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Une néotoponymie entre fonctionnalisme et marketing territorial

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Par   •  18 Juin 2013  •  1 250 Mots (5 Pages)  •  1 137 Vues

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Une néotoponymie entre fonctionnalisme et marketing territorial.

30Dans le cadre des différentes politiques de développement menées par l’Etat depuis l’Indépendance, on a fait appel à une toponymie différenciée selon les époques pour désigner les ouvrages et les projets territoriaux. Mais on peut distinguer globalement deux types de toponymies :

311-Une toponymie fonctionnelle qui sert à distinguer des ouvrages et infrastructures de base. Il s’agit d’une toponymie muette se référant à un classement numérique comme celle affectée aux routes : routes nationales (RN1, RN2…), routes régionales (RR1…), routes provinciales (RP1…), ou bien faisant appel, pour les autoroutes, aux noms des grandes agglomérations urbaines en tant que points d’extrémité (Casablanca-Rabat, Casablanca-Marrakech, Rabat-Fès…). Cette toponymie correspond à une approche techniciste, menée depuis longtemps par les ingénieurs essentiellement des Ponts et Chaussées, préconisant la rationalité économique et la rigueur géométrique.

322- Une toponymie de marketing qui est mise au service du développement des territoires. Le Maroc a eu dernièrement recours, et dans plusieurs cas, à des dénominations sous forme de labels dont le but est de promouvoir les territoires et leurs productions en renforçant leur image de marque :

Dans le domaine touristique, l’exemple du plan Azur confirme le retour dans la majorité des dénominations des nouvelles stations balnéaires à des noms composites qui rassemblent des toponymes actuels avec des noms utilisés jadis dans l’histoire comme pour les stations de « Larache-Lixus », « El Jadida-Mazagan » et « Essaouira-Mogador ». Ce choix montre le souci de donner une dimension patrimoniale à ces sites en faisant appel à des noms se référant à la période coloniale ou à la période préislamique (phénicienne, romaine…), tout en cherchant à jouer la carte d’une toponymie accrocheuse et promotionnelle.

Dans le domaine des infrastructures de base, comme pour le cas du port international Tanger-Med, on choisi des toponymes novateurs. Le but est de véhiculer au travers de ce nom la dimension méditerranéenne à ce grand port international censé drainer les marchandises essentiellement en transit entre l’Europe, l’Asie et l’Amérique.

33Les deux cas examinés ci-dessus montrent, entre autres, la volonté des pouvoirs publics à travers la toponymie d’intégrer les territoires locaux dans le processus de la mondialisation, de la concurrence et de la compétitivité en vue d’attirer plus de touristes, de capitaux et d’entrepreneurs.

34La production de la toponymie territorialisante au Maroc ne relève pas d’un seul acteur, ni d’une référence unique, elle émane d’un processus de régulation socio-politique qui fait du territoire un enjeu de maîtrise, de domination, de recherche de légitimité politique et d’appropriation de l’espace. Ces processus de marquage des territoires sont parfois lents et suivent une démarche procédurale bien définie et établie comme c’est le cas pour nommer les communes, mais ils sont parfois rapides et spontanés comme c’est le cas pour commémorer un événement national ou pour rendre hommage à une grande personnalité ayant joué un rôle important pour la nation. Les toponymes choisis collent tantôt aux réalités territoriales et sont donc appropriés et utilisés largement, et tantôt ne correspondent pas aux réalités perçues ou vécues et finissent souvent par être de purs maquillages délaissés par une majorité d’habitants. Il arrive quelque fois que les autorités compétentes optent pour des toponymes alors que les populations optent pour d’autres; la municipalité de Marrakech a donné à un quartier du Nord-Ouest de la ville le nom de Hay Hassani (Quartier de Hassani), alors que la population continue à l’appeler Diour Massakine (Maisonnettes des Misérables) ; la municipalité de Sidi Bennour a appelé un quartier Derb Mekka (Quartier de la Mecque), tandis que la population le reconnaît sous le nom de Deb Jrane (le quartier des Grenouilles), toponyme qui en reflète l’état marécageux.

35Dans la production de la toponymie territorialisante, les acteurs ne sont point les mêmes, leur diversité dépend de l’importance des espaces à nommer, ainsi que de l’enjeu

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