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Biographie de Descartes (par Harald Höffding)

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Par   •  15 Mars 2012  •  2 585 Mots (11 Pages)  •  1 276 Vues

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Biographie de Descartes (par Harald Höffding)

«Le fondateur de la philosophie moderne naquit le 31 mars 1596 dans une famille noble de la Touraine. Maladif, il trahissait déjà enfant des dispositions exceptionnelles, et son père avait l'habitude de l'appeler le philosophe à cause du grand nombre de questions qu'il posait. Pour recevoir une éducation soignée, il entra au collège des Jésuites de la Flèche, fondé depuis peu par Henri IV. Par la suite, il se souvint toujours avec reconnaissance de ses anciens maîtres, et lorsque les Jésuites prirent parti contre sa philosophie, il en conçut un grand chagrin. Il apprit à la Flèche la physique et la philosophie selon le système scolastique, mais il se livra surtout aux mathématiques. Il semble s'être préoccupé de fort bonne heure des idées qui le menèrent à sa grande découverte mathématique, la fondation de la géométrie analytique, c'est-à-dire à l'application de l'algèbre à la géométrie. Il a décrit lui-même, dans le Discours de la méthode, l'histoire de sa jeunesse, qui est en même temps la genèse de sa philosophie. Au sortir de l'école, il se sentit peu satisfait de tout ce qu'il avait appris. Il connaissait beaucoup de faits; beaucoup de belles pensées lui avaient été transmises; il admirait surtout la méthode rigoureuse des mathématiques. Mais ces faits et ces pensées ne lui semblaient que des fragments incohérents et les mathématiques n'étaient à ses yeux qu'une inutile chimère. Il pendit donc au croc les études et se jeta dans le tourbillon de la vie de Paris. Il ne put cependant renier entièrement son goût pour la spéculation; parmi ses papiers se trouvait un traité sur l'escrime datant de cette époque. Il eut vite fait de se dégoûter de cette existence vide et brusquement il délaissa ses amis. Il s'était retiré dans un quartier solitaire de la ville pour étudier en paix. Dès lors son idéal fut de plus en plus de mener une vie solitaire, consacrée à la réflexion et à l'étude. Il prit pour devise «Heureux qui a vécu caché!»(bene vixit, qui bene latuit!). Au bout de deux ans, ses amis le retrouvèrent et l'arrachèrent à la solitude. Il résolut alors d'étudier le « grand livre du monde ». Peut-être la vie pratique, qui met à l'épreuve toutes les pensées, apprendrait-elle aux hommes les vérités que de savantes spéculations ne peuvent faire découvrir. Du reste il voulait s'éprouver lui-même sous les coups du sort. Il entra comme volontaire à ses frais au service de Maurice d'Orange, tout en consacrant ses heures de loisir aux études, surtout aux mathématiques. De Hollande il passa en Allemagne, où la guerre de Trente ans était sur le point d'éclater. Il se joignit à l'armée rassemblée par le prince électeur de Bavière contre la Bohème révoltée. Pendant qu'il prenait ses quartiers d'hiver (1619-1620) à Neuburg sur le Danube, une crise scientifique se produisit en lui; il trouva alors la méthode générale qui le guida par la suite dans ses études philosophiques et mathématiques. Dans une note posthume provenant de cette époque il a même indiqué la date précise du jour où naquit cette pensée décisive «le 10 novembre 1619, lorsque rempli d'enthousiasme je trouvai le fondement d'une science admirable». Il s'enferma dans son «poêle» et se livra à des pensées, qui le menèrent à sa théorie générale de la méthode. Il lui vint à l'esprit que de même que l'œuvre commune à plusieurs hommes est généralement plus imparfaite que celle exécutée par un seul homme, de même l'imperfection de notre savoir vient du grand nombre de nos professeurs, dont chacun nous inculque ses propres opinions, de l'influence des diverses tendances, des divers jugenïents contradictoires que nous entendons porter par les savants et par les gens de métier. Pour remédier à cette imperfection, il faudrait recommencer par le commencement, faire abstraction de la tradition et élever notre édifice lentement et sur un fondement unique. La vraie méthode consiste à n'admettre que ce qui est clairement et distinctement pensé, à décomposer chaque difficulté en ses diverses parties et à partir du plus simple et du plus facilement intelligible pour entrer ensuite pas à pas dans les questions plus complexes. Telle est la méthode analytique telle qu'elle apparut dans ses grands traits à son regard intérieur. Dans le domaine des mathématiques cette méthode le mena à l'idée d'une science plus générale que les sciences mathématiques particulières: elle devait examiner les rapports, les proportions en général, que ce soit entre des figures ou des nombres ou d'autres choses. C'était une théorie générale des grandeurs ou des fonctions dont la géométrie analytique était l'application spéciale. — Ses pensées travaillaient avec une telle ardeur à ces idées qu'il tomba dans un état d'exaltation. Il eut des rêves bizarres et le lendemain il promit à la mère de Dieu de faire un pèlerinage à Notre-Dame de Lorette, afin qu'elle activât ses pensées. (Il n'accomplit toutefois ce vœu que lorsqu'une occasion favorable se présenta.) Un vœu de pèlerinage, voilà une singulière introduction à la philosophie moderne — et un pendant à la voix surnaturelle où Herbert de Cherbury entendit peu d'années après la sanction de sa «religion naturelle» — Mais il était encore trop tôt, croyait-il, pour procéder à l'élaboration de sa philosophie. Après avoir participé à la prise de Prague et à une campagne en Hongrie, il revint en France et prit possession de quelques domaines qui lui étaient échus en héritage. Sa famille désirait le voir se marier et occuper un poste de fonctionnaire; mais il n'avait pas l'esprit disposé à cela. Il prit la résolution de consacrer sa vie à la science et pour pouvoir s'y livrer en paix, il passa en Hollande (1629). Il avait déjà eu à différentes reprises l'occasion de développer ses idées philosophiques, notamment sur la méthode, dans des cercles littéraires de Paris. Deux remarquables traités inachevés qui ne parurent que longtemps après sa mort: Règles pour la direction de l'esprit et Recherches de la vérité par les lumières naturelles datent certainement de cette époque. Ils présentent un exposé considérable de la méthode analytique. Durant la première période de son séjour en Hollande, il s'occupa (comme on le voit au Discours de la méthode, 3° et 4° parties) des idées spéculatives qu'il développe tout au long dans les Méditations. Il fonda là sa théologie et sa psychologie et trouva un chemin qui du doute même le mena

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