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Doit-On Réaliser Tous Ses Désirs?

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Par   •  5 Janvier 2012  •  1 403 Mots (6 Pages)  •  1 825 Vues

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Le désir est associé communément à un état de manque. Je désire ce que je n’ai pas et ne désire plus ce que j’obtiens. Le désir est également d’ordinaire attaché à la notion de plaisir. Je désire ce qui me plaît, ou me plaira. A l’inverse, je ne souhaite pas ce que je sais déplaisant. Satisfait et plaisant, le désir serait ainsi une source de bien-être dès lorsqu’il se réalise, ce qui laisserait à penser que la satisfaction de tous les désirs concourt au bonheur, ou tout du moins en est une condition. Cependant, l’objet désiré est parfois inaccessible. Faut-il alors dans ce cas continuer à désirer ce qui est voué à nous échapper ? Tout entêtement ne serait-il pas générateur d’une frustration profonde incompatible avec le sentiment de bien-être ? En outre, peut-on tout désirer, notamment sur le plan moral ? Ne faut-il pas s’astreindre dès la phase désirante pour s’éviter toute tentation préjudiciable par la suite ? L’ascèse n’est-elle pas plus représentative d’une humanité qu’une satisfaction débridée ? En d’autres termes, doit-on souhaiter satisfaire tous ses désirs ?

Le désir est une force qui nous anime en tendant notre attention vers quelqu’un ou quelque chose de déterminé. Le désir est ainsi le rapport entre un sujet et une partie du réel qui ne lui appartient pas ou avec laquelle il n’entretien aucune relation. Je désire en effet ce sur quoi je n’ai pas de prise. Mais le manque n’est pas suffisant pour faire d’un objet quelque chose de désirable pour moi. En effet, je ne désire pas tout ce que je n’ai pas. D’autres conditions sont nécessaires pour que naisse le désir. Je distinguerais dans un premier temps la connaissance. Je désire ce que je connais, ou crois connaître lorsque cette connaissance est imparfaite. L’illusion par exemple n’empêche pas de désirer. C’est seulement le désir satisfait, donc lorsqu’il n’est plus, que l’écart se constate entre ce qui était considéré comme connu et ce qui est effectif. Par contre, ce qui m’est totalement inconnu ne m’est pas désirable car ne s’y trouve pour moi aucun objet de désir. Deuxièmement, le plaisir est un moteur désirant. Je ne désire pas ce qui ne me plaît pas. Même si certaines formes de plaisir se confondent avec la douleur, touchant à l’intégrité physique, le sujet y trouve une source de satisfaction, s’agissant d’un bien-être de l’esprit nourri dans la souffrance corporelle.

Croyance ou connaissance, plaisir, manque, sont ainsi ce qui conditionnent le désir. La foi et la conviction sont aussi, dans une certaine mesure, participatives de la machine désirante. La foi au premier abord est une fin en soi. Il s’agit de croire en un Dieu, alors que le désir est une étape visant une finalité. Seulement la foi n’est peut-être pas totalement désintéressée dès lors que la piété abrite un intérêt personnel d’une importance capitale, soit de fuir l’angoisse de la mort avec la perspective d’une vie dans un au-delà. Je désire dans ce cas Dieu parce qu’il m’offre le salut. Les convictions fonctionnent de la même façon. Je désire ce dont je suis convaincu, sans le posséder car il s’agit d’une idée vers laquelle je tends, et ce désir entretient la conviction. Toujours est-il que qu’elle que soit la condition du désir, le sujet est partie prenante. Tout désir est une objectivation du subjectif, un engagement de soi vers le réel. Il y a ainsi une limite au désir, c’est-à-dire autrui, dont la considération influe sur le fait de souhaiter ou non satisfaire tous ses désirs.

Le respect de l’autre nous oblige à ne pas tout souhaiter le concernant dès lors que ce souhait est transformable en acte. Même si je désire sa mort, il n’est guère souhaitable d’y satisfaire. C’est ici qu’intervient la morale. Mais s’agissant du rapport de celle-ci avec le désir, il faut bien distinguer la pensée et l’acte. Le désir n’existe que sous une forme pensée, mêlant entendement et passion. Il n’est pas interdit de penser ce que l’on veut, de penser à des choses désirables même si celles-ci sont immorales. La morale est bafouée dès lors qu’il y passage à l’acte, mais dans ce cas le désir n’existe plus. Encore faut-il être en mesure de contenir sa pensée, soit de disposer d’une volonté suffisante pour ne pas agir selon un désir préjudiciable à autrui. Le désir sans volonté conduit à des agissements pulsionnels. Sans maîtrise de soi, c’est la passion qui domine, cette domination pouvant se traduire par des pulsions dommageables voire meurtrières. On ne doit pas souhaiter satisfaire tous ses désirs si l’on est incapable de se contenir. Le moi est ainsi une seconde borne aux aspirations de l’âme, pour la sauvegarde de l’autre, mais également pour soi.

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