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Toute vérité doit-elle être prouvée ?

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Par   •  5 Avril 2012  •  2 076 Mots (9 Pages)  •  6 593 Vues

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[Introduction]

La vérité est une propriété qui s'attribue à nos jugements et à nos énoncés. Elle désigne leur accord avec la réalité. Mais qu'estce

qui peut garantir cet accord ? Il faut que ma pensée y soit amenée par quelque chose. Ce quelque chose, c'est la preuve. La

preuve implique l'usage de la démonstration, c'est-à-dire du procédé par lequel on établit logiquement la vérité d'un énoncé en

le déduisant de propositions premières et dont le modèle est la déduction mathématique.

Certaines choses semblent aller tellement de soi et semblent si bien connues qu'il serait extravagant d'en donner une preuve ;

elles s'imposent d'elles-mêmes et immédiatement. Ainsi, il me semble possible de tenir immédiatement pour une vérité qu'il

existe des choses matérielles autour de moi, que ce stylo écrit en noir et que cette feuille est blanche. Pourquoi devrait-on

prouver ces vérités qui s'imposent d'elles-mêmes et qu'il ne me semble pas possible de remettre en cause ? Comment les

prouver d'ailleurs autrement qu'en affirmant que mes sens en témoignent et que cela suffit.

De plus, il semble bien qu'un énoncé puisse être une vérité sans être prouvé. « Dieu existe », « Dieu n'existe pas », voici deux

énoncés contradictoires : nécessairement l'un est vrai et l'autre faux. L'un est une vérité même s'il n'a pas été prouvé.

Simplement, je ne sais pas lequel. Il y a donc bien des vérités sans preuve.

Mais justement, à quoi me sert une vérité si je ne sais pas que c'est une vérité ? Et puis-je le savoir autrement qu'en en

apportant une preuve ? C'est cela qui fait apparaître l'exigence de preuve. En en restant à la certitude immédiate, je risque d'en

rester aussi à l'opinion non fondée et de ne pas accéder à la connaissance, au savoir. De plus, la connaissance, qu'elle soit

scientifique ou philosophique, ne se définit-elle pas en partie par la recherche de fondements à nos affirmations, par quoi elle se

différencie de la pure et simple opinion qui manque de ces assises nécessaires ?

Ainsi, toute vérité doit-elle être prouvée ou bien certaines vérités ont-elles le pouvoir de s'imposer d'elles-mêmes ?

[I] La preuve, c'est ce qui peut apporter la certitude sans laquelle la vérité ne servirait à rien, dans la mesure où nous la

posséderions sans le savoir. La preuve est donc ce qui peut apporter la certitude nécessaire à la vérité pour qu'elle devienne utile.

Mais il y a différents types de certitudes. Les certitudes immédiates, c'est-à-dire ce à quoi j'adhère spontanément, sans

l'intervention d'une activité de mon esprit. Ce type de certitude est ainsi le signe de ma passivité : je suis certain que cette craie

est blanche, que le jour se lèvera demain, d'avoir réussi mon devoir de mathématiques. Mais s'agit-il vraiment là d'une certitude

ou bien d'une conviction, d'une pure et simple croyance subjective ? Il se peut, bien sûr, que j'aie raison, que ces certitudes

soient vraies, mais est-ce que je sais vraiment qu'elles sont vraies d'un authentique savoir ? N'y a-t-il pas là finalement que du

vraisemblable et non de la vérité ?

Or, l'ennui du vraisemblable, c'est qu'il ressemble au vrai, mais il ne fait que lui ressembler et, en cela, il risque bien d'en différer

tout autant que le faux. Il y a plus encore : je ne risque pas de prendre le faux pour le vrai. Si on me dit que le bleu est une

propriété interne à la neige, que c'est une qualité sensible de la neige, je vois spontanément qu'il s'agit là de fausseté. Mais, si

l'on me dit que la blancheur est une propriété interne de la neige, cela risque fort d'entraîner mon adhésion immédiate, alors

que la blancheur n'est que la sensation que j'éprouve face à de la neige et non une propriété de la neige. Cette adhésion

immédiate et imprudente, précipitée, me fait adhérer au faux. Cet exemple montre qu'une vérité doit être prouvée, non

seulement pour être connue comme telle, mais aussi pour éviter d'être piégé par l'immédiateté, par la vraisemblance. Ainsi la

preuve semble exigible comme étant ce qui peut faire le tri dans le vraisemblable et faire passer certains énoncés du

vraisemblable au vrai.

C'est contre ce risque d'être abusé que tout esprit exigeant en quête du vrai doit se fixer comme exigence de prouver ce à quoi

il adhère, ce à quoi il donne son assentiment. C'est par cette exigence aussi que l'esprit passe de la passivité de l'adhésion

spontanée et irréfléchie aux certitudes immédiates et trompeuses, à l'activité par laquelle il va produire avec rigueur des

certitudes objectives et réfléchies.

Je dois prouver toute vérité, c'est là la condition pour que la certitude authentique advienne dans mon esprit et que je sache

vraiment que je suis en présence de la vérité. Le certain ne sera plus alors ce à quoi j'adhère de manière irréfléchie, mais ce

dont je ne pourrai pas douter parce qu'il est fermement établi. Celui qui recherche activement la vérité semble ne pouvoir

qu'accepter de se faire une exigence de prouver toute vérité. Il convient alors de se demander ce qu'est

...

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