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Dissertation Sur Le Coup D'Etat 1958: Comment s'emparer du pouvoir quand on n'a aucune chance d'y être porté par une majorité électorale?

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Par   •  24 Mars 2014  •  7 494 Mots (30 Pages)  •  2 223 Vues

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13 mai 1958, de Gaulle s'impose. Le retour du Général présenté sous son vrai jour: un coup d'Etat. «Les Coulisses d'un coup d'Etat démocratique, l'histoire du 13 mai 1958», documentaire de Christophe Nick et Pierre Péan. Canal +, 22 h 50.

CRITIQUE

* Comment s'emparer du pouvoir quand on n'a aucune chance d'y être porté par une majorité électorale?

Putsch militaire, révolution, guerre civile, le xxe siècle a excellé dans ces méthodes. En 1958, de Gaulle tente, lui, le coup d'Etat démocratique, considéré aujourd'hui comme un coup de génie par certains, FN en France ou Ligue lombarde en Italie, qui voudraient bien l'imiter. D'entrée, ce film remarquable redonne tout son sens à cet événement occulté (les lycéens apprennent que de Gaulle sauva la France, victime de l'incurie des gouvernements successifs de la IVe République). Au-delà d'un simple travail d'archiviste, voici, éclairés sous un jour nouveau, les fondements du pouvoir gaullien. Les témoignages priment donc sur les archives. Ceux de Pierre Le Franc, du général Massu; plus rares, ceux de Jean-Baptiste Biaggi, avocat gaulliste très actif sur le terrain, Lucien Neuwirth, Pierre Delpey et Yves Gignac président et secrétaire général des Anciens d'Indochine, association qui, dès 1954, sera le bras armé des gaullistes. Les anecdotes (Michel Debré, cité par Pierre Picard, secrétaire général de l'USRAF, 100% gaulliste pro-Algérie française: «Quiconque prône la renonciation à l'Algérie française doit être fusillé le lendemain et puis c'est tout!») ne sont jamais vaines qui disent le climat d'alors. Les témoins dessinent la stratégie, sur quatre années un tantinet secouées, du général de Gaulle, surfant entre les ultras, l'armée, et surtout sur le pouvoir. On est loin de Robert Hossein, mais au coeur de la science politique qui le conduit, le 13 mai 1958, alors que le gouvernement Pfimlin a déclaré l'état d'urgence en Algérie et le blocus aérien et maritime, à se déclarer «prêt à assumer le pouvoir». Dans la légalité bien sûr, obsession du bonhomme à qui, en janvier 1958, seuls 13% des Français offraient un avenir politique. De Gaulle n'aimait pas les sondages. Il avait raison.

LE COUP D’ÉTAT DU 13 MAI 1958

Quand le stay-behind portait De Gaulle au pouvoir

par Thierry Meyssan

1958, la France de la IVe République s’enlise dans la guerre d’Algérie. La menace d’un nouveau Front populaire, unissant les radicaux, les socialistes et les communistes en métropole, et la possible prise du pouvoir par le FLN en Algérie, poussent les américains à intervenir. Suivant le plan d’une agence américaine, des réseaux d’influence largement constitués d’anciens collaborateurs et de militants d’extrême-droite organisent un putch militaire à Alger, la chute de la République, et l’avènement du pouvoir personnel du général De Gaulle.

Le coup d’État du 13 mai 1958

1958, voici quatre ans que l’Algérie est le théâtre d’une nouvelle guerre coloniale. Pour écraser le mouvement de libération nationale, les gouvernements de gauche ont fait appel au contingent. Quatre cent mille hommes ont été envoyés au combat dans le vain espoir de trouver une solution militaire à un problème politique. Après la défaite de Diên-Biên-Phu et la perte de l’Indochine, après l’indépendance du Maroc et de la Tunisie, celle de l’Algérie paraît inévitable. L’opinion publique métropolitaine y est clairement favorable, mais aucun gouvernement ne dispose d’une majorité suffisante à la Chambre des députés pour la réaliser. Petit à petit, l’idée d’un nouveau Front populaire fait son chemin. L’alliance des radicaux, des socialistes et des communistes, au sein d’un même gouvernement, garantirait la stabilité nécessaire pour mettre fin à la guerre.

À Washington, le Conseil national de sécurité (NSC, National Security Council ; le site de la Maison Blanche propose un historique du Conseil) anticipe avec inquiétude cette éventualité. En pleine guerre froide, l’entrée des communistes au gouvernement français menacerait l’équilibre politique de l’Europe occidentale et risquerait de déstabiliser en chaîne d’autres États alliés. Elle menacerait directement la sécurité du commandement de l’Alliance atlantique, installé sur le sol français. Elle compromettrait le rôle stratégique dévolu à la force de dissuasion nucléaire française, en cours de constitution, au moment précis où les transferts de technologies américaines permettent d’envisager une première explosion expérimentale. En ouvrant la voie à l’indépendance de l’Algérie, elle placerait inévitablement au pouvoir le seul FLN pro-soviétique au risque de le voir autoriser l’URSS à installer des missiles stratégiques en Afrique du Nord, pointés sur l’Europe occidentale.

En application du National Security Act du 26 juillet 1947 « dans l’intérêt de la paix dans le monde et dans l’intérêt de la sécurité nationale des États-Unis », le Conseil national de sécurité étudie alors les possibilités d’action secrète pour empêcher l’arrivée des communistes au gouvernement français et la prise de contrôle de l’Algérie par les marxistes du FLN. Les informations recueillies par la Central Intelligence Agency (CIA) font état de l’hostilité des officiers supérieurs français à « l’abandon » de l’Algérie et de la lassitude de l’opinion publique. Les rapports du « département des coups tordus », sobriquet de la Direction de la planification, indiquent que les agents « stay-behind » recrutés en France, formés et entretenus par les services secrets de l’Alliance atlantique, sont en mesure de fomenter un coup d’État militaire. Le Département d’État considère que l’instauration d’une dictature militaire en France compromettrait l’image du « monde libre ». Après consultation, il énonce qu’un coup d’État n’apporterait de solution que si l’officier ou la junte au pouvoir auto-limitaient leur dictature et rétablissaient rapidement les libertés démocratiques au sein d’un régime renouvelé d’où les communistes seraient écartés. Pour donner une orientation politique à une junte, on cite le nom d’un général nationaliste, Charles De Gaulle, que le président Eisenhower a connu lorsqu’il dirigeait à Londres le gouvernement en exil de la France libre. Bien que les Anglo-Américains l’aient tenu à l’écart des conférences de Téhéran et

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