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L'éthique utilitariste

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Par   •  16 Juin 2014  •  2 045 Mots (9 Pages)  •  3 407 Vues

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L'éthique utilitariste

La théorie éthique du devoir de Kant est l’une des approches les plus importantes dans la délibération éthique aujourd’hui. Mais ce n’est pas la seule. La pensée utilitariste a aussi eu une énorme influence sur notre manière d’envisager les normes morales. L’idée fondamentale de cette approche pragmatique est que la valeur morale découle de l’utilité d’un acte c’est-à-dire de ses conséquences avantageuses.

L’utilitarisme a pris naissance en Angleterre et on pourrait dire, d’une façon générale, qu’il est le courant éthique dominant dans les pays anglo-saxons alors que la morale de Kant a surtout influencé la France et l’Allemagne. Nous, qui sommes de souche française mais géographiquement américains, subissons l’influence de ces deux courants.

Le contexte historique

Deux philosophes anglais ont été les fondateurs de l’utilitarisme : Jeremy Bentham (1748–1832) et John Stuart Mill (1806-1873).

Bentham vit à Londres à la même époque que Kant. Il est donc influencé par les idées philosophiques des Lumières. Comme Kant, il veut trouver un fondement à la morale qui puisse être accepté par tous sans se baser sur une perspective religieuse. Il cherche un critère universel auquel chacun, de façon autonome, pourrait adhérer en utilisant sa raison. Une cinquantaine d’années plus tard, Mill reprendra et défendra les idées de Bentham.

Cependant les conditions de vie en Angleterre à cette époque sont bien différentes de celles de l’Allemagne.

En termes économiques, le 18ème siècle marque, en Angleterre, le début de la révolution industrielle. L’économie se transforme grâce au développement de la technique, ce qui permet d’ouvrir des usines, d’accélérer les rythmes de production, d’améliorer les moyens de transport. Cette transformation marque aussi le triomphe du capitalisme sauvage avec l’exploitation ouvrière qui l’accompagne et la misère qui se répand dans les quartiers populaires des grandes villes, particulièrement de Londres. Les idées morales utilitaristes seront influencées par la rupture avec la tradition et la recherche d’efficacité qui marquent la vie intellectuelle anglaise de l’époque. Le sort terrible fait aux ouvriers amènera aussi les philosophes utilitaristes à tenter d’unifier morale et politique, pensée et action. Ils voudront attribuer à la morale l’objectif d’améliorer le bien-être individuel et l’espace de liberté de leurs concitoyens les plus défavorisés.

En termes politiques, l’Angleterre est à l’époque victorienne (1815-1914). C’est l’âge d’or de l’empire britannique sur lequel «le soleil ne se couche jamais». Le développement de l’économie va amener la naissance du mouvement ouvrier et l’apparition puis la légalisation des syndicats. Ainsi naîtront des revendications importantes au niveau de la libéralisation des institutions politiques. Les penseurs utilitaristes seront très actifs dans ce mouvement. Bentham, qui fut à la fois juriste et philosophe, contribua à réformer le droit et les procédures légales britanniques pour les rendre plus démocratiques. Mill est considéré comme un des pères fondateurs du libéralisme, du socialisme et même du féminisme. Il s’engagea dans de nombreuses luttes sociales et politiques et fut même élu député comme candidat radical au Parlement anglais en 1865. Il s’y prononça contre l’esclavage, le travail des enfants et proposa des lois prônant l’éducation obligatoire, le contrôle des naissances et le droit de votre des femmes.

La conception utilitariste de la morale

A) Une morale conséquentialiste

Les utilitaristes rejettent l'approche rationaliste de Kant selon laquelle la loi morale universelle est inscrite dans notre raison et, comme Hume, vont s'appuyer sur une démarche empirique basée sur l'expérience humaine pour définir le bien.

Selon eux, tout effort pour arriver à une définition du bien absolu (ou de l’impératif catégorique) est dangereuse parce qu’elle ne respecte pas les libertés individuelles. Il faut conserver l’ouverture d’esprit et la souplesse nécessaires pour adapter les valeurs fondamentales aux circonstances et aux personnes impliquées. Pour les utilitaristes comme pour Hume, l’universalité de la morale ne repose pas dans une loi morale qui serait applicable à tous et en toutes circonstances mais dans la recherche du bonheur caractéristique de tout être humain.

Pour les utilitaristes, ce sont les conséquences découlant d’une action qui permettent de déterminer si cette action est morale ou immorale. Par exemple, dans certaines circonstances exceptionnelles, un mensonge, pourrait être considéré moralement acceptable, si les conséquences en sont bonnes. Ce n’est plus l’action elle-même qui est jugée, ce sont les résultats de telle action à tel moment qui sont déterminants. Pour Kant, au contraire, les conséquences du geste n’ont aucune importance pour définir sa moralité. Le mensonge est toujours moralement inacceptable puisqu’il ne peut être universalisé. Il n’y a pas d’exception. C’est l’impératif catégorique. La position utilitariste est plus flexible de sorte qu’on parle plutôt d’impératifs hypothétiques.

Le fonctionnement utilitariste se retrouve souvent dans la vie quotidienne. Par exemple, quand on se demande si on doit ou non changer de programme au cégep, il faut tenir compte de nombreux facteurs : les exigences du nouveau programme, les emplois disponibles à la sortie, l’endroit où se donne le cours, le budget nécessaire, l’intérêt suscité par la matière, etc. Ce sont les conséquences de l’action que j’examine. Quand un gouvernement se demande s’il doit ou non fermer une école dans un village, il tient compte des conséquences envisageables de chacune des hypothèses et il va choisir la solution la plus avantageuse. Les utilitaristes appliquent la même démarche à la morale.

Contrairement à Kant, les utilitaristes ne s’intéressent pas non plus aux intentions ou aux motivations de la personne qui agit puisque l’intention elle-même n’a pas d’influence sur les conséquences du geste. Ce n’est donc pas l’intention qui fait que le geste est moral ou non. Qu’une action soit accomplie par intérêt personnel, par amitié, ou par crainte d’une punition n’a aucune incidence sur sa valeur morale. Pour Mill : Celui qui sauve un de ses semblables en danger de se noyer accomplit une action moralement bonne, que

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