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Étude d'un extrait Du Chapitre IV De L'Evolution Créatrice de Bergson

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Par   •  15 Janvier 2013  •  4 378 Mots (18 Pages)  •  1 317 Vues

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Ce texte de Bergson, extrait du chapitre IV de L’Evolution créatrice, a pour objet d’exposer la racine d’une illusion trop répandue en ce qui concerne notre rapport au réel. On peut d’ores et déjà préciser que cette genèse, en même temps qu’elle sera la déconstruction de cette illusion, en sera le redressement. Ainsi la question centrale du texte, qui revient à se demander pourquoi les philosophes se trompent inéluctablement quand ils spéculent sur le réel, revient aussi à nous imposer la véritable nature du réel (et, en conséquence, la manière vraie de le saisir " tel qu’il est "). Le texte est donc de nature à la fois ontologique et épistémologique.

Bergson veut ainsi montrer qu’il est possible de connaître l’absolu, si l’on se débarrasse toutefois de l’illusion dénoncée, puisqu’alors, on aura reconnu comment le réel est connaissable.

Afin de bien dégager l’argumentation du texte, nous l’étudierons en trois parties. En effet, nous avons distingué, respectivement, la position d’une thèse (que l’on dira double), lignes 1 à 8 ; de là, Bergson nous décrira la situation " courante " et opposée à cette thèse (lignes 8 à 17) ; enfin, nous aurons (lignes 18 à 27) la description génétique et la définition de l’illusion des philosophes (qui découlera de la description de notre mécanisme usuel de connaissance).

 

Première partie : la thèse : quelle est la nature de la réalité ? Et comment la connaissons-nous ?

Le texte commence par l’exposé de la thèse de Bergson, qui peut être dite double (voire triple). En effet, elle se rapporte à deux questions : 1) quelle est la nature de la réalité ? ; 2) comment pouvons-nous la saisir (si c’est possible) ?

En fait, Bergson commence par nous dire ce qui existe, ou ce qu’on doit admettre comme réel. Toutefois, il nous faut préciser que la question ne sera pas, dans ce texte, celle des constituants ultimes de la réalité, mais, comme nous l’avons dit, celle de la nature de la réalité. Ce qui revient aussi à tenir pour accordée l’existence de ce qui sera admis ici comme réel.

Bergson pose donc (ligne 1) l’existence de deux types de réalité. On peut dire que, selon lui, la réalité est double, puisque ce à quoi réfère le mot " réalité " est aussi bien la matière que l’esprit. Il convient de préciser que Bergson ne dit pas que la réalité réfère à la matière et l’esprit ; il relie en effet ces deux réalités par un " ou ". Ce " ou ", selon nous, serait à rapprocher du " ou " logique, qui peut être à la fois exclusif ou inclusif. C’est-à-dire que matière et esprit sont irréductibles entre eux, mais qu’ils sont chacun (ou tous les deux) une partie de la réalité. Ils sont donc différents mais en même temps, de même nature.

Toutefois, la thèse de Bergson est loin d’être un dualisme. En effet, il ne dit jamais que la nature de la réalité est la matière et/ ou l’esprit : pour cela, il aurait fallu dire que la réalité est " matière ou esprit ". Pour Bergson, ce qui fait la nature de la réalité, c’est le qualificatif de " perpétuel devenir "(ligne 1). Ce qualificatif, qui connote la manière d’être du réel, est donc ce qui fait du réel, qu’il est réel. D’où, finalement, une thèse métaphysique ou ontologique, qui revient à dire que tout ce qui est, est de même nature (donc, si on tient vraiment à ranger la thèse de Bergson sous un nom en –isme, ce qu’il ne voudrait pas, il faudrait choisir le mot de " monisme "). Ainsi, si différence il y a entre matière et esprit, elle sera de degré.

On peut dire que Bergson rompt ici radicalement avec la philosophie traditionnelle. En effet, pour lui, ce qui fait de l’être qu’il est être, c’est qu’il est en devenir perpétuel. Cela choquera bon nombres d’esprits (mais nous verrons justement pourquoi !) puisque, traditionnellement, le devenir, connotant le domaine des apparences (trompeuses) s’oppose au stable, qui est, lui, la véritable réalité.

Mais on peut se demander comment Bergson a pu être amené à faire une telle découverte. Car, comme il le dit, la réalité " (nous) est apparue … " (ligne 1) comme étant telle. Le terme d’apparaître connote quelque chose de l’ordre de l’expérience, et de la vision. Ce qui explique pourquoi Bergson ne nous dit pas que la réalité est un perpétuel devenir, mais qu’elle lui est apparue " comme un perpétuel devenir ". Il emploie une métaphore, et ce, afin de nous suggérer ce qu’est la structure ultime de la réalité. C’est-à-dire que la vérité de la thèse de Bergson ne se démontre pas. Elle est de l’ordre de l’expérience, et non de la déduction : elle s’éprouve, elle se vit. Bergson innove donc, dans ce texte, non seulement par le contenu de sa thèse, mais aussi par la méthode : sa métaphysique est une métaphysique de l’expérience. Ce qui implique qu’elle est possible (et que l’absolu sera connaissable !).

Mais qu’est-ce que cela signifie, que la réalité soit " comme " un perpétuel devenir ? Il nous faut, pour y répondre, regarder les lignes 2 et 3, qui sont une explicitation de la thèse de Bergson. En quelque sorte, nous avons là une description de la réalité. La réalité est comme un perpétuel devenir, c’est-à-dire, qu’ " elle se fait ou elle se défait, mais elle n’est jamais quelque chose de fait ". Le " ou " nous semble ici connoter l’alternative : ou bien la réalité se fait (c’est-à-dire, est en train de se faire, en voie de formation), ou bien elle se défait (c’est-à-dire, adopte un mouvement inverse), mais, en tout cas, elle n’est jamais quelque chose d’achevé, de déjà formé (d’ailleurs, elle n’est pas une chose, un ceci ou un cela, mais un flux). Nous avons là une conception résolument dynamique du réel : la réalité est toujours " se faisant ", elle est sans cesse en train de changer, et la stabilité serait pour elle une perte de réalité. Le réel a, chez Bergson, horreur de l’immobile… La réalité est mouvante et peut adopter des mouvements inverses, différents ; ces mouvements sont des sortes de changements de direction que prendrait la réalité. Mais ce que semble ici nous suggérer Bergson, c’est que le seul " inerte " que l’on peut prêter à la réalité, sera une sorte de " détente ", c’est-à-dire que ce sera toujours du mobile. Car une chose est sûre : changer, ou ne pas être, telle serait finalement la thèse de Bergson.

Et nous voilà encore menés à dire que Bergson inverse

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