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Les Sens Ne Sont-ils Pas Suffisants Pour Nous Fournir Toutes Nos Connaissances ?

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Par   •  13 Février 2012  •  1 852 Mots (8 Pages)  •  2 534 Vues

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Les sens sont la disposition de l'organisme par laquelle il reçoit tout stimulus. La sensation, par les diverses fonctions sensibles de l'être, semble être notre plus élémentaire et notre unique voix d'accès au monde, et il serait vain de concevoir une connaissance de celui-ci sans les sens.

Les sens sont donc par définition indispensables à la connaissance, mais qu'est ce qui justifie le caractère nécessaire de l'expérience sensible dans l'apprentissage de nos connaissances ? La simple sensation en elle-même ne peut être fausse (le soleil semble bien avoir la taille d'une pièce de monnaie) mais l'interprétation qu'on en fait peut elle être erronée (c'est en pensant que le soleil est réellement de la taille d'une pièce de monnaie que je suis dans l'erreur). Aussi, quelle place occupe la raison dans la connaissance par les sens ? Peut-on apprendre des connaissances vraies et universelles à travers eux uniquement ?

Il semble juste d'affirmer que les sens sont indispensables à la connaissance, puisque chaque information extérieure nous est transmise par le canal des sens. Kant affirmait que cette sensibilité était la capacité de recevoir des représentations, que par elle les objets s'offraient à nous. Dans une certaine mesure, toutes nos connaissances dépendent donc des sens puisque sans eux nous n'aurions aucune conscience des réalités extérieures. Que ce soit des connaissances que l'on acquiert par contact avec une communauté ou des connaissances acquises de façons langagières, les sens paraissent indispensables. C'est en entendant, en observant et donc en assimilant qu'on peut reproduire des schémas, qu'on acquiert un savoir-vivre, qu'on se crée animal social pouvant vivre avec autrui puisque agissant et pensant comme lui. C'est en entendant, en lisant un discours qu'on acquiert l'ensemble de nos connaissances transmises dans l'éducation et la culture. On suppose dans ces deux cas l'usage des sens, d'un point de vue plus fort puisque relevant de l'expérience sensible même pour le premier, mais nécessaire dans chacun.

La théorie empiriste, dont Locke est un des représentants, soutient que tout connaissance découle de l'expérience. Il n'y a pas, selon elle, d'idées innées : toutes les idées sont établies, par l'éducation et l'expérience, par un développement plus ou moins complexe selon qu'il s'agit d'idées simples qui proviennent directement des sens, ou d'idées complexes qui exigent une élaboration. John Locke, dans l'Essai philosophique sur l'entendement humain, écrit : « Supposons donc qu'au commencement l'Âme est ce qu'on appelle une table rase, vide de tous caractères, sans aucune idée, quelle qu'elle soit. Comment vient-elle à recevoir des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cette prodigieuse quantité que l'imagination de l'Homme, toujours agissante et sans bornes, lui présente avec une variété presque infinie ? D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? » À cette question, Locke fournit cette réponse : de l'expérience sensible, origine et fondement de nos connaissances. En définitive, l'esprit est primitivement une table rase où l'expérience vient inscrire sa marque. Ce sont les sens et eux seuls qui garniraient notre esprit d'idées que celui-ci ne possédait pas.

L'empirisme philosophique de Locke ne bannit pas le rôle de la réflexion rationnelle dans la formation des idées et des connaissances, mais il le place en second, ce qui ne veut pas dire qu'il soit secondaire.

Les sens semblent être la source de nos connaissances la plus évidente, mais cela induit que l'être ne doit pas être un réceptacle passif. En effet, c'est en voyant un objet qu'on définit sa forme, sa couleur, sa fonction ; en écoutant un discours qu'on en saisit des informations. Or le nourrisson ne perçoit pas l'objet : il voit des taches de couleur, il entend une parole mais ne saisit que des sons. Cet acte de l'esprit dont le nouveau-né semble être incapable est appelé jugement : il permet l'identification des informations. Plus que cela, il est l'acte par lequel nous organisons toutes nos sensations en une unité. Lorsque je me penche à la fenêtre, je dis que je vois passer des hommes. Or, je ne vois passer que des chapeaux et des vêtements, sous lesquels pourraient se cacher des automates, écrit Descartes dans sa IIème Méditations (Méditations Métaphysiques). Je juge que ce sont des hommes, et ainsi, ce que je crois voir par l'œil, c'est par la seule faculté de juger que je le comprends.

Cette implication de l'esprit dans l'apprentissage de nos connaissances parait indispensable ; elle permet de prendre conscience de la validité, de l'universalité de nos connaissances. En effet, la simple information donnée par les sens ne peut entrer dans la constitution d'une vérité qui réclame l'universalité, puisque particulière à l'individu. Cette faculté de l'esprit est si évidente qu'elle n'est pas le fruit d'un apprentissage, elle s'impose et se mêle aux sens et permet la rencontre entre ce que les sens peuvent fournir et les représentations purement intellectuelles. Par ailleurs, certains philosophes antiques ayant notifié le caractère indispensable de la raison dans l'apprentissage par les sens imaginèrent qu'un rayon spirituel sortait de nos yeux pour recueillir les informations auprès des choses. Cette conception métaphorique a cela de vrai qu'elle insiste sur

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