l’action immédiate. Prolongeant cette problématique, les auteurs ne s’intéressent donc pas aux déterminants de l’engagement, mais bien à « comment les individus militent » (p. 6). Pour ce faire, ils s’appuient sur des enquêtes et travaux récents – déjà de référence – en sociologie ou science politique (voir par exemple : Mathieu L., Mobilisations de prostituées, Paris, Belin, 2001 ; Siméant J., La cause des sans-papiers, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1998 ; Péchu C., « Quand les « exclus » passent à l’action. La mobilisation des mal-logés », Politix, 34, 2etrim. 1996, pp. 114-133).

2Découpé en six chapitres, l’ouvrage est facile d’accès et témoigne d’un souci pédagogique appréciable. Le premier s’intitule « Un engagement pragmatique ». Les auteurs montrent que les mouvements d’aujourd’hui sont d’abord tournés vers le concret. Les actions visent souvent à produire des résultats immédiats et s’articulent autour de trois principes : « l’urgence, l’efficacité, la radicalité » (p. 16). Pour autant, les groupements actuels ne sont pas dénués de projet à long terme, comme en témoigne leur implication dans des modes d’action moins immédiats comme l’expertise, la négociation, voire, pour certains, l’élaboration d’outils théoriques.

3Le deuxième chapitre montre comment la publicisation d’une lutte passe de plus en plus par des « performances médiatiques ». On part ici des résultats de travaux déjà anciens (voir : Champagne P., « La manifestation : la production de l’évènement politique », Actes de la recherche en sciences sociales, 52-53, juin 1984, pp. 18-41) pour montrer que l’efficacité d’une action protestataire ne se mesure plus seulement au nombre d’individus mobilisés mais aussi à l’image médiatique produite (ce que Patrick Champagne appelle « la manifestation de papier »). La protestation politique laisse alors davantage de place au témoignage personnel (grèves de la faim) ou aux actions spectaculaires (irruption d’intermittents du spectacle sur les plateaux télé), parfois minutieusement mises en scène pour les médias (les die in d’Act up ! ou les opérations « coup de poing » de Greenpeace). On observe également le développement des médias alternatifs (Acrimed, réseau Samizdat) qui, refusant le jeu des médias dominants, en fournissent une critique et mettent en œuvre leurs propres moyens de communication.

4Le troisième chapitre passe en revue les « Mille et une façons de faire collectif » (p. 48). Les

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