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Dissertation: La Beauté Est-elle réservée à Une élite ?

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Par   •  9 Avril 2014  •  3 737 Mots (15 Pages)  •  1 092 Vues

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Dissertation

La beauté est-elle réservée à une élite ?

Analyse des termes du sujet

Telle qu’elle vous est posée, la question ne présente pas de difficulté de

compréhension particulière. Il faut cependant être attentif au terme d’élite, car

c’est lui qui fait la spécificité du sujet et qui peut, suivant la manière dont vous

déciderez de le comprendre, vous conduire à une réponse possible. Le

substantif féminin élite désigne un ensemble de personnes ou un groupe

d’individus considéré comme supérieur et qui exerce une influence sur la

société tout entière en raison de son éminence dans tel ou tel domaine d’activité.

Faire de la beauté le privilège ou le monopole d’une élite, c’est donc soutenir

la thèse selon laquelle seul un petit nombre d’individus hors du commun

s’avérerait capable soit de produire la beauté – en créant une œuvre d’art – soit

d’en juger – en posant les normes de ce qu’on appelle le goût – soit enfin de

l’apprécier, en éprouvant à son contact un sentiment de plaisir. En

conséquence, l’accès à la beauté demeurerait hors de la portée du plus grand

nombre ou du commun des hommes, qui ne pourrait y accéder.

Si la question est claire, la réponse qu’elle laisse sous-entendre peut vous

paraître choquante. Il semble difficile, à l’âge de la beauté démocratique, d’y

apporter une réponse affirmative. Un des principes fondamentaux de nos

démocraties modernes n’est-il pas celui du libre accès à la beauté pour tous,

sans discrimination de statut social, d’âge, de sexe ou de culture ? Toutes les

politiques culturelles contemporaines concernant la beauté artistique vont

dans ce sens : enseignement de l’art dans les écoles, ateliers artistiques pour les

enfants des banlieues défavorisées, gratuité des musées certains jours,

expositions très médiatisées drainant le plus large public possible... Le succès

sans précédent de la dernière exposition « Picasso et les maîtres » semble

témoigner en faveur de telles entreprises. Le processus de démocratisation de

la beauté ne concerne d’ailleurs pas seulement son aspect artistique. Alors que

pendant longtemps les codes et les pratiques de la beauté féminine furent

réservés aux femmes appartenant aux cercles supérieurs de la société, toute

femme aujourd’hui revendique le droit à la beauté corporelle. La diffusion des

normes et des conseils de beauté par les magazines féminins, l’inflation des

soins esthétiques et la baisse de leur coût, ont fait voler en éclat toutes les

limites.

Vous ne pouvez pas ignorer d’autre part les travaux de la sociologie - la

référence à l’ouvrage de Bourdieu La Distinction est ici incontournable - qui

ont contribué à invalider les discours élitistes sur la beauté en mettant au jour

les déterminismes sociaux, à la fois économiques et culturels, que de tels

discours sous-tendaient à leur insu.

Problématique

Il ne faudrait surtout pas, cependant, clore le débat avant de l’avoir engagé.

N’oubliez pas à ce propos que, quel que soit le poids des sciences humaines

dans le monde d’aujourd’hui, elles ne sont pas pour autant censées avoir le

dernier mot. Vous devez savoir, d’autre part, que pendant longtemps la

conception élitiste de la beauté a prédominé. Dans la Grèce ancienne par

exemple l’idéal du kaloskagathos renvoyait à des valeurs profondément

aristocratiques, réservées à la fine fleur des jeunes hommes de l’époque : ceux

qui, par leur naissance et leur valeur personnelle, étaient destinés aux carrières

les plus hautes, militaires ou politiques. Il a fallu attendre le combat des

Lumières – citons les réflexions d’un Diderot ou d’un Condorcet – pour qu’une

telle conception soit battue en brèche. Il conviendra donc de vous demander sur

quels arguments s’appuyait une telle conception. Sur quoi fondait-on

l’éminence reconnue à quelques individus en matière de beauté, qu’il s’agisse

d’artistes ou d’amateurs d’art? Deux réponses possibles s’imposent

d’emblée. La première, et la plus ancienne, puisqu’elle remonte à la Grèce

archaïque est celle qui fonde un tel élitisme sur un don, qu’il s’agisse d’une

faveur divine ou d’un talent inné. Vous avez certainement, à ce propos,

rencontré au cours de l’année les analyses de Platon dans l’Ion ou le Phèdre.

Cette idéologie du don reste vivace aujourd’hui. On dira par exemple de

quelqu’un qu’il a l’oreille musicale ou qu’il est doué pour le dessin. Mais

l’élitisme de la beauté peut également être celui des compétences, qu’elles

soient

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