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Qu’est ce que l’islamophobie ?

Analyse sectorielle : Qu’est ce que l’islamophobie ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Mars 2014  •  Analyse sectorielle  •  901 Mots (4 Pages)  •  925 Vues

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Qu’est ce que l’islamophobie ?

Abdellali Hajjat. Au départ, c’est une expérience sociale, c’est une expérience vécue directement par des présumés musulmans. Pas seulement des actes ouvertement islamophobes, mais le fait d’être ramené à son statut de présumé musulman. Aujourd’hui, même si vous êtes une jeune fille française, élevée en France et dans certains lieux, certains métiers vont vous être interdits. C’est une forme d’altérisation religieuse, où l’on va considérer que les discours ou les comportements d’un individu sont déterminés par son appartenance religieuse. Ce sont aussi des discours hostiles aux musulmans en tant que groupe. Avec, derrière, la question de la légitimité de leur présence sur le territoire. C’est la même question qui se posait pour les Juifs. Les discours antisémites du XIXème et XXème avaient pour enjeu la légitimité de leur présence sur le territoire. Il y a une logique analogue pour les musulmans qui sont également considérés comme étrangers.

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Comment ce mot d’islamophobie est-il devenu un enjeu politique au point que beaucoup, le ministre de l'Intérieur par exemple, refusent de l'employer?

Marwan Mohammed. C’est l’émergence de cette notion en 2003 qui a amené la journaliste Caroline Fourest ou Pascal Bruckner à s’y opposer, en expliquant que le terme d’islamophobie serait une arme utilisée par les intégristes iraniens pour interdire le blasphème et la critique de l’islam. A partir de ce moment là, ce terme qui visait pourtant à décrire les discours et pratiques hostiles aux musulmans est devenu problématique. En réalité, le terme islamophobie n’a jamais été inventé par les mollahs iraniens comme le prétendait Caroline Fourest. Il n’existe pas en persan, on doit son origine à des administrateurs coloniaux français du début du XXème siècle. Mais cette critique initiale a été prescriptrice, en obligeant les élites politiques à se positionner à son égard. Qui prendrait le risque de légitimer les stratégies intégristes? Or, ce déni du terme d’islamophobie a durant longtemps laissé dans l’ombre l’expérience de l’islamophobie. Et ceux qui la subissent le vivent très mal.

Selon vous, l’islamophobie est finalement la transformation du racisme anti-maghrébin des années 80...

Marwan Mohammed. Il y a en effet des continuités historiques dans le regard porté sur l’indigène, l’immigré et le musulman, il y a également des ruptures. Mais attention à ne pas les confondre : tous les musulmans ne sont pas maghrébins et tous les maghrébins ne sont pas musulmans. En outre, quand on observe les données du ministère de l’intérieur, on observe une stagnation du racisme anti-maghrébin, qui a toujours représenté la catégorie la plus importante, contrairement aux actes visant l’islam ou les musulmans, dont la progression est très forte. Il n’y a pas de dynamique commune, bien qu’assez souvent origine et religion s’articulent. Le racisme anti-maghrébin est beaucoup moins légitimé que l’islamophobie. Les « débats » sur

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