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Faut-il maîtriser ses désirs?

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Par   •  29 Novembre 2020  •  Dissertation  •  4 190 Mots (17 Pages)  •  487 Vues

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Philosophie – Dissertation : Faut-il maîtriser ses désirs ?

Même si, a contrario du besoin, le désir n’est pas une nécessité en soit, il suscite tout de même chez l’Homme une tension vers l’objet désiré, une tension qui aboutit à un but : le bonheur, la sérénité ou la plénitude. La maîtrise de nos désirs par tout type de contrôle, allant de la simple limitation à l’annihilation de ceux-ci, pourrait alors nous faire espérer un certain contrôle de notre bonheur. Et si le bonheur réside seulement dans l’assouvissement du désir : on peut au moins espérer que la maîtrise du désir nous promette la stabilité, une certaine quiétude et une intégration sociale correcte. (première partie) Ainsi, de quelle manière peut-on devenir maître de nos désirs ? Et quel degré de maîtrise peut-on espérer appliquer à nos désirs ? (deuxième partie) Mais est-il réellement souhaitable pour l’Homme de maîtriser ses désirs, n’est-ce pas un afaissement de sa qualité humaine que d’essayer de soustraire ses désir à sa volonté ? De plus la question même de la possibilité se pose, a-t-on réellement mainmise sur nos désirs ? Peut-on espérer être d’une quelconque influence sur notre accès au bonheur par le biais de nos désirs ? Ne sommes-nous pas réduits à subir des pulsions qui nous dépassent ? (troisième partie) Mais en fin de compte, la question des désirs se pose-t-elle toujours dans nos sociétés actuelles ? N’est-on pas en phase de vivre dans un monde ou l’apathie est norme, une société dans laquelle la désir est annihilé ? (quatrième partie) Faut-il alors maîtriser ses désirs ? La question de la maîtrise de nos désirs se pose d’autant plus qu’il en va de notre manière de vivre, de nos comportement, de l’anticipation de nos envies et de notre manière d’accéder au bonheur ou non. S’il s’agit de refouler, limiter, restructurer ses désirs, il est alors question de notre conscience de nous-mêmes car l’influence sur quelque chose ne va pas sans la compréhension de celle-ci.

        Tout d’abord, le désir peut être entendu de différentes manières, et si nous pouvons le considérer comme un atout, une vertu, une richesse spirituelle pour l’Homme, il est plus commun de le considérer au contraire comme un vice. Le désir tiraille l’Homme et est finalement considéré par les moralistes du XVIème comme le signe d’un vide que l’Homme ne peut combler, le désir apparait comme un symbole de déchéance. C’est ce que suggère Pascal dans les Pensées, il désigne en effet le désir comme étant le fruit de notre incapacité à venir à bout de notre quête de bonheur et de vérité. Le désir n’est dès lors plus qu’une marque de notre statut, un rappel à notre condition d’humains nous clouant à la simple possibilité de subir cette lacune dans nos capacités et souffrir de ce désir qui semble, selon Pascal, impossible à résoudre. Et cela trouve raison dans la nature même de l’Homme, celle-ci se basant sur une contradiction entre ce qu’il veut et ce qu’il est capable d’accomplir. Le désir nous est alors défini comme un mal enraciné dans ce qu’est l’Homme et il semble donc impossible pour l’Homme de s’y soustraire.  

Aussi, les désirs peuvent engendrer des changements dans notre rapport à la vérité et nous en éloigner. Le fantasme naît de l’imagination de l’Homme subissant le désir, il est créé comme un substitut à l’attente de la réalisation du désir. L’Homme se laisse aller à visualiser par la pensée ce qu’il pense désirer, en conséquent, le fantasme est un espoir, l’Homme espère voir dans ces tableaux imaginaires un avenir plus ou moins proche. Mais s’il est possible que les fantasmes concordent avec la réalisation du désir, il n’est pas à exclure qu’il peut y résider au moins une part d’irréel. Ainsi, le désir nous détourne, par le fantasme, de la réalité, et penser le désir équivaut à se résoudre à dériver vers des attentes que l’on se fait du monde risquant de n’être pas véritables. Le désir peut alors être source de désillusion et le maîtriser permet dans ce cas de se rapprocher de la réalité dans une vision plus froide et désintéressée du monde.

