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Penser est-ce rompre avec la tradition?

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Par   •  27 Mars 2017  •  Dissertation  •  1 732 Mots (7 Pages)  •  2 068 Vues

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Longtemps, les philosophes ont tenté de démontrer rationnellement l’existence de Dieu présente dans les traditions. À terme, aucun n’a pu y arriver. Ainsi, Pascal dit : « C’est le cœur qui sent Dieu, non la raison. Voilà ce que c’est que la foi, Dieu sensible au cœur non à la raison », dans le fragment 680. D’emblée, Pascal fait une distinction entre tradition religieuse et le savoir impliqué par la pensée rationnelle. Penser est-ce rompre avec les traditions ?

La tradition peut se définir comme la transmission de savoir ou de faits, qui exerce son autorité sans vertu de raisons ou d’arguments. Sa définition semble s’opposer au fait de penser qui signifie rechercher une vérité ou conduire ses idées par un raisonnement rationnel. Il n’y a pas de critère de validité pour une tradition, il y a pour le fait de penser. Penser est-ce vraiment exclure toute forme de traditions ? Si la pensée et la tradition sont contradictoires, cette dernière n’est-elle pas nécessaire à la fondation de celle-ci ? Ne peut-il vraiment y avoir de complémentarité, de coexistence entre pensée et tradition ?

L’enjeu est de définir la position de la tradition, dans toutes ses formes, par rapport au fait de penser, à savoir si une coexistence est possible.

Pour cela nous allons voir que si l’on entend par tradition, la coutume, le préjugé ou l’opinion, penser est voué à les faire disparaître et ils ne peuvent coexister. Mais la tradition semble nécessaire dans toute fondation rationnelle, jusqu’à un certain point. Cependant, il n’est pas toujours préférable d’associer tradition religieuse et la pensée rationnelle.

        Tout d’abord, par sa définition, penser semble exclure toute forme de tradition. En effet, la pensée étant de l’ordre de la création d’un raisonnement rationnelle, de la réflexion ou encore de l’imagination, du désir, du rêve, s’oppose à la tradition qui est préétablie par d’autres, qui est déjà là. La tradition dans le sens fort du terme ce qui est imprégnés et transmis dans une société, dont l’autorité s’exerce parce qu’elle est établie depuis longtemps. Dans un sens plus affaibli, la tradition peut désigner le préjugé ou l’opinion. La tradition se situe dans le domaine du subjectif qui désigne un était qui balance entre le doute et l’évidence. Tandis que la pensée est valable objectivement et subjectivement. Penser c’est avoir une réflexion avant d’adhérer à une idée, avoir la certitude de celle-ci. Lorsqu’on a démontré une opinion, on acquiert la certitude de cette conjecture que supposait la tradition et on accède au savoir : penser abolit donc cette forme de tradition. De même, on distingue la foi (une tradition religieuse) de la raison (qui constitue la pensée). Il s’agit de deux domaines qui ne doivent pas s’entremêler. De la même façon, que la foi ne peut dicter la raison, la raison ne peut constituer le fondement d’une foi (la tradition fonde la loi). Ici encore, pensée et tradition sont distinctes, et le fait de penser semble exclure la tradition.

        Ainsi, Descartes, dans le Discours de la Méthode, nous présente sa méthode pour bien conduire sa raison et accéder à la vérité unique. La méthode cartésienne demande à exclure toute forme de traditions telle que l’opinion, les préjugés, la religion, et à faire le tri dans ses idées pour n’avoir que des connaissances claires et distinctes, que la certitude de ses idées. La raison va servir à vérifier que l’opinion, la tradition, est bien droite et ainsi à la faire basculer en une vérité. La raison ici permet la distinction du vrai et du faux, et ainsi d’accéder par la pensée à une vérité absolue, c’est-à-dire à un savoir absolu et unique. La tradition est présentée sous la forme d’opinions diverses et contradictoires qui s’oppose à l’unicité de la vérité. Pour lui, la diversité d’opinions et de mœurs empêche de penser.

Cependant si penser rompt avec la tradition, Descartes a alors tenté de démontrer rationnellement l’existence de Dieu dans Méditations Métaphysiques par preuve ontologique. Il dit que comme Dieu est « infiniment parfait » par essence, il paraît donc inconcevable de ne pas considérer son existence. Preuve que Kant renie dans L ‘unique fondement possible d’une démonstration de l’existence de Dieu. Il dit que l’existence ne fait pas partie des attributs de l’essence comme le prétend Descartes sinon il y aurait une différence conceptuelle entre les essences : quand on pense à 100 thalers, on a pas forcément en notre possession les 100 thalers. L’existence de Dieu n’est qu’une idée, une tradition religieuse. L’homme ne peut connaître que par l’expérience et non par les simples idées. La raison ne fonctionne que dans le constat et ne peut fonder la foi. Il y a donc une opposition entre pensée et tradition. Malgré cette opposition, la tradition n’est-elle pas nécessaire à la fondation de la pensée ? Ne peuvent-elles pas coexister ?

La pensée, ou la raison, et la tradition s’inscrivent dans une relation de complémentarité qui existe entre recevoir une idée transmise et l’adhérer, la comprendre. En effet, même s’il s’agit de deux instances différentes, l’une ne peut en détruire une autre. On peut alors utiliser la raison pour éclairer notamment la foi, s’il existe des points sombres dans le domaine de la foi, fondée par la tradition. Tandis qu’en parallèle, la tradition religieuse peut donner des explications à des choses dont on ne peut démontrer ni sa validité, ni son invalidité. La tradition peut donc donner du sens aux choses que la raison ne peut discuter. D’ailleurs, Saint Anselme dit dans le Proslogion, que c’est parce qu’il croyait à une coutume existante que ça lui a permis de comprendre et la raison ne fait alors que conforter cette foi. On observe alors une coexistence entre la raison et la foi, c’est-à-dire entre penser et tradition religieuse. La pensée n’exclut donc pas forcément la tradition religieuse, au contraire, ils peuvent être complémentaires.

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