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A quoi sert la philosophie?

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Par   •  8 Janvier 2014  •  2 370 Mots (10 Pages)  •  1 454 Vues

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Non seulement les sciences pures, celles de la nature, mais également les sciences de l’homme, ont montré leur importance par les applications qu’elles permettaient ; on pourrait difficilement les accuser de « ne servir à rien ». La philosophie, en revanche est souvent accusée de n’être qu’une spéculation stérile, d’autant plus qu’au lieu d’apporter des réponses elle se targue de pousser le plus loin possible un questionnement sans cesse reconduit, et on peut être amené à se demander « à quoi sert la philosophie ».

Mais la question peut se diviser en fonction de ce qu’on entend par cette expression : « servir à » peut recouvrir plusieurs aspects : avoir, par exemple, l’intention de se servir de quelqu’un n’est pas tout à fait la même chose que de considérer qu’il peut nous être utile.

On peut considérer uniquement la valeur instrumentale d’une discipline, comme on pourrait interroger, de façon scandaleuse l’utilisation possible d’un être humain.

On peut par ailleurs, se demander dans quelle mesure une discipline pourrait, tout en considérant ses propres fins, avoir une utilité pour un individu ou une société.

On pourra donc, dans un premier temps envisager une instrumentalisation de la philosophie pour des objectifs qui lui seraient étrangers, comme la quête d’un pouvoir personnel ou, à une plus grande échelle, l’élaboration et le maintien de structures coercitives.

Dans un second temps il faudra cependant examiner également ce qu’une pratique de la philosophie dans le respect de ses propres normes pourrait apporter à un individu : Pourrait-elle, par exemple, contribuer à sa recherche du bonheur, ou bien l’aider à réaliser certaines valeurs ?

La recherche de l’utilité ne se limite cependant pas aux seules préoccupations personnelles, et il faudrait également envisager dans quelle mesure il serait pertinent de parler d’un rôle de la philosophie dans le champ social.

En tant que discipline la philosophie peut être un technique efficace pour l’emporter dans un dialogue. Elle peut servir celui qui souhaite emporter l’adhésion ou déstabiliser un interlocuteur.

En effet la norme de sa progression est la logique, elle apprend donc, non seulement à construire un discours cohérent qui pourra résister aux attaques éventuelles, mais elle apprend également à repérer les contradictions dans le discours de quelqu’un d’autre. De même elle recherche ce que sont les choses, elle habitue donc à la précision, à ne considérer la mesure exacte où l’on accepte un terme, à ne pas confondre une réalité et une autre, il est alors plus aisé, pour celui qui l’inclut dans son éducation, de repérer les confusions ou les imprécisions.

L’ironie de Socrate se révèle à ce titre efficace. Lorsque Lachès, par exemple, dans le dialogue éponyme, réduit la vertu au simple fait de « ne jamais reculer », Socrate a peu de difficultés pour lui montrer combien la définition est insuffisante, combien la mention du particulier est impuissante à satisfaire une interrogation sur l’essence, et presque tous les interlocuteurs de Socrate, transposés « au milieu des airs », c’est à dire sommés d’énoncer ce que sont les choses, se retrouvent, comme Platon l’illustre dans Le Théétète « affolés et bredouillants » prêtant à rire à « tous ceux qui ont reçu une éducation contraire à celle des esclaves ».

Une ambition soucieuse de convaincre, de toujours l’emporter dans une confrontation langagière, peut donc se servir de la philosophie à cette fin, la considérer comme un outil efficace.

Cependant, en tant que discipline, la philosophie se soucie peu d’emporter l’adhésion, elle ne cherche pas l’assentiment des foules, ni la polémique, elle cherche la vérité dans le dialogue « de l’âme avec elle-même » comme le dit Socrate, ou dans la discussion. Mais alors, un interlocuteur philosophique n’est pas considéré comme un adversaire à abattre, mais comme quelqu’un qu’il faut élever à un niveau d’abstraction ou comme un humain susceptible de devenir, avec celui qui cherche, co-découvreur d’une vérité que chacun aurait difficilement pu trouver seul. C’est ainsi que, lorsqu’un sophiste en appelle à de nombreux témoignages, Socrate ne demande que la participation ou l’accord de l’intelligence qu’il a en face de lui.

D’ailleurs si l’objectif recherché est l’assentiment des foules, il existe un instrument plus adapté que la philosophie : la rhétorique, qui apprend à convaincre, mais qui enseigne aussi à séduire. C’est un instrument qui étudie également la précision des arguments, mais qui subordonne leur ordre à leur réception par l’auditoire. Contrairement à l’argumentation philosophique qui procède de façon logique, progresse du plus simple au plus complexe, la rhétorique apprend à écouter les mouvements d’une foule, à s’y adapter, à lui dire ce qu’elle veut entendre au moment où elle veut l’entendre, et dans l’ordre le plus susceptible de lui plaire, il s’agit d’un art plus que d’une discipline. Tel est l’instrument langagier du pouvoir que décrit Platon, celui de l’avocat par exemple, aussi rigoureux dans son argumentation que capable de jouer sur les sentiments sans oublier les « effets de manche » : « avec l’art de persuader, dit Calliclès, tu feras ton esclave du médecin, et, quand au fameux financier on s’apercevra que ce n’est pas pour lui qu’il amasse de l’argent, mais pour toi qui sais parler et persuader les foules. »

La philosophie peut donc être un outil de manipulation, mais ce n’est pas le meilleur.

Il est une pratique en revanche pour laquelle la philosophie peut constituer l’instrument privilégié.

Lorsqu’il s’agit, non plus d’enflammer ponctuellement une foule, mais d’imposer une autorité et de construire un pouvoir durable, alors la philosophie pourrait s’avérer d’un usage précieux.

En effet le politique peut vouloir s’appuyer sur une structure théorique cohérente, sur une réflexion établie, il peut vouloir articuler son discours autrement que sur le seul désir ou la seule haine qui sont les ressorts classiques de l’orateur, pour cela une philosophie peut être utilisée.

Ainsi le pouvoir Nazi, s’est servi, en les détournant, en isolant certains passages de leurs contextes, des propos de Nietzsche. « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort » était inscrit à l’entrée des camps

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