Les désirs sont aussi à l’origine de fluctuations dans nos comportements, ils modèlent en effet, en fonction de notre aptitude à les réaliser ou à les espérer, certains de nos comportements comme le manque ou la lassitude. S’il existe certainement un temps pendant lequel le bonheur est atteint lors de la réalisation de ses désirs, ce temps n’est cependant pas considéré par Schopenhauer qui n’entend qu’un temps de manque lié à l’attente de la réalisation du désir et un temps d’ennuie causé par la réalisation du désir. Et cette succession de souffrance liée au désir lui paraît inévitable et infinie ‘’la vie oscille comme un pendule de droite à gauche, de la souffrance à l’ennuie’’. Le désir exclut alors toute forme de bonheur ne menant qu’à la souffrance d’attendre et à l’ennuie, voir à la déception d’avoir accompli.

Il semble alors impératif de maîtriser ses désirs une fois prise en compte la dimension détrimentaire pour l’Homme et l’inévitable souffrance qu’ils lui promettent. ‘’C’est car je ne désir pas que je ne souffre pas’’, mais s’il paraît alors que l’abandon du désir soit la manière la plus simple de ne pas souffrir : cette solution est-elle concrètement envisageable ?

Dans un premier temps, nous pourrions penser que, si certains désirs nous sont néfastes, il se peut en revanche qu’ils ne le soient pas tous. Cela tendrait à nous faire penser que, dans l’optique d’atteindre un certain bonheur, il serait bon de maîtriser une partie au moins de nos désirs. Mais alors comment savoir quels désirs sont à conserver et quels désirs sont à réprimer ? Il serait envisageable pour cela de retourner à une certaine primitivité de ce que nous désirons, retrouver ce qui nous est réellement essentiel par la suppression du superflu que nous y avons ajouté. Selon les thèses épicuriennes ce superflu pourrait être causé par les excès de l’Homme et les modelages engendrés par la société notamment dans la pléonexie, qui est la course vers la possession de toujours plus de biens qu’autrui, qu’elle met en place. Afin d’éclaircir la question des différents désirs humains, Epicure définit plusieurs types de désirs, d’une part les désirs nécessaires et les désirs naturels non-nécessaires, d’autre part les désirs vains qui s’opposent complètement à ces deux premiers en ce qu’ils sont inutiles voir néfastes pour l’Homme. L’Epicurisme propose alors la conservation des désirs nécessaires comme le fait de se vêtir, de préserver l’amitié (au sens de Philia) et les désirs nécessaires à la survie physiologique comme la nutrition, le sommeil… En revanche, ces désirs doivent être exécutés de manière sobre et sans excès, l’habillement doit être simple et tout artifice est à proscrire. Il est aussi, selon les thèses Epicuriennes, des désirs naturels mais non-nécessaires regroupant le désir sexuel et esthétique. Ces désirs ne provoquent aucune souffrance s’ils sont absents mais leur présence peut être bénéfique pour l’Homme comme dans un apport de vérité que peut permettre l’art, ce qui les rend acceptable. En revanche il est des désirs qui ne sont pas tolérés comme les désirs vains comprenant la soif d’honneur, de pouvoir et de possession. Il faut, selon Epicure, renoncer à ces désirs car ils mènent à une inévitable frustration liée à leur insuffisante présence sur terre pour qui les désire. C’est donc par une éthique rigoriste que les Epicuriens prétendent mettre en œuvre une maîtrise des désirs pour tendre vers une plus certaine quiétude. Ce retour aux sources n’est pas à prendre comme un appauvrissement volontaire mais plutôt comme un recentrage sur ce qui nous est réellement nécessaire, il n’y a pas d’affaissement de nos qualités de vie dans la suppression du superflu, au contraire, il s’agit bien d’une amélioration de notre manière de désirer ayant pour finalité un bonheur plus certain dans la tranquillité .

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