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Vie d'un cycliste

Cours : Vie d'un cycliste. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  5 Avril 2015  •  Cours  •  1 294 Mots (6 Pages)  •  620 Vues

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Dissertation cycliste

J'ai connu, cette année, le mirage méditerranéen, randonnant autour d'un site déterminé — l'une des rares fois où il me fut donné de ne point me contenter de passer, simplement.

Ce faisant, j'ai pu à souhait fouiller et refouiller le paysage et rouler allégé. Par contre, il m'a fallu parcourir plusieurs fois les mêmes routes, revoir des crêtes quotidiennement familières.

Alors l'éternel problème s'est posé à moi, une fois de plus : vaut-il mieux, pour un cyclotouriste, passer ou s'arrêter ?

Dans un rayon de 100 kilomètres, j'ai découvert des merveilles inconnues là où vingt fois j'avais pédalé en voyageur pressé.

À quoi bon, dès lors, courir le monde ? Oui, mais ... si le vagabondage empêche de pénétrer jusqu'au tréfonds des choses, il porte en lui une philosophie que la station ne fournit point. Être et n'aller nulle part, c'est si bon !

Est-ce à dire que, lorsque je vais errant, je ne prépare aucun itinéraire dans le détail ? Bien sûr ! Combien de fois me crut-on parti pour Besançon ou Lille, et qu'on me signala à Gap, Bayonne ou Barfleur.

Tant de souvenirs précis, que ma mémoire retrouve sans peine, hantent la plupart des routes de France. C'est donc que j'ai, malgré tout, bien et, de toute façon, parfaitement retenu.

S'arrêter, c'est un peu capituler ; c'est prendre une option sur l'avenir ; c'est faire : « Ouf ! » alors que la vie commande le mouvement ininterrompu ; c'est rentrer, le soir, au bercail, toujours le même, en lorgnant un horizon qu'on a renoncé à poursuivre pour le seul plaisir de ne jamais l'atteindre ...

Bah ! J'avais déposé chez des amis tout l'équipement qui fait de l'humain une bête de somme. Il me semblait que la liberté nue, nue pour moi (qu'est-ce qu'un short raccourci ?), nue pour mon vélo (exempt du moindre accessoire de protection ou de portage), valait les meilleures croisières.

— Décidé à détailler la terre, le ciel et l'eau, j'atteignis au « silence » idéal dans le ... « tintamarre » des cigales ; je ressentis la vision première, les yeux dirigés vers l'infini du ciel où se balançaient, seules, les têtes de pins ... Il me suffisait que mon vélo fût là, à mes cotés.

Ah ! cols de Babaou, de Cagoyen, du Canadel — j'en passe et des meilleurs — cols sauvages, peu utilisés ; routes dénudées ou parées de fleurs ; surplombs maritimes ou creux forestiers : j'ai tout parcouru, sans hâte.

J'ai visité des camps, ces joyeusetés des temps modernes, j'ai rencontré des amis tandémistes parisiens blottis dans ces paradis théoriques ; pesé et soupesé, sur les plages, ce qui reste de ceux qui ne font pas de vélo (où-ce qu'il est advenu d'eux s'ils ont cessé d'en faire non pas avec l'âge, mais avec les infortunes de la richesse) ...

J'ai pris le pastis avec une tripotée de gens qui ne l'avaient pas gagné et bâillé le soir, sur le port et aux étoiles, avec les mêmes, exempts du moindre sommeil pour n'avoir point quitté la baie.

Enfin, j'ai longuement étendu ma chair moite sur le sable devenu une sorte d'étal humain. J'étais, le « cycliste » qui arrivait chaque matin sur le coup de midi et qui, débonnairement, troquait le collant contre le slip, selon la méthode en vigueur, après avoir arrimé sa bicyclette là où stoppaient les chevaux-vapeur. J'opposais mon ventre plat et mes cuisses brunies sous l'action aux bedons distendus et aux jambonneaux allongés dans leur fragilité :

— Bonjour tout le –monde ! Ce matin, je suis allé à X ..., par le col de Z ...

— En voiture ?

— Non, à vélo.

— Tout le monde ne peut pas avoir une auto. Mais c'est dur de pédaler, me rétorquait quelqu’un.

— Ma bagnole dort pour quinze jours sous les mûriers.

...

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