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Fiche De Lecture: La Domination Masculine de Bourdieu

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Par   •  24 Septembre 2013  •  1 750 Mots (7 Pages)  •  5 105 Vues

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I) Présentation de l'auteur, de l'ouvrage et de la méthode

L'auteur

Pierre Bourdieu (1930-2002) est un sociologue et intellectuel français qui a durablement marqué sa discipline. Issu d'un milieu modeste, il a suivi des études de philosophie à l'Ecole Normale Supérieure dont il ressort agrégé. Il a mené ses premières observations sociologiques sur la société Kabyle en Algérie, où il a par ailleurs effectué son service militaire. Bourdieu a donc un parcours atypique qui a eu une influence sur ses objets de recherches et son champs d'analyse qui portent essentiellement sur les hiérarchies sociales. On retrouve ainsi parmi ses ouvrages Les héritiers (1964), La distinction (1970) ou encore La Reproduction (1970).

L'ouvrage

Dans la Domination Masculine, paru en 1998, Bourdieu tente d'analyser la division des sexes afin de mettre au jour ce qui semble naturelle mais qui est en réalité le fruit d'une construction sociale : la domination masculine. Ainsi, la compréhension de l'origine de la domination masculine peut donner de nouvelles pistes afin d'équilibrer les rapports de force entre les sexes dans les différentes institutions sociales. Dans un premier temps, il met donc en lumière les structures symboliques inconscientes à l'origine des perceptions et donc expliquer la manière dont la domination masculine s'est ancrée durablement dans les esprits et dans les corps. Enfin, il expose les structures de domination et démontre qu'elles sont le fruit d'un travail de reproduction incessant auquel contribue l'ensemble de la société.

La méthode

Dans ce livre, Bourdieu développe des idées qu'il avait déjà exposées précédemment dans des séminaires, enquêtes et articles notamment celui paru dans Actes de la Recherche en Sciences Sociales (1990). Il les présente donc ici organisées en trois chapitres de manière plus approfondies : « une image grossie », « l'anamnèse des constantes cachées » et « permanences et changements ». Il utilise également des concepts forgés à partir de ses précédents travaux, comme l'habitus, la violence symbolique ou encore le marché des biens symboliques, pour mettre au jour les modalités d'un rapport de domination entre homme et femme. De même, l'auteur ayant surtout travaillé sur la reproduction sociale et le rôle des institutions qui la conditionne (famille, école, église, Etat), il s'y réfère systématiquement. D'autre part, l'auteur s'appuie particulièrement sur une étude anthropologique de la société Kabyle qui va lui servir de point de comparaison, car elle constitue selon lui qu'une « image grossie » de la notre. Il s'est ainsi basé sur des enquêtes de terrains réalisés sur de nombreuses années mais aussi sur des statistiques qu'il a lui a lui-même menées ou par d'autres sociologues. Enfin, on note que son analyse est aussi nourri par celle d'autres auteurs dont il fait référence comme la figure féministe Virginia Woolf.

II) Etude et analyse de l'ouvrage

Une image grossie

En partant de l'analyse qu'il a menée sur la société Kabyle, Bourdieu a mis au jour la manière dont est configuré l'inconscient androcentrique de cette société. Le détour anthropologique a pour but de mieux révéler les traits d'une structure qu'il considère comme étant un miroir grossissant de notre société. Ainsi, il met en évidence que la domination masculine qui apparaît comme étant l'ordre naturelle des choses pour les Kabyles est en réalité une construction sociale. En effet, leur schème de perception scinde le monde en deux : public/privé, dessus/dessous, droite/gauche, fort/faible, dominant/dominé, actif/passif...etc. Dans ces oppositions, le premier terme, valorisé, est associé au masculin alors que le second, dévalorisé, est associé au féminin. En effet, on ne peut comprendre le masculin et le féminin de manière isolé, ils n'ont de sens que s'ils sont pris dans un système de relation et mis en opposition. Ce mode de pensée a des conséquences concrètes sur la manière dont la société est structurée et construit par la même occasion la différenciation sexuée des genres. La société pousse donc les hommes à être virils et les femmes à être féminines.

Au principe de la distinction masculin/féminin, il y a un énorme travail collectif de socialisation qui passe par les institutions privilégiées (la famille, l'école, l'église, l'Etat). La force de cette domination réside dans le fait que les individus ont oublié qu'ils l'ont apprise et la considèrent donc comme étant naturelle y compris les femmes, sur qui s'exerce cette domination, qui adoptent le mode de pensée des hommes. Par exemple, au sein du couple, les femmes considèrent qu'il est indispensable que l'homme occupe la position dominante, il en va de leur propre dignité. En effet, sur le marché matrimoniale, les femmes sont réduites à des objets d'échanges. C'est d'ailleurs là que réside la dissymétrie déterminante entre les hommes et les femmes, puisque ces dernières, détentrices du capital symbolique des hommes, sont destinées à produire de l'honneur.

L'anamnèse des constantes cachées

La domination masculine est manifeste à travers multiples indicateurs statistiques qui montrent, par exemple, que ce sont les femmes qui sont le plus touchées par la précarité et le chômage ou encore qu'elles sont moins bien payées que les hommes à travail équivalent. Cette domination s'exerce aussi à travers de nombreux signes qui semblent insignifiants et dont les hommes n'en ont pas conscience mais qui n'est pas moins implacable. Bourdieu explique cette situation par l'existence « d'attentes collectives » qui établissent que certaines choses sont normales

